Cult of Fire - Triumvirát

J’adore la pochette de cet album ! Le visuel s’attaque pourtant à une thématique vue et revue mais l’approche est assez moderne et plus appliquée qu’à l’accoutumée. Il est surtout bien explicatif et laisse deviner que si ce groupe est occulte et satanique à souhait, il est aussi ouvert à la nouveauté. Et effectivement le résultat est assez loin de ce que les trois musiciens en présence ont proposé jusqu’à maintenant dans leurs autres formations. On retrouve ainsi le batteur et le guitariste live de MANIAC BUTCHER accompagnés du vocaliste de DARK STORM, des groupes qui sont plutôt réputés pour éviter toute concession dans leur trve sans fioriture.

CULT OF FIRE est bien plus surprenant, et à plusieurs titres sur ce premier album. Tout d’abord il faut saluer le niveau des compositions et de la production, très professionnels bien qu’il s’agisse à l’origine d’une autoproduction sortie à l’été 2012 en vinyl et reproposée en CD en novembre de la même année par Demonhood Productions. On comprend tout de suite avoir affaire à des tabasseurs expérimentés et le label norvégien est tout naturellement tombé sous leur charme. Il s’est empressé d’en faire ses nouveaux poulains, qu’il a décidé de présenter en comparaison à MASTER’S HAMMER et ROOT, comme s’il n’y avait que des Tchèques à rapprocher d’autres Tchèques ! Alors c’est vrai que des ressemblances sont à noter, mais CULT OF FIRE est beaucoup plus varié et bien plus complexe. Rien que pour le genre de black joué, on pourra parler de black atmosphérique, de black brutal, de black orthodoxe, de black mélodique ou encore de black désordonné et capricieux selon le titre ou même la partie du titre écouté. Toujours au service de la sublimation du Grand Maître des Ténèbres, le groupe cumule les parties marquantes en faisant appel à une batterie virevoltante et à une nervosité évoquant les meilleurs moments de 1349 (« Zavet Svetu »), à des mélodies saupoudrées de claviers à l’esprit des 90’s comme MEDO les a aussi récemment remis au goût du jour (« Sluvohe Vecnoho »), ou encore à de longues envolées instrumentales presque déstructurées à la BLUT AUS NORD (« Cerna Aura »)... Il sait manier et jouer avec les ambiances et n’hésite pas à intégrer des samples pour rajouter de la tension (bruits de chaînes sur « Z Jicnu Propasti », cris de douleur sur « Navrat Zarneho Zia »). On se retrouve tour à tour face à du black d’inspiration norvégienne, finlandaise, ou même allemande.

Et ces mélanges ont l’avantage d’être faits avec un naturel déconcertant. Déjà extrèmement mature, ce premier essai n’a aucun moment ennuyeux durant sa petite heure de jeu qui passe trop vite et aucune impression de « trop » n’est à déplorer. Les variations continues annihilent tout risque de lassitude et chaque écoute donne au contraire envie d’aller allumer un cierge en l’honneur des forces obscures. Ces 9 titres sont recommandés à ceux qui aiment le black énergique qui ne tourne pas en rond et ne se la joue pas « total evil », mais parvient à ajouter toutes sortes de mélodies / bribes de clavier tout en restant crédible dans son trip occulte, douloureux et légèrement mélancolique. Un album très entrainant sans être joyeux, un diamant noir en quelque sorte.

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