Insain - Spiritual Rebirth

Sur Thrashocore nous essayons, à l’instar de RFM, de vous offrir le meilleur de la musique. Et en tant que webzine auto-étiqueté ‘’brutal’’ le death metal fait évidemment partie des styles que nous tentons de couvrir au mieux, l’exhaustivité en la matière étant bien évidemment impossible. Comment alors avons-nous pu passer sous silence aussi longtemps l’un des tout meilleurs albums de brutal death français depuis « The Hellenic Terror » ? Je n’en sais foutre rien mais profitons donc de sa réédition récente au format digipack chez Kaotoxin Records (en seulement 100 exemplaires, dépêchez-vous !) pour nous pencher sur ce « Spiritual Rebirth », premier album d’Insain.

Sorti tout d’abord en 2010 en autoproduction, soit trois ans après la formation du groupe, la galette frappe d’emblée par sa maturité. Il faut dire que les cinq gus n’en sont pas pour autant à leur coup d’essai puisque l’on retrouve notamment ici Jonathan alias Sangli derrière les fûts (ex-Disaster officiant sur le parpaing « The Battle Escalates ») et David (ex-Repudiate et ex-Dawn Of Decline) à la gratte, les autres membres ayant officié dans des formations plus obscures. En tout cas le moins que l’on puisse dire c’est que pour une autoproduction le son ici risque de réduire en lambeau ce qui vous restait de tympan. Autoproduction n’étant pas synonyme de cave à mémé Gisèle, la batterie et les guitares ont été enregistrées au LB Lab de Stéphane Buriez et le tout a été masterisé au Hertz Studio par les frères Wiesławski (Vader, Behemoth, Decapitated, Azarath, Hate…). Le résultat est aussi massif qu’un 38 tonnes lancé à toutes berzingues qui vous arriverait en pleine poire ! Maturité disais-je donc car on est également frappé par la qualité d’exécution du bousin et l’on ne peut qu’être impressionné à tous les compartiments. Nos deux gratteux brilleront ainsi par leur aisance à expédier des riffs où la brutalité le dispute au groove et sans tomber dans un excès de technique stérile. Pas de solo ici en revanche mais la science du riff est telle que, aussi gras et denses soient-ils, ils demeurent parfaitement mémorisables car possédant ce petit soupçon de mélodie qui s’imprime rapidement dans votre cervelle (« Inquisitor », « Prophet »…). Pour ce qui est de la mélodie on en restera là et c’est bien suffisant, ne comptez pas en tout cas sur Louis pour en apporter davantage, son growl excessivement puissant tout en restant compréhensible (avec les paroles sous les yeux) s'acharnant plutôt à appuyer là où ça fait mal. Quelques pig squeals à la Benighted viendront enrichir la palette du frontman heureusement avec parcimonie, le bon vieux growl restant la dominante ici. Enfin, un album de brutal death ne serait rien sans un batteur digne de ce nom ! Aucune inquiétude à ce sujet puisque Sangli viendra sans pitié labourer vos cages à miel avec une application toute louable. Particulièrement intense, non avare en blasts, tchouka-tchouka et tapissant l’espace sonore de double pédale à foison, son jeu sera le point d’orgue d’un album affichant crânement une brutalité peut-être pas à outrance mais sacrément efficiente. Les parisiens réussiront donc avec leur tambouille à nous faire évoquer aussi bien Cannibal Corpse (« Corpse Before Death » à 2’23), que Suffocation (« Inquisitor » à 2’00) ou encore Deeds Of Flesh (le début de « Worthless » et ses dissonances).

Parvenant à la fois à sonner moderne, sans tomber dans les écueils type saccades ou autres mosh parts et tout en préservant une approche résolument old-school, Insain parvient ici à accoucher d’un album remarquable ne souffrant d’aucun temps mort. Brutal sans être rebutant, monolithique sans être indigeste, « Spiritual Rebirth » est parmi ce qui s’est fait de mieux dans le style depuis belle lurette. Au moment où j’écris ces lignes et où je me réécoute ce monstre je n’ai qu’une idée en tête : que les bougres sortent du studio afin de découvrir son successeur, car s’il est ne serait-ce qu’aussi bon que celui-ci ça risque à nouveau de trembler ferme dans les chaumières !

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