La fin de l'année approche et avec elle son lot de bilans sur les albums de l'année, les déceptions de l'année, les surprises de l'année etc... Et plus cette fin d'année approche et plus je me rends compte que j'ai finalement accumulé pas mal de retard vis à vis des sorties 2012. Bien que j'essaie de corriger le tir comme je peux, s'il y a bien une chronique que j'appréhendais c'est celle du deuxième album de Witchrist. En soit, l'exercice n'est déjà pas très évident mais quand en plus l'album en question vous laisse perplexe avec un sentiment particulièrement mitigé, difficile de trouver la motivation pour écrire quoi que ce soit. Mais bon, que voulez vous, il faut bien se lancer et puis après tout, je suis payé pour ça (comment ça ce n'est pas le cas?).
The Grand Tormentor est donc le deuxième album des néo-zélandais de Witchrist. Un album qui fait suite au très bon et pourtant difficile
Beheaded Ouroboros et surtout à un split avec Morbosidad qui, lui, annonçait en quelque sorte la couleur de ce qu'allait être ce nouvel album. Ainsi, après un passage par Invictus Productions, Witchrist c'est vu proposé une signature sur le label français Osmose. Une opportunité que le groupe ne pouvait refuser et qui devrait normalement leur permettre de jouir d'une plus grande reconnaissance (bien que ce soit probablement le cadet de leur souci).
Bref, perplexe et mitigé disais-je plus haut. Et en effet, je le suis face à ce deuxième album. Pourquoi? Parce que ce n'est pas tout à fait le Witchrist que j'attendais. Je m'en doutais pourtant après l'écoute des deux titres présents sur le split avec Morbosidad. Le groupe semblait alors avoir opéré un virage vers une musique moins exigeante, délaissant le côté profondément hermétique pour s'ouvrir vers des compositions légèrement plus accessibles (une certaine variété dans les rythmes, des riffs plus compréhensibles, une production moins étouffée...). Mais là, j'ai beau avoir écouté l'album en long, en large et en travers, rien n'y fait je n'arrive pas vraiment à me laisser embarquer par la musique des néo-zélandais. La recette n'ayant pas radicalement changé entre les deux albums, qu'est-ce qui peut bien faire que j'accroche moins à cet album? Et bien probablement le fait que Witchrist ait décidé d'opérer un virage vers des sonorités beaucoup plus lourdes, empruntant au Doom un certain trait de caractère que l'on pourrait définir comme l'aliénation par la répétition. Un côté répétitif et monolithique déjà présent chez les néo-zélandais mais que le groupe à décidé d'accentuer sur
The Grand Tormentor. L'album débute d'ailleurs avec un "Into The Arms Of Yama" plutôt révélateur puisque la première moitié du morceau (soit plus de quatre minutes) tourne autour du même pattern. Toutefois, Witchrist n'a pas non plus complètement virer sa cuti. Les passages lourds et rampants existent bel et bien et son même effectivement plus nombreux ("Meditation For Sacrifice" à 1:02 et 3:42, "Exile" à 1:22, "Beyond Darkness And Death" à 3:15, "The Tomb", "Funeral Lotus"...) mais ce n'est finalement pas le fond du problème. Non, pour moi,
The Grand Tormentor souffre trop souvent de la pauvreté de ses riffs. Des riffs simples et génériques qui à l'inverse de
Beheaded Ouroboros ou
Curses Of Annihilation se montrent trop souvent inoffensifs. Où sont passés cette violence, cette haine, cette noirceur, ce côté dominateur et malsain? Bien sur, quelqu'un qui découvrira Witchrist avec cet album aura du mal à comprendre pourquoi je lui reproche ces choses,
The Grand Tormentor n'étant pas un album facile ou la joie de vivre et l'allégresse prédominent. Mais ce n'est rien comparé aux précédentes réalisations du groupe. Et puis, ce changement de vocaliste n'aide pas beaucoup. Les growls de Void sont souvent poussifs, monotones et sans aucune nuance. On retrouve tout de même quelques passages rapides ("Wasteland Of Thataka", "Exile", "Cast Into Fire"...) rappelant tout de même qu'auparavant la frontière entre War Metal et Death Metal était plutôt mince chez Witchrist.
Un constat qui se veut donc plutôt sévère pour un album que je trouve décevant sans pour autant être mauvais. Je n'attendais juste pas de Witchrist qu'il perde autant de sa personnalité après un album comme
Beheaded Ouroboros. Avec un peu de recul, je me dis que
The Grand Tormentor n'est donc pas un mauvais album, mais tout simplement qu'il ne me convient que moyennement. On ne peut pas nier que Witchrist réussi une fois encore à créer des atmosphères toujours très étouffantes et surtout à jouer une musique vraiment diabolique, dénuée de toute humanité mais pour moi la sauce ne prend pas. Trop générique, et surtout pas suffisamment de bons riffs pour accrocher l'oreille comme il se doit.
The Grand Tormentor, ou la folie complètement vide. Dommage.
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