Psycroptic - The Scepter of the Ancients
Chronique
Psycroptic The Scepter of the Ancients
Il y a peu de temps de cela, j’ai décidé de m’éloigner un moment des eaux troubles et épaisses du Black et Doom metal, pour mieux retourner dans les cachots infestés de vermines du Death. J’y ai trouvé mieux qu’un prisonnier à la face purulente rongée par les asticots, beaucoup mieux. Au fond d’un creux obscur et humide, brillait devant moi le sceptre des Anciens.
Oui, en effet. En parcourant la base de donnée d’un célèbre site catalogue consacré à la variété française et à Calojira, je tombais sur un album à l’artwork qui me transcende de part son originalité: un sorcier à la barbe blanche et drue, sorte de subtile fusion entre Alan Moore et Gandalf, semble réveiller (ou chasser ?) une horde de démons tapie dans une forêt sans lune … un artwork somme toute peu classique, atypique pour une formation metal: un vieil homme maîtrisant la magie effectuant un sort de zone contre une joyeuse bande de petits murlocs ... c’est du jamais vu, heureusement que mon séant reposait alors sur une chaise faite du meilleur bois d’ IKEA, bordel …
Fin du troll.
Car c’est un fait, en se basant seulement sur cette première impression esthétique, on peut légitimement se dire qu’on va avoir droit au plat de habituel, servi par une énième formation de Brutal Death … C’est sans trop d’espoir donc, que je me lance dans l’écoute de l’histoire de Gandalf sous acide perdu en Forêt Noire après un festival de trance trop peu sage. Suivant le conseil BandCamp, je commence par la piste trois - 'Lacertine Forest'. Très vite, ma nuque devient aussi entrelacée que la forêt du morceau. J'étais pas prêt, ça m'apprendra à médire d’après les apparences tiens. Psycroptic nous sert là tout simplement un des meilleurs morceaux de Brutal Death jamais réalisé: c’est carré, parfaitement découpé, groovy; bref, dévastateur. Difficile de ne pas headbanger jusqu'au torticolis tout au long de cette piste, tant chaque passage se trouve être parfaitement exécutés; mention spéciale à Dave Haley à la batterie, œuvrant derrière ses fûts comme le digne enfant du démon qu’il est ! Blast beat des familles et break out au rendez-vous, très bien soutenus par la production d’Unique Leader Records (je signal au passage que je n’ai jamais vu le groupe en live pour juger de sa performance hors studio).
Autre très gros point fort de cet album, la voix de la formation australienne, non pas celle de Tina Arena (c'est pas le Hit Machine), mais celle reconnaissable entre mille de Matthew “Chalky” Chalk, qui en plus de parfaitement alterner les phases de growl et les phases plus criardes (mais pas core !), se paye le luxe d'être carrément comique, et cela dans le bon sens du terme ! C’est ainsi que ce bon vieux Chalky s’amusera à nous imiter parfois ce qui se rapproche certainement le plus du son que produirait une ghoule émasculée (hum m’ voyez ?). C’est aussi de sa plume que viennent les textes du groupe : on y trouve d’abord les thèmes classiques du Death qui ne parlent pas que de zombies et de chambres de tortures, initiés par le grand Schuldiner: la lutte pour son individualité face aux grands modèles que la société cherche à imposer, traduit par exemple dans la fierté d'être metalleux dans la chanson 'Psycrology' - qui délivre soit dit en passant une surprenante ligne mélodique à la guitare au début, avant d’entamer un des meilleurs riffs de l’album; l'inéluctabilité de la mort, mais aussi des textes de sciences-fiction plus personnels, sortis tout droit de l’imagination de Chalky. Ainsi, la dernière piste (la plus longue d’un album assez court) - 'The Scepter of Jaar-Gilon' - évoque un distant groupement de planètes, contrôlé par un homme du nom de Jaar-Gilon, et dont le sceptre décide de ce qui vit ou meurt; 'Lacertine Forest' encore, permet au chanteur de parler de la “présence indubitable” qu’ évoquait déjà Atheist, mais dans une version reptilienne pour Psycroptic (le chanteur étant familier avec les théories de l’ufologie).
Qu’on se le dise donc, les Australiens signent avec The Sceptor of the Ancients un des meilleurs albums de Death Brutal et technique des années 2000. Certains fan n’hésitent pas à le considérer comme un pionnier du genre, un classique à ranger au coté des autres grands du nom à l’instar de Cynic, Spawn Of Possession et même Atheist, au moins pour l’originalité des thèmes abordés et le coté ultra technique sans pour autant oublier de jouer catchy. C’est aussi dans cette singularité que réside un autre point fort du groupe : l’émotion, l’engagement des membres est palpable à chaque morceaux, il ne s’agit jamais d’imiter tel ou tel groupe; mais bien toujours de jouer avec ses tripes, laisser libre cours à son inspiration en restant dans une maîtrise et une cohérence parfaites comme le veut, il me semble, la philosophie originelle du Death. Psycroptic y arrive ici brillamment.
Moins subtil qu’un Obscura mais plus accrocheur, moins brouillon qu’un Origin, de loin cet album constitue l'apogée de la carrière du groupe et malheureusement, marque aussi le départ de son chanteur fou et génial, qui laissera sa place au plus classique (et plus “coreux”) Jason Peppiatt pour les albums qui suivirent.
Morceaux préférés: 'Battling the Misery of Organon', 'Lacertine Forest', 'Psycrology', 'Skin Coffin' et 'A Planetary Discipline'. Vous y trouverez votre compte en torticolis express, ou si vous préférez, en torticolissimo ... (c'est ma première chronique alors je me permets des jeux de mots douteux oui).
DONNEZ VOTRE AVIS
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
AJOUTER UN COMMENTAIRE
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo
Par Jean-Clint
Par Troll Traya
Par alexwilson
Par Sosthène