J'ai longuement hésité avant d'écrire cette chronique pour THRASHOCORE. En effet, je pense que le deuxième album de KYUSS se doit de figurer dans le catalogue de notre webzine mais je ne suis pas certain d'avoir grand chose à ajouter à la pléthore de critiques dithyrambiques que tous les autres webzines musicaux lui ont déjà consacré. Je n'ai pas non plus besoin de vous raconter l'histoire du groupe, AxGxBx s'en étant déjà chargé dans sa chronique du non moins essentiel
...And The Circus Leaves Town.
Mais comme je ne suis pas là pour faire du tricot ni enfiler des perles, je vais moi aussi vous expliquer ce que représente cet opus, de mon point de vue et pourquoi vous devriez lui prêter une oreille.
Avant toute chose, sachez que je ne le considère nullement comme le disque fondateur du Stoner, ne serait-ce que parce que le genre est déjà bien présent dans
Spine Of God de MONSTER MAGNET sorti six mois plus tôt. A mon avis, le Stoner a été conjointement défini par plusieurs groupes du début des années 90 évoluant dans un même environnement musical et partageant des références communes. Si ce disque est exceptionnel, c'est parce qu'il met en lumière une sonorité unique et inédite dans un exercice de style très abouti et définit le genre que John Garcia n'aura de cesse de revendiquer par la suite, le
Desert Rock.
Il faut avoir du temps devant soi pour vraiment profiter de
Blue Sky For The Red Sun, car on n'apprécie vraiment le disque qu'en l'écoutant intégralement. C'est ainsi qu'on s'aperçoit que chacune des quatorze pistes est unique et qu'elles s'emboitent parfaitement dans une tracklist parfaitement construite. Cette tracklist, c'est un savant montage de chansons où la lourdeur de la rythmique le dispute à la chaleur, à la passion du chant de John Garcia ("Green Machine", "50 million Year Trip", "Freedom Run" , "Whrite") et de plages instrumentales plus aérées. Reprenant une recette qui a fait ses preuves chez BLACK SABBATH, les californiens cherchent à la fois à ménager la monture en évitant de l'assommer sous cinquante minutes de riff à fonds la caisse mais aussi à renforcer l'effet de blast des morceaux rentre-dedans en les temporisant avec du contenu plus léger. Les compos plutôt longues n'ont pas encore toutes le côté contemplatif que KYUSS adopte dans ses deux albums suivants. Au contraire, il y a une volonté presque Prog de ne pas rester focalisé sur un motif trop longtemps et de varier les expériences au sein même d'une chanson ("50 Million Year Trip" et "Freedom Run" par exemple).
Si je ne devais retenir qu'un morceau de l'album (et bien que le track by track soit tentant avec une tracklist si riche et variée), ce serait sans aucun doutes "Green Machine". C'est ma chanson fétiche, pour KYUSS, pour le Stoner voire pour le Rock. Grâce à son format, son groove et son énergie, c'est le morceau idéal pour baiser, se donner la patate, se réveiller ou se coucher. Une chanson qui me fait toujours vibrer malgré un nombre incalculable d'écoutes. Vibrer, vraiment. Dès l'intro, sur ce riff abrasif et le chant de Garcia me donnent des frissons de bonheur. En 3 minutes et 38 secondes, Josh Homme, John Garcia, Nick Olivieri et Brant Bjork en balancent plein les mirettes. Du gros gras de la basse à la volupté agressive du chant de John Garcia en passant par la batterie véloce et la guitare lumineuse, "Green Machine" est une chanson d'une redoutable efficacité et d'une agréable brièveté. Car certes, KYUSS est un groupe de jam qui s'exprime bien dans les longs délires musicaux, mais les brûlots suintant l'urgence que sont "Green Machine", "Hurricane", "One Inch Man" ou "Demon Cleaner" nous rappellent les racines Rock et Metal du quatuor.
Outre l'influence qu'il a pu avoir sur la scène Stoner et Rock Alternatif et son aura iconique chez les fans de Stoner,
Blues For The Red Sun est surtout un disque à écouter parce qu'il est formidable, méconnu et un peu intimidant. Quelles que soient les qualités des albums suivants de KYUSS, ainsi que les autres œuvres de Nick Olivieri, Josh Homme, Brant Bjork et John Garcia dans leurs formations ultérieures, ils ont atteint avec
Blues For The Red Sun une forme d'apogée musicale.
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