Witchcraft - The Alchemist
Chronique
Witchcraft The Alchemist
Par bien des aspects,
« Legend » m’a bluffé. Parfait de bout en bout, porté par un chanteur en état de grâce, ce quatrième album de WITCHCRAFT touchait à l’essentiel : à la fois vecteur de puissance et d’émotions, il ne sacrifiait jamais le cœur des compos sur l’autel de la technique ou de la déférence. Pourtant, à l’origine, la formation de Magnus Pelander semblait n’avoir d’autre but que de payer son tribute à PENTAGRAM (le single « No Angel Or Demon », paru en 2002). Puis Lee Dorian s’en est mêlé et a signé le groupe sur son Label, Rise Above Records. Leur collaboration a engendré trois albums (l’éponyme en 2004, puis « Firewood » un an plus tard). Mais si les Suédois ont cédé aux sirènes de la grosse prod après avoir rejoint Nuclear Blast, il n’en n’a pas toujours été ainsi. Poussant jusqu’au bout la logique revival, WITCHCRAFT a très tôt opté pour des méthodes d’enregistrement proches de l’âge d’or auquel il se rattache.
Dès lors, « The Alchemist » sonne résolument rock, là où
« Legend » emprunte un virage hard rock bien plus prononcé. Les changements de line-up intervenus dans l’intervalle creusent l’écart entre deux skeuds séparés de cinq années, Magnus Pelander s’appuyant dès lors sur la section rythmique des TRUCKFIGHTERS pour se concentrer sur le chant. Dans la mesure où l’on n’attend pas d’un groupe qu’il décline à l’infini la même formule (même gagnante), la différence marquée entre ces deux derniers disques est une force ; surprenant de prime abord, « The Alchemist » change ses défauts en atouts, au fil des écoutes. La maîtrise incertaine des lignes de chant, la naïveté de certains adjuvants caractéristiques du genre (mellotron, pump organ) et le côté démo brut de décoffrage d’une « Hey Doctor » fragilisent « The Alchemist » autant qu’ils le renforcent. D’un côté, on sent bien que WITCHCRAFT maîtrise suffisamment son sujet pour se passer d’artifices comme le saxophone, qui phagocyte un peu le final de la plaisante « Remembered ». De l’autre, il faut bien avouer que mis bout à bout, tous ces éléments participent de la singularité de la chose, brassant généreusement stoner, folk et doom dans le même shaker. Difficile de résister au magnétisme du subjuguant Pelander, sa candeur faussement sucrée et ses paroles empreintes d’une délicieuse décadence. Magnus, c’est un peu le bonbon farce et attrapes qui t’arrache le palais après une pure mise en bouche. Les soli d’un autre âge, la gémellité de guitares acoustiques (divine idylle sur « Samaritan Burden », chemin perdu pour le paradis seventies) rouvrant des portes sur l’ancien temps, tout concourt à transformer « The Alchemist » en ballade intemporelle. Son title track surtout, pièce maîtresse d’un quart d’heure épousant la structure à tiroir d’une « Rime Of The Ancient Mariner ». Presque guilleret sur « Remembered », WITCHCRAFT s’adonne ensuite aux joies de la fausse piste, brisant net le tempo pour faire place à dame mélancolie, trainant servante malaise dans le sillage de sa robe automnale. L’effeuillage est de morte saison, la chair triste et le fond de verre vinasse mais on s’y abreuve tout de même jusqu'à l'ivresse, marquant la fin des réjouissances d’une dernière orgie où les illusions bercent ceux qui veulent bien s’y laisser prendre. Un dernier morceau de bravoure qui change la face du disque : d’agréable périple en contrée rock originel, « The Alchemist » vire alors au pèlerinage. Abandonnez bourdon, besace et Créanciale : où que la folie vous porte, elle a rarement été aussi douce.
Sometimes I wish that I was back in Babylon
Drinking wine with nostalgia
A blessed disease, I’d laugh at you with dementia
I can blow your mind
I can blow your mind … DONNEZ VOTRE AVIS
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