Baroness - Red Album
Chronique
Baroness Red Album
Certains groupes ne font aucun effort. Là où un IMPALED annonce clairement la couleur (un artwork putride, une tracklist à se faire bannir dans 80 pays, laissez moi deviner .. du gore grind ?), d'autres comme ce BARONESS from Savannah, Georgia cultivent volontiers le mystère. Le nom déjà. BARONESS quézaco ? hum, un petit tour sur Wikipedia. Personnage de GI JOE donc, femme fatale servant comme officier dans l'organisation COBRA et lieutenant de Cobra Commander. Ah ! indice de taille. Si BARONESS bosse pour Cobra Commander de chez VS, vu les goûts de son patron, elle doit au moins taper dans le TXDM. La pochette psyché ? sûrement un clin d'œil à SOILENT GREEN, on ne me la fait pas à moi !
Evidemment, de brutal death il n'est point question ici, le groupe de John Baizley (sûrement un chaud lapin) étant plus sûrement à ranger dans la case stoner rock, si tant est qu'un groupe aussi particulier supporte la moindre tentative d'étiquetage. BARONESS partage avec BURST ce goût pour les ambiances feutrées, ces accalmies bienfaîtrices qui laissent vivre les instruments au gré de l'inspiration de musiciens plus portés sur la vibe que sur l'avoine. Première particularité, la présence épisodique des lignes de chant. L'album regorge de passages planants ou guitares et basse phagocytent l'espace sonore, tissant la trame d'un univers musical où se cotoîent fantômes des années 70 et effluves sudistes. On est donc assez loin des compos pied au plancher de HIGH ON FIRE et parfois plus proche du rythme cardiaque d'un JESU (même les gueulantes du chanteur évoquent Justin Broadrick), voire DEVIN TOWNSEND sur certains passages (celui, intimiste, de Terria, pas le forcené de SYL). L'album baigne dans une atmosphère électrique franchement hors normes qui voit cohabiter riffs stoner à la lourdeur imparable et passages en twin guitars à l'ancienne façon IRON MAIDEN première époque (celui de Paul Di Anno et de l'album éponyme). L' écoute des incroyables "The Birthing" et "Isak" donne le sentiment de tomber sur une pépite d'or du niveau d'un "Remember Tomorrow", au gré d'une fouille musicale qu'on n'imaginait pas aussi fructueuse. Revivre pareils instants de grâce, même par ricochet, fait le même effet que de recroiser une vieille connaissance perdue de vue depuis une décennie. Pas le temps d'évoquer les good old days que le groupe nous délivre avec "Wailing Wintry Wind" la fusion parfaite entre BURST et METALLICA, avant d' enchaîner avec un "Cockroach En Fleur" (Oscar du meilleur titre de morceau 2007) qui braconne sur les terres de MASTODON, histoire de citer un énième groupe de bras cassés !
D'une manière plus générale, l'album souffre d'une concentration de morceaux mythiques dans ses deux premiers tiers (pas mal de groupes s'en contenteraient) avant de s'essoufler un peu sur le final. BARONESS prend le parti de conclure son album rouge dans le calme là où d'autre l'achèvent dans une pluie de sang. Personnellement j'aurais apprécié un baroud d'honor valour pride un peu plus charal, à base de riffs bien gras et de double portion de pédale, mais on ne choisit pas toujours le menu, et le plat principal est si savoureux qu'on ne va pas la ramener au moment du dessert pour une malheureuse tarte mal décongelée. The Red Album s'achève logiquement comme il avait commencé, dans un faux calme rampant et ronronnant, laissant mourir une poignée d'accords restants dans un titre fleuve de plus de 12 minutes. Une légère fausse note qui ne corse en rien l'addition, cette galette constituant un morceau de choix au royaume du metal sous vide et de sorties aussi nombreuses que désespérément aseptisées.
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