Chez Thrashocore, on est comme chez Cyril Hanouna : on se dit tout les beautés, les chéris, les choupinets, les mignons parce que le Black Metal, c'est que du... ?? (tous en chœur) Black Metal !! Sauf que nous, c'est pour de vrai...
Et ce qu'on peut dire, c'est que personne n'a été inspiré par le « Paracletus » de Deathspell Omega. Autant Sakrifiss a vite été emballé par la chronique de l'EP
« Drought » sorti cette année et Ikea s'est montré motivé à s'occuper des divers EP non-chroniqués du groupe, autant personne n'a vraiment été enclin à s'occuper du dernier album des poitevins. Vous l'aurez donc compris, c'est bibi qui s'y colle. Non pas que cela m'ennuie de m'attarder un peu sur ce groupe étendard du Black Français, c'est juste que même si on se doute -au vu de mes autres chroniques- que je suis très fan du groupe, cette ode au paraclet et plus largement à l'apocatastase n'est pas mon œuvre préférée du combo.
Curieuse manière que de commencer une chronique en dévaluant ainsi cette production, allez-vous me dire, mais vu qu'on se dit tout (les chéris, les beautés tout ça, tout ça...) je me dois de vous avouer que Deathspell Omega (DsO pour les intimes), même s'il évoque chez moi un grand respect n'a jamais réussi à atteindre parfaitement son but avec ce "Paracletus"... Si la période Black-traditionnelle du groupe est efficace sans être aussi monstrueuse que sa suite, leurs tentatives plus avant-gardistes sont constituées de vagues, alternant sommets du Black Metal 2.0
(« Drought », « Kênose »,
« Fas... ») et petites descentes de pression (« Si monumentum... », très bon mais un peu trop long à mon goût). Bon, ce sont des putains de vagues genre Tsunami, mais des vagues quand même, aussi massives soient-elles. Pour faire simple, ce que j’attends d'un bon Deathspell Omega, c'est qu'il soit sans aucune retenue, qu'il soit totalement fou et déstructuré, qu'il alterne lourdeur, rapidité et mélodies triturées dans tous les sens. Bref, les titres doivent donner l'impression d'un grand n'importe quoi pourtant totalement calculé.
Attention, ce n'est pas parce que je dis ça que je boude les sorties du groupe. C'est ainsi qu'en 2010, je me suis procuré « Paracletus » avec l'espoir secret d'avoir à faire à un
"Fas" pt.2 éveillant logiquement chez moi une grand curiosité (de toute manière, groupie ou pas, un nouveau disque des Français reste quand même un gros événement, en plus d'être un passage obligé de discussion à la pause-café-cigarette des blackeux modèles).
Comme d'habitude avec la troupe de Mikko, le travail visuel et conceptuel fourni est d'excellent niveau. Feuilleter le livret, lire les paroles et passer 15 ans à feuilleter sa Bible pour comprendre des idées, se pencher sur l'univers graphique du groupe est toujours un plaisir et il n'y avait pas de raison que ça change avec ce cinquième opus... En plus de ça, « Paracletus » représente la fin de l'ambitieuse trilogie (débutée avec
« Si monumentum requires, circumspice » et « Fas – Ite maledicti, in ignem aeternum »), il ne fallait donc pas se planter...
Malheureusement on ne peut pas dire que ce dernier axe soit réussi de bout en bout. Certes le savoir-faire DsO fait toujours son petit effet, comme en témoignent certains excellents titres tels que « Wings of Predation » et son entame ravageuse, « Dearth » et son petit départ groovy bien senti (enfin « groovy », je m'entends, ce n'est pas Jorge Ben Jor non plus...), "Abscission" et son break Emo tristounet ou encore l'excellentissime final « Apokatastasis Pantôn » qui se révèle être le meilleur titre du disque apportant une conclusion comme on aimerait en voir plus souvent. Malgré ces points forts et cette simili-abondance de bons moments, « Paracletus » reste une œuvre pour le moins inégale... Par rapport aux morceaux sus-nommés, les autres font un peu pâle figure... Ainsi « Malconfort » passe comme une lettre à la Poste mais ne se retient que peu et il en est de même pour d'autres titres tels que « Phosphene » ou « Devouring Famine ». La bande semble avoir mis un sérieux coup de frein à sa folie et c'est pour ma part le principal défaut du disque. Cette retenue et ce léger sentiment de pilotage automatique empêchent clairement l'auditeur d'être surpris ce qui forme un parti pris un tout petit peu décevant venant d'une formation de ce style (qui a toujours su nous surprendre). Ici, on pourrait presque dire que Deathspell Omega fait du Deathspell Omega...
Le manque de surprise accentue donc une certaine redondance qui fait un peu mal quand on écoute un groupe de ce genre. Les blasts asymétriques, les guitares distordues sont là de même que le phrasé si caractéristique du chant mais on ne peut pas effacer de notre esprit ce sentiment de déjà-vu. On se sent donc un poil frustré en imaginant ce que "Paracletus" aurait pu être s'il avait été couplé à la folie divine de
"Fas" ou à l'ambiance pétrifiante de
"Mass Grave Aesthetics"...
Bon, ne vous alarmez pas, « Paracletus » est une œuvre de qualité, que l'on écoute avec plaisir. La production est au poil (ce son de basse à décorner un bœuf par exemple), proposant des finesses bienvenues et le travail technique est très fourni et bien représenté par quelques accélérations titanesques). En résumé les chéris, « Paracletus » est un disque qui reste un essentiel de votre discographie (comme chaque sortie de DsO, me direz-vous) mais qui manque cruellement d'un « petit quelque chose », ce « petit quelque chose » étant l’accessoire ultime pour en faire un disque aussi grandiose que l'était
"Fas"... Et n'oubliez pas les beautés, le Black Metal, c'est que du... ? Black Metal !
Chronique retouchée depuis sa parution, parce qu'en comparaison à d'autres sorties du genre, "Paracletus" reste quand même dans le top du haut du panier. Et il a gagné un point et demi, aussi...Signé Fleshou qui - en vieillissant - devient aigri et se concentre sur ses groupes phares.
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