Dark Descent nous avait déjà fait le coup avec Toxaemia, Uncanny, Death Strike, Xenomorph ou encore Depravity. Mais début 2012, le label fait encore plus fort avec la réédition des trop peu connus et néanmoins excellents Timeghoul. Une réédition que j'attendais depuis longtemps tant les deux démos des Américains,
Tumultuous Travelings (1992) et
Panaramic Twilight (1994) m'avaient subjugué lors de leur découverte il y a quelques années. Les voilà désormais remasterisées et compilées sur un seul CD intitulé
1992 - 1994 Discography et présenté dans un très joli digipack old-school illustré par le talentueux Mark Riddick qui y va même de son petit commentaire de fan.
Alors c'est quoi Timeghoul? Une créature à la fois étrange et fascinante apparue dans le Missouri dès 1987 sous le nom de Doom's Lyre, ne prenant sa forme définitive qu'en 1991 à l'aube de la sortie de sa première démo,
Tumultuous Travelings. Et très vite, on comprend que Timeghoul n'est pas comme tout le monde. Car si sa musique prend sa source dans le death metal classique de l'époque, entre brutalité frontale américaine et ambiance sombre et mélodique plus typée finlandaise, la personnalité et l'originalité insufflées aux compositions par le maître à penser Jeff Hayden rendent Timeghoul clairement différent. Seule influence vraiment notable, Demilich, en particulier au niveau de l'ambiance "space", voire du chant parfois pas si éloigné de celui de Boman. Rien que ça fait de Timeghoul une formation à part.
Moi qui ne recherche pas l'originalité dans le death metal, qui la fuis presque, je dois dire qu'elle fait ici tout le charme du quatuor qui porte très bien son nom puisqu'il sonne en avance sur son temps. Par le biais de longs morceaux épiques, tumultueux et au travail harmonique complexe, le death metal de la Goule du Temps nous fait voyager des souterrains tortueux et poussiéreux de cryptes millénaires à l'immensité hypnotique du cosmos. Grâce aux thématiques de science-fiction également. Qui n'a jamais frissonné sur l'intro futuriste de "Occurence On Mimas" (
Transmission 82-09-4 from the imperial archeologist Beznan on the cadaver world Earth concerning data in the fossilized brain of the last human being), gigantesque pavé final de 10 minutes à l'ambiance post-apocalyptique on ne peut plus immersive? Tantôt très brutale ("Rain Wound" à 1'57, "Gutspawn" à 0'26) avec même un peu de blastouille ("Rain Wound" à 2'33, "The Siege" à 2'19, "Infinity Coda" (et son "refrain" au débit vocal rapide jouissif) à 1'15 et 5'19, plus souvent sur "Boiling In The Hourglass" et "Occurence On Mimas") voire de feeling grind (le début de "The Siege"), tantôt doomy à mort sur des riffs ultra pesants et des leads dark (l'ouverture de "Rain Wound" après le sample d'intro, "The Siege" à 1'56 et 2'28, "Gutspawn" à 1'08 et 4'00, "Infinity Coda" à 1'23, "Occurence On Mimas" au début ou à 4'25 et 8'00), parfois thrashy au niveau de la rythmique ("Rain Wound" à 2'13, "The Siege" à 2'05 en accéléré, "Boiling In The Hourglass" à 1'30, "Occurence On Mimas" à 2'50), assez technique à l'occasion (le démarrage de "Infinity Coda" puis à 4'50, "Boiling In The Hourglass" à 4'53, etc.) et des fois peu avare en mid-tempos grassouillets et groovy ("Rain Wound" à 2'58, "The Siege" à 1'42 et 4'59, début de "Boiling In The Hourglass"), la musique de Timeghoul ne se laisse pas facilement apprivoisée. La production sur les morceaux de
Tumultuous Travelings, assez crue, n'aide pas non plus puisqu'il est souvent difficile de discerner les riffs sur les passages rapides. Le son sur
Panaramic Twilight, sans être un modèle de clarté, se fait déjà plus propre. Mais une fois qu'on est bien rentré dedans, difficile d'en ressortir tant l'atmosphère étrange vous emporte.
La richesse des compositions rallonge en plus la longévité du disque (tout de même près de trois quarts d'heure pour seulement six pistes!) et on y revient toujours avec plaisir en découvrant des subtilités qu'on n'avait pas encore remarquées. C'est surtout le cas pour
Panaramic Twilight.
Tumultuous Travelings montrait déjà un groupe talentueux à forte personnalité mais c'est vraiment sur
Panaramic Twilight que Timeghoul prend ses distances, avec notamment un travail intéressant sur les harmonies puisque comme Jeff Hayden l'a toujours voulu, il y a désormais trois guitaristes au sein du combo américain, Mike Stevens laissant la place à Gordon Blodgett et T.J. Oldani, Hayden s'occupant lui aussi de la guitare en plus de la basse (Chad McNeely n'est plus là), du chant et des claviers (très discrets). À la batterie, Tony Holman reste fidèle au poste.
Panaramic Twilight marque ainsi l'apogée du style de Timeghoul avec des morceaux plus atmosphériques s'étirant encore davantage, tout en conservant une part conséquente de brutalité (blast-beats plus nombreux et mieux maîtrisés). On notera aussi l'utilisation plus fréquente de ces chants clairs "symphoniques" - qui prennent une tournure quasi religieuse sur "Boiling In The Hourglass" (0'46) - qu'on retrouvait déjà sur "Rain Wound" et qui donnent eux aussi un cachet original à la musique d'une formation décidément unique.
Timeghoul n'a pas vécu longtemps mais en l'espace de deux démos, il aura fait montre de bien plus de talent que la plupart des groupes dans toute leur discographie. L'ambiance sombre et cosmique de ce death metal tourmenté prend aux tripes et on se dit que c'est vraiment dommage que Timeghoul n'ait jamais été plus loin que le stade de la démo. Certes, ça n'a jamais été le meilleur groupe du monde et certains passages s'avèrent brouillons ou longuets mais Timeghoul avait clairement quelque chose en plus. Une vision personnelle du death metal enfin proposée aux oreilles de tous. Merci Dark Descent!
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