Heaven Shall Burn n'avait jamais fait une pause aussi conséquente entre deux albums, trois ans déjà (à un mois près) qu’
Invictus fut dévoilé. Un mal pour un bien ? Les Teutons n’ont pourtant pas disparu, retournant entre autre complètement le « Main Stage » du Hellfest l’année dernière. Les géniteurs du metalcore européen reviennent ainsi avec un septième opus,
Veto. La galette sera enregistrée à l’habituel Rape Of Harmonies par les deux guitaristes, Tue Madsen (« monsieur son pachydermique ») s’occupera une nouvelle fois du mixage et mastering. Une peinture magnifique de Jonh Collier (1898) représentant Dame Godiva servira d’artwork (une classe certaine). Selon la légende, l’épouse du comte Léofric (968-1057) monta à cheval nue dans la rue afin de convaincre son mari de diminuer les taxes des habitants de Coventry. Heaven Shall Burn reste fidèle à ses convictions.
Depuis le redoutable 38 tonnes
Deaf To Our Prayers, Heaven Shall Burn (HSB) aura usé jusqu’au bout sa recette metalcore/death sans l’impact ni la saveur qu’on lui connait, sorte de générateur de titres « fast-food ». Deux albums suivants fort sympathiques mais qui n’auront donc pas laissé un souvenir impérissable ni de réels « hits ». On ne retiendra évidemment pas les expérimentations électro/dance (« what the fuck ? ») sur
Invictus, le groupe ne réitérera heureusement pas ce coup de folie. HSB vient de la grisaille et du froid de la Thuringe... Pourtant ce
Veto regorge de mélodies chaudes (à écouter en short) aux réminiscences metalcore US (« Fallen » transpire le Killswitch Engage/All That Remains/Unearth…) sans oublier son penchant death mélodique suédois : l’imparable « Godiva », « Hunters Will Be Hunted » (l’intro aux faux airs d’un « The Quiet Place » d’In Flames), « Like Gods Among Mortal » (balance équilibrée entre mélodies et mandales sonores), « 53 Nations » ou le touchant « Beyond Redemption ». Jamais le groupe n’avait produit en sept albums (et splits) autant de titres aguicheurs et cela sans tomber dans le mielleux fétide (qui a dit Caliban ?). Des titres qui ne seront pas aussi mémorables que sur
Antigone ou
Deaf To Our Prayers mais procureront une piqure de nostalgie de l’apogée du « metalcore » avant son déclin (post-2004).
Afin d’enfoncer le clou « mélodique », après l’énorme « Black Tears » d’Edge Of Sanity (qui aura eu droit à son clip vidéo et à une présence sur la set-list de leurs concerts), HSB expose sa seizième (!!!) reprise. Sans surprise le résultat est bluffant. Place à « Valhalla » de Blind Guardian (issu de
Follow The Blind et réenregistré tout récemment sur la compilation
Memories Of A Time To Come) des plus jouissives à chanter cheveux au vent et les sourcils froncés. Epaulé par Hans Jürgen Kürsch « himself » et un modeste solo qu’André Olbrich n’aurait pas renié. Chapeau bas.
Malgré tout les Teutons n’oublient pas leur aspect musclé, la death metal « You Will Be Godless » (une intro à vous annihiler la fosse) ou la thrashcore velue « Antagonized » au front mais encore les nombreux passages parsemés. Le chant de Marcus (paraissant moins monocorde ici) arrivera de nouveau à convaincre son auditoire par un coffre toujours aussi impressionnant (« You Will Be Godless » !) et quelques hurlements frissonnants (« Beyond Redemption » à la limite du screamo) sur une thématique engagée (leitmotiv depuis 1996). Et rassurez-vous, aucun chant clair vilain. Reste que le titre d’ouverture « Godiva » laissait espérer un album entier du même calibre, il faudra malheureusement attendre la conclusion poignante « Beyond Redemption » pour atteindre ce niveau. La bande devrait suivre cette voie « émotive » plutôt qu’un metalcore formaté efficaces certes mais qui sera très vite oublié. Des « bons » morceaux encore « fond de tiroir » (« Land of the Upright Ones », « Die Stürme rufen Dich », « Fallen »…) et des riffs trop maintes fois entendus.
Heaven Shall Burn signe avec
Veto son album le plus mélodique (à ce jour) sans effacer pour autant ses aspects « virils » ou tomber dans le FM. Leur metalcore hybride gagne en subtilité et permet à l’auditeur d’enfin bien pouvoir différencier les titres grâce à des compositions moins étouffantes ainsi qu’un lot conséquent de riffs accrocheurs. De facto certains titres arrivent réellement à se démarquer (contrairement à
Iconoclast ou
Invictus) mais sans atteindre un statut de « hit » pour autant.
Veto ne révolutionnera en rien un style éteint mais se laisse écouter sans broncher et promet quelques dégâts importants en live. Suffisant au demeurant.
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