Brume d'Automne - Brume d'Automne
Chronique
Brume d'Automne Brume d'Automne
2005, BRUME D’AUTOMNE sort son premier album, un Fiers et Victorieux qui restera dans les annales comme l’un des premiers opus de BM québécois heureux de l’être et ayant envie de le faire savoir. Il ouvrira la porte à une belle scène dont on cite souvent FORTERESSE, SOMBRES FORÊTS, GRIS ou encore UR FALC’H. Hurlant en français des textes vantant un passé perdu, ces « artisans » pionniers qui ne maîtrisaient pas encore très bien le participe passé dans leur livret ont été parmi les premiers à mettre en avant leurs origines, se déclarant « produit du Québec » « dédié à tous les patriotes » et avec des textes « écrits par (leurs) chères femmes ». J’avoue que cette approche avait son charme mais j’avoue aussi que musicalement c’était moins gai. Rien n’était encore assez maitrisé et on sentait l’amateurisme et l’immaturité dans leurs compositions. Ils faisaient l’effort d’ajouter par moment des instruments folkloriques tels « des flûtes irlandaises, un fifre, une cuillère de bois, et des pieds (!!!)», mais voilà, ils le faisaient avec autant de talent que moi à la flûte à bec au collège ! C’était laid, et carrément choquant sur le premier titre « La Mort d’un Patriote ». Sincèrement, j’ai rarement entendu quelque chose d’aussi mal joué !!! Les trois titres intitulés « Traditionnelle » contribuaient aussi à ce qu’on doute de leur bonne ouie ! Mais l’esprit était tout de même là et il y avait peut-être le principal : l’intention !
La sortie d’un nouvel album m’a permis de replonger dans ce premier album et je me suis rendu compte que les morceaux sans apports folk n’étaient pas aussi mauvais que dans mon souvenir. Leur metal noir était brouillon et sans grand intérêt seulement. Rien donc qui ne me donnait envie de me procurer ce deuxième album si ce n’est la curiosité. Il fallait que je sache s’ils avaient fait des progrès au bout de 7 ans de quasi-silence. En avaient-ils profité pour s’entraîner à taper du pied, à claquer des doigts, à grincer des dents et à faire tinter leur pissette ? Et bien, pas du tout, ils avaient au contraire décidé de limiter les fanfaronnades et de ne garder que quelques apports timides ça et là de claviers ou de flûtes. Les « Traditionnelles » sont de retour mais elles non plus ne font pas dans le Piou-piou Zoin-zoin. Le « V » est carrément un titre avec des poils de heavy, loin du premier album. Non, mais ce qui n’a pas changé c’est qu’ils continuent de hurler pour leur chère patrie avec des vocaux relativement audibles. D’ailleurs, afin que l’on n’ait pas l’impression qu’ils ont abandonné leurs intentions et idées politiques, ils ont mis en sample à la fin de l’album la célèbre phrase de René Lévesque, ce « Si je vous ai bien compris... vous êtes en train de me dire... à la prochaine fois » prononcé en 1980 lorsque le référendum sur la possibilité de devenir un Etat souverain s’est soldé par un « non ».
Musicalement, ils ont atténué mais conservé leur côté sale et vilain tout en ajoutant des mélodies crues, preuve d’une plus grande maturité. Il en résulte des ambiances « terroir » qui rejoignent celles qui secouent l’Hexagone depuis quelques années, représentées par PESTE NOIRE, SALE FREUX et AUTARCIE. Le même côté « alcoolo nostalgique qui se demande ce qu’il fout dans le monde actuel » se retrouve et c’est foutrement bon à chaque titre ! « Le Lieu de la Vengeance » déploie l’énergie du désespéré dans des rythmes emballés et emballants qui ne freinent jamais, « Tels des Béliers » bénéficie de riffs marquants, surtout sur le final, excellent et « Moé j’me souviens » est plus sadique, très bien construit, mêlant des riffs entrainants à des passages plus lents et créant une atmosphère torturée jouissive. « L’esprit du courant » contient de rares instruments traditionnels, employés intelligement et de façon addictive et « Quand les Corbeaux Crient leur Haine » vient clôre l’album. Il débute par des cavalcades maladives, est ensuite coupé par notre amoureux du biberon alcoolisé qui se met à entonner une trentaine de secondes un air traditionnel avec des « lolélolélalélé » qui empestent de son haleine de clodo, puis la musique revient, puissante, pour nous accompagner jusqu’au terme de l’album de 40 minutes.
Il y a ainsi quelque chose de particulier à chaque morceau et chaque écoute permet de le découvrir. Aucune lassitude n’est à signaler au fil des écoutes, et il est donc évident que je peux me réconcilier avec BRUME D’AUTOMNE. Je ne peux lui reprocher que d’avoir un peu trop pioché musicalement dans notre scène, mais puisque j’aime le style, m’en plaindrais-je vraiment ?
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