Fort d'un album prometteur sorti en 2010,
Human Concept, Offending revient à la charge cette année avec
Age Of Perversion, toujours sur le sympathique label américain Deepsend Records. À l'image d'une pochette similaire à celle du précédent opus, les Français n'ont pas changé. Ce
Age Of Perversion s'inscrit en effet dans la lignée de
Human Concept. Avec toutefois une évolution logique. Les membres du groupe, qui ont accueilli un nouveau guitariste en la personne de Manu (membre de Seth et d'Asmodée, formation de black metal dont ont fait partie le batteur Vincent et le gratteux Gropoil) pour remplacer Loïc Naud, ont grandi en tant que musiciens et maîtrisent davantage leur sujet. En résulte un opus plus homogène dans la qualité, plus varié, plus touffu et plus technique que le premier. Pour les malheureux n'ayant jamais posé une oreille sur celui-ci, sachez qu'Offending pratique un (brutal) death metal assez classique dans sa démarche mais bien au-dessus de la moyenne en terme de composition. Prenant ses bases dans le old-school en y insufflant une brutalité moderne, le quintette arrive à écrire des morceaux ayant chacun leur identité et qui, surtout, proposent à peu près tout ce qu'il y a de bon dans le DM. De la brutalité par le biais d'un jeu souvent effréné qui n'hésite pas à blaster (le début foudroyant de "Within This World" et son riff teinté de black ou la bourrine "Raped By Religion" n'auront pas de mal à vous le prouver), du groove grâce à des mid-tempos efficaces ou du rapide entraînant, de la technique avec une aisance instrumentale certaine, de l'ambiance par des ralentissements (les meilleurs exemples étant le titre éponyme et l'excellente outro instrumentale "Devotion" savamment orchestrée qui fait planer une ombre menaçante tout du long des quatre minutes et qui m'évoque à chaque fois Darth Vader) et de la mélodie, en particulier via de bons solos, plus nombreux qu'avant et dotés d'un meilleur feeling. Le tout étant bien sûr servi par pléthore de riffs inspirés régulièrement renouvelés et une production puissante et épaisse qui a le bon goût de ne pas sonner plastique comme la plupart des sorties actuelles du genre. Le son de batterie en est d'ailleurs un véritable modèle. S'il fallait comparer, on irait voir du côté de Deicide pour le côté evil musclé et le growl imposant de Jesus saupoudré de shrieks black, Morbid Angel pour le groove dark, Gorod pour certains passages technico-mélodico-grovy et Suffocation pour le gras brutal.
Que reprocher dès lors à Offending qui semble bien parti pour s'imposer durablement dans le paysage death national? Malgré une qualité de riff exemplaire, il manque encore aux Charentais ce petit quelque chose qui rendrait les compositions vraiment mémorables.
Age Of Perversion est blindé de passages intéressants mais trop peu souvent se dit-on que telle ou telle séquence vaut son pesant de cacahuètes. Autre chose, le groupe n'est jamais aussi performant que quand il bourre. Dès que les blast-beats sont de la partie, la musique d'Offending prend une tout autre dimension. Et le niveau retombe un peu quand la vitesse se fait plus modérée, comme sur "Religion Depravity", trop mollasson malgré le travail sur l'atmosphère et le solo adroit. On notera aussi quelques riffs plus génériques qui tirent le groupe vers le bas.
Des leviers d'optimisation qui me font dire qu'Offending n'a pas encore sorti son meilleur album. Si le quintette pouvait encore accentuer la brutalité de son propos comme il vient de le faire ici tout en conservant de la diversité et un riffing hors-pair, ça ne devrait pas tarder. En attendant, on se contentera fort bien de ce
Age Of Perversion recommandable sur bien des points tant il procure tout ce qui fait le charme du death metal. Il est souvent difficile de se montrer à la hauteur d'un premier essai convaincant mais les Français n'ont pas failli à la tâche. Ce deuxième full-length confirme ainsi tout le potentiel du combo pour l'asseoir définitivement comme l'une des formations les plus intéressantes du circuit death metal français. Un beau cadeau d'anniversaire pour un groupe qui fête cette année ces dix ans d'existence.
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