Ma fidélité au groupe depuis la découverte d’
Antigone en 2004 (merci Century Media) n’a pas encore failli. Tout à son honneur, Heaven Shall Burn fait partie des seuls rescapés du metalcore européen (plus précisément allemand, terreau du style sur le vieux continent) qui n’aura jamais osé l’immondice du refrain FM (Caliban) et aura survécu à l’essoufflement du genre (feu Maroon). Déjà sept (!) albums et les plus gros festivals retournés chaque année (Hellfest en juin dernier). Plutôt curieux d’entendre ce nouvel opus, trois ans et demi après un
Veto parfaitement calibré dans l’accroche (dont on ne retiendra finalement pas grand-chose) et qui redonnera le sourire suite au médiocre
Invictus. Mais pour cette nouvelle cuvée la routine se brise pour les adeptes de la première heure puisque la bande de Thuringe se sépare de son batteur fondateur Matthias Voigt (17 années de bons et loyaux services), remplacé par Christian Bass, musicien au CV plutôt fourni (ex-Der Weg einer Freiheit, ex-Night In Gales, ex-Deadsoil).
L’apaisante et étonnante pochette de
Wanderer pouvait laisser présager d’une musique plus atmosphérique ou alors progressive mais vous êtes habitués depuis le temps, aucun bouleversement dans le style hybride direct (metalcore et death metal) et les paroles engagées de Heaven Shall Burn. Le groupe continue sur la voie (très) mélodique de
Veto (le plus facile d’accès à ce jour) et ne tombera toujours pas dans le mièvre horripilant. Ouf. On retrouvera même la fibre du milieu des années 2000 voire carrément du metalcore US à écouter en short/havaianas (« Passage Of The Crane » et « A River Of Crimson » exposant au mieux ces deux contrastes). Pas étonnant que le groupe ait ainsi invité l’ex-guitariste d’As I Lay Dying Nick Hipa sur « Save Me ». Malheureusement après plusieurs écoutes les compositions paraîtront nettement moins inspirées et accrocheuses que sur son prédécesseur. Malgré tout la première moitié de galette demeure sympathique, je retiens « Bring The War Home » (leads de fin titilleurs) ou le premier extrait dévoilé « Downshifter » et son refrain efficace… Puis l’auditeur commencera à piquer du nez. « Save Me » qui démarre de façon assez épique ou les bribes intéressantes de riffs sur « A River Of Crimson » ne suffiront pas.
Pour autant Heaven Shall Burn ne renie pas ses premiers amours velus, la bande possède toujours son socle extrême paré pour déchaîner la fosse. Gros écart ainsi avec les invités de prestige tel que Frank Blackfire (ex-Kreator, ex-Sodom) sur la reprise du cultissime « Agent Orange » mais aussi Corpsegrinder (oui vous avez bien lu !) sur le fond de tiroir « Prey To God » (bien vide, quel gâchis…). Sauf que l’impact qu’on connait de la bande (je vous laisse ressortir
Deaf To Our Prayers) n’y est pas, trop gentillet et caressant dans le sens du poil, les modulations de Marcus(le job est fait comme à son habitude) et les grognements du père cannibale Georges dans le lot. La coutumière production outrancière (encore plus compressée cette fois) sous stéroïdes (toujours épaulé du fidèle Tue Madsen pour le mixage) n’y changera rien. Mélodique mais pas assez, violent mais pas trop… Quoi donc pour se sustenter ? Les maigres arrangements électro ou au piano de côté, les Allemands oseront ici une reprise de My Dying Bride. Sept minutes pour le morceau final « The Cry Of Mankind » accompagné du chant clair de Aðalbjörn Tryggvason (Sólstafir). Un léger vent de fraîcheur mais trop maigre et trop tard pour relever le tout. A l’instar de
Veto (ah Blind Guardian !), ce seront tristement les « covers » que l’on retiendra le plus…
Heaven Shall Burn suit la direction mélodique de
Veto mais dans une version à l’efficience et au travail de composition amoindris. La force de frappe antérieure un gros cran dessous, l’album aura bien du mal à capter toute notre attention, particulièrement la seconde moitié de la galette. Le groupe connait bien sa recette et délivre le strict minimum dans un « package » attirant, en « live » le résultat devrait néanmoins être différent mais l’écoute au casque restera elle plutôt monotone…. Trop inégal et lisse,
Wanderer demeure l’un des moins bons albums de leur longue discographie. Vous pouvez retourner à leur époque pré-
Deaf To Our Prayers (inclus évidemment).
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