L’histoire de Kyuss, je vous l’ai déjà brièvement raconté lors de ma chronique de l’excellent
...And The Circus Leaves Town publiée en ces pages il y a déjà bientôt dix ans ! Du coup, je n’ai pas spécialement envie d’y revenir même si puisque l’on va aujourd’hui s’attarder sur le premier album des Californiens il serait de bon ton de pouvoir placer cette sortie dans le contexte de son époque. Aussi, que ceux qui connaissent leur sujet ne m’en tiennent pas rigueur, je vais essayer de faire au plus court...
Formé à Palm Desert à la fin des années 80, Kyuss évolue dans un premier temps sous le nom de Katzenjammer avant d'en changer une première fois en 1989. Baptisé alors Sons Of Kyuss en référence à une créature du célèbre jeu de rôle Dungeons & Dragons, le groupe sort l’année suivante un premier EP éponyme qui marquera au passage le seul enregistrement officiel de Chris Cockrell au sein de la formation. Remplacé dans la foulé par Nick Oliveri, ancien guitariste de Katzenjammer désormais à la basse, les Californiens en profitent pour raccourcir leur nouveau patronyme. S’en suit peu de temps après une signature sur Dali Records, sous-division du label indépendant Chameleon Records (Christian Death, L7, My Sister's Machine...) et la sortie le 23 septembre 1991 de
Wretch, premier album de Kyuss qui malheureusement ne va pas connaître un très grand succès.
Enregistré entre 1989 et 1991 aux Headway Studios et aux Master Control Recording Studios, on retrouve sur
Wretch plusieurs morceaux issus du EP
Sons Of Kyuss à commencer par "Black Widow" et "Deadly Kiss" proposés ici dans des versions en tout point identiques. Une décision pour le moins étrange lorsque l’on sait qu’à l’inverse "Love Has Passed Me By", "Katzenjammer" et "Isolation Desolation" (dont le titre a ici été raccourci) ont tous les trois été remaniés et réenregistrés pour l’occasion... Pour autant, on ne peut pas dire que cela ait une quelconque incidence sur le rendu de ce premier album même si en prêtant attentivement l’oreille on peut quand même percevoir quelques nuances en matière de production, notamment en terme de grain et de puissance.
Considéré à juste titre comme l’un des pères fondateurs du Stoner Rock, Kyuss n’a pas toujours été ce groupe aux inclinaisons psychédéliques exprimées avec tout le talent qu’on lui connait sur ses deux derniers albums que sont
Kyuss (Welcome To Sky Valley) et
...And The Circus Leaves Town. À ce titre,
Wretch constitue donc un bon rappel à l’ordre pour tout ceux qui auraient oublié que la musique des Californiens doit énormément au Punk et au Heavy Metal. Servi par une production abrasive et particulièrement marquée, en grande partie à cause de cette basse dominante ultra saturée et de ces guitares extrêmement corrosives, les onze compositions de ce premier album vont ainsi mettre en lumière l’éventail d’influences ayant marqué le jeune Joshua Homme qui du haut de ses seize piges signe ici (parfois avec l’aide de quelques uns de ses camarades) la quasi-totalité des titres de
Wretch (à l’exception de "Big Bikes" et "Stage III" tous les deux composés par Brant Bjork). Alors oui, on serait tous tenté d’évoquer Black Sabbath, évidemment… Sauf que non puisque de son propre aveu, monsieur Homme dira qu’à l’époque il ne connaissait pas grand chose de la formation de Birmingham...
De "[Beginning Of What's About To Happen] Hwy 74" à "Love Has Passed Me By" en passant par "Katzenjammer", "Deadly Kiss", "Isolation" ou "Big Bikes", on va ainsi retrouver chez Kyuss tout un tas de sonorités empruntées aux scènes Punk (cette dynamique, cette simplicité et ce côté particulièrement direct), Heavy Metal (ces solos, ce caractère ultra entrainant et parfois presque épique) et même Blues (surtout sur "Big Bikes"). Évidemment ce n’est pas le Kyuss sur lequel les gens vont préférer se pencher (l’histoire l’a bien montré) mais cette fougue, cette intensité et ce côté parfois un petit peu bancal et imparfait ne manquent pourtant pas de charmes. Difficile en tout cas de ne pas se laisser entrainer par l’énergie et la simplicité de titres tels que "Love Has Passed Me By", l’irrésistible "Katzenjammer" ou "Isolation". Impossible également de ne pas avoir les cheveux et la moustache qui poussent à l’écoute de "[Beginning Of What's About To Happen] Hwy 74", "Deadly Kiss", "The Law" ou "Big Bikes", titres où les influences Heavy Metal et Blues sautent littéralement aux oreilles...
En dépit de ce côté juvénile qui effectivement donne lieu à un premier album qui manque peut-être un petit peu d’homogénéité mais certainement pas d’authenticité ni d’allant, on va retrouver sur
Wretch une partie de ce qui fera plus tard le succès et l’identité de Kyuss à commencer bien évidemment par ces riffs sabbathiens servi ici à travers une atmosphère brûlante aux odeurs particulièrement prononcées d’huile de moteur, de gomme brûlée et de marijuana. Des titres tels que "Son Of A Bitch", "Black Widow", "The Law", "I’m Not" ou "Stage III" possèdent déjà tout ou presque du Kyuss à venir. De ces riffs gras et plombés à ce groove vicieux en passant par ces ambiances désertiques et tous ces paysages lunaires et grandioses qu’elles renvoient dans nos imaginaires, la qualité de ces solos capables de vous donner la chair de poule en passant bien évidemment par la voix incroyable et déjà bien en place de John Garcia, les fondations sont ici bel et bien posées. Certes,
Wretch manque encore de maturité et quelques séquences sont empruntes de ces petites maladresses que l’on trouve chez les groupes encore un peu verts et qui manquent d’expériences. Pour autant, difficile de ne pas succomber aux charmes de Kyuss dès ce premier tour de roue particulièrement convaincant quoi qu’en dise les ventes catastrophiques de l’époque.
Sans être d’une grande originalité, comme beaucoup d’entre ceux qui liront ces quelques lignes, mes albums préférés de Kyuss resteront à tout jamais
Kyuss (Welcome To Sky Valley) et surtout
…And The Circus Leaves Town avec lequel j’ai découvert la formation il y a déjà plus de vingt ans. Pour autant, même si je ne retrouve pas ici tout ce qui fait le charme de ces deux albums (ces guitares psychédéliques, cette personnalité plus affirmée, ces influences mieux digérées, ces morceaux tout simplement plus marquants), ce serait mentir de dire que je ne prends aucun plaisir à l’écoute de
Wretch qui à sa manière va offrir un autre visage de Kyuss, plus juvénile et fougueux, plus approximatif aussi mais également plus frontal et cela tout en ayant déjà pour lui l’essentiel ou presque de ce qui le définira quelques années plus tard. Bref, bien qu’en deçà de ces deux albums qui définiront l’imaginaire tout entier du Stoner Rock,
Wretch s’impose comme un incontournable du genre et surtout un disque rempli ras la gueule d’hymnes Rock’n’Roll déjà particulièrement bien ficelés.
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