Dernier baroud d’honneur pour Witchrist qui avec
Vritra signe son ultime réalisation. Celle-ci vient à titre posthume mettre un point final à une carrière débutée en 2007 et marquée par de nombreuses sorties de qualité dont les excellents
Curses Of Annihilation et
Beheaded Ouroboros.
Ce dernier EP trois titres sorti le 28 janvier 2015 est également précédé à quelques jours près (24 janvier) par la sortie d’un split en compagnie des Canadiens d’Antediluvian sur lequel je reviendrai dès que j’aurai mis la main dessus. Deux sorties consécutives qui voient la présence d’un nouveau chanteur en la personne de KzR (Bölzer, Deathcult). De quoi exciter toute la petite population de l’underground Death Metal dont certains jugent Bölzer, qui ne doit pas vendre plus de 2000 ou 3000 copies (et encore, je vois probablement bien large) dans le monde, comme un groupe hype à l’origine de tous les malheurs de la scène (il n’y a qu’à voir l’affiche réalisée par César Valladares pour le concert de Ósserp et Bokluk qui a enflammé les réseaux sociaux)…
Une fois de plus, Witchrist a fait appel aux services de son guitariste Alexander L. Brown afin d’illustrer sa dernière œuvre. Rien de nouveau puisque derrière le coup de crayon talentueux et facilement identifiable du néo-zélandais, on retrouve deux éléments qui lui sont particulièrement chers et récurrents: un crâne et un serpent. Pour sa défense, difficile de faire autrement puisque
Vritra renvoie d’abord dans la religion védique puis dans l'hindouisme, au démon de la sécheresse, de la résistance et de l'inertie symbolisé par... un serpent (ou un dragon).
Le premier point positif de
Vritra est donc l’arrivée de KzR au chant pour remplacer un certain Void que j’avais trouvé trop linéaire sur le décevant
The Grand Tormentor. Loin des envolées hallucinées de Bölzer (à l’exception de "The Golden Ascent" en filigrane) ou celles plus alcoolisées de Deathcult ("The Drunkard In The Sky"), le grand rouquin aux multiples svastikas livre ici une prestation plus "classique" sur la base d’un growl plutôt arraché sur lequel vient de se greffer quelques variations bienvenues (cris malfaisants et abrasifs). Si je le préfère lorsqu’il chante dans les deux groups susnommés, sa prestation au sein de Witchrist ne souffre d’aucun défaut particulier et vient même corriger celui évoqué lors de ma chronique de
The Grand Tormentor à savoir un cruel manque de relief.
Quant au reste, c’est plutôt une bonne surprise là encore, surtout après un dernier album qui m’est plutôt passé à côté, notamment à cause de riffs souvent assez quelconques. Witchrist a donc bien redressé la barre, proposant ici trois titres relativement différents les uns des autres.
"Haruspex" : Ce titre s’ouvre sur une mélodie épique et particulièrement entêtante qu’aurait pu pondre un certain Bolt Thrower. Celle-ci est très vite secondée par un riff bien lourdingue reprenant naturellement le même motif. On sent que Witchrist n’est pas là pour amuser la galerie et cela s’entend à l’écoute de ce riff massif et conquérant faisant ici office d’introduction. Une introduction d’un peu plus d’une minute qui laisse sa place à une séquence bien plus appuyée où la batterie s’emballe au son de (semi) blasts aliénants, où les riffs abrasifs et répétitifs semblent vouloir nous arracher la peau et où le chant de KzR apporte ce qu’il faut de puissance, de profondeur et de relief. Cette longue séquence punitive (de 1:12 jusqu’à la toute fin à 4:22) est néanmoins entrecoupée par quelques breaks idéalement amenés afin de rompre avec ces assauts incessants et redondants (1:47, 2:38, 3:54).
"Transmuting Rituals" : Affichant seulement 1:44, "Transmuting Rituals" est le titre le plus court ainsi que le plus direct de
Vritra. Après une courte introduction d’à peine vingt secondes, Witchrist reprend sa séance de matraquage. Son Death Metal sombre et opaque, même lors de ces passages soutenus, conserve cette densité nauséabonde et étouffante qui le caractérise depuis ses débuts, notamment grâce à une production que je trouve plus étouffée. Si on perd évidemment en dynamique, je trouve que l’atmosphère y gagne en opacité, se faisant ainsi moins facile d’accès que sur
The Grand Tormentor. En guise de conclusion, on retrouve le même pattern utilisé une petite minute auparavant. La boucle est ainsi bouclée. Place à la suite.
"The Golden Ascent" : Ce dernier titre prend pour terminer le contre-pied d’"Haruspex" et de "Transmuting Rituals" en allant lorgner du côté de mid-tempo rampants et lancinants. Moins démonstratif que les deux titres précédents, celui-ci va donc jouer sur la lourdeur et la répétitivité des riffs pour instaurer une atmosphère pesante et toujours aussi redoutable dans ce qu’elle inspire, à savoir un sentiment de toute puissance implacable et conquérante. Le propos s’éclairci l’espace d’un instant lorsqu’à partir de 2:43 KzR s’embarque dans un de ces exercices vocaux préférés en posant en arrière-plan cette voix d’illuminée qu’on lui connait si bien.
Après la déconvenue qu’a été pour moi
The Grand Tormentor, j’espérais sincèrement que Witchrist puisse relever le niveau dans le but de mettre fin à sa carrière sur une note plus positive. Au-delà du split en lui-même que beaucoup d’entre nous regretterons, force est de constater que
Vritra se révèle une très bonne surprise bien que cela ne soit pas forcément immédiat. En effet, les premières écoutes pourront ne pas vous sembler des plus convaincantes alors qu’au final ces trois titres sont tous vraiment très bons à leurs manières. On aurait évidemment aimé en avoir un peu plus à se mettre sous la dent mais ces trois titres, ainsi que celui du split en compagnie d’Antediluvian, voient le retour du Witchrist fier et intransigeant qui nous avait tant marqué. RIP.
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