Huata / Bitcho - Split
Chronique
Huata / Bitcho Split (Split 12")
Je ne dois pas être le seul à trouver le format split frustrant. Sauf à de rares exceptions, cet exercice partagé entre deux groupes ou plus me laisse au mieux soit un goût de pas assez (quand les formations écoutées se révèlent à la hauteur, mais sur une trop courte durée), soit d’incohérence entre des musiques trop différentes pour ne pas donner l’impression d’écouter des participations distinctes liées artificiellement, là où une atmosphère commune pourrait faire accepter les passages de l’une à l’autre plus facilement.
Ce split partagé entre France et Pays-Bas n’échappe pas à ce sentiment de frustration, seulement les raisons sont autres que celles évoquées plus haut : s’il est clair que se tient là un disque marqué par une volonté commune d’emmener l’auditeur dans l’espace (jusqu’à ce bel artwork signé par Benjamin Moreau, bassiste de Huata), cette ambiance homogène ne sauve pas cette collaboration d’un décalage sur le plan qualitatif. Car – on pourra lancer les cocoricos que l’on veut, pas sûr que les Bretons nous entendent depuis leur galaxie – Huata écrase Bitcho avec une aisance qui se laissait déjà deviner sur le convaincant
Atavist Of Mann mais prend ici davantage d’ampleur, enlève les restants d’académisme contraint qui se notaient sur certains passages et va droit vers un stoner/doom dans ce qu’il a de plus vivant et naturel comme un unique trip où la réalité lâche peu à peu son étreinte (« The Retaliator » et « Hercolubus » peuvent d’ailleurs être considérés comme un seul et même morceau, leurs parties s’enchainant sans coupures).
Lors de ses deux compositions, Huata conserve cette capacité à manger à tous les râteliers de la scène stoner/doom sans perdre son identité, cette dernière paraissant même plus marquée qu’auparavant. Toujours adeptes du jeu entre lourdeur et envolées atmosphériques constituant le gros de leur longue-durée, les Bretons attrapent ici le fil rouge qui leur manquait par ce concept spatial essentiellement transmis par un chant clair noyé dans le mix ainsi qu’un duo claviers/basse diffusant lentement ses notes. De quoi donner confiance pour la suite, où il ne restera plus aux Français qu’à allier ce psychédélisme enivrant aux guitares catchy de leur premier album, un peu trop en retrait sur les deux titres de ce split.
Le choix de tout miser sur les climats peut aussi parfois laisser l’auditeur de côté comme le montre Bitcho avec un « 10050 Cielo Drive » à mi-chemin entre drone et doom moderne. Vide spatial mis en musique ou simple ennui ? Je penche clairement pour la seconde proposition, ma première confrontation avec les Néerlandais se déroulant comme souvent quand je rencontre ce type de groupe basant leurs effets entièrement sur les répétitions et montées finales : un intérêt premier rapidement suivi d’une série de bâillements devant un titre qui brasse longtemps du vent et garde ses quelques bonnes idées pour ses dernières minutes, l’apparition d’une voix incantatoire laissant croire que le morceau commence enfin à dévoiler ses atouts. Sauf que, ah, c’est terminé. Au trou noir.
La note de trois sur cinq accordée à ce split pourra sembler tiède alors que Huata fait plus qu’y présenter sa carte de visite avec une évolution intéressante de son stoner/doom se situant moins « dans les clous » qu’il n’y paraît. C’est qu’entre vingt minutes excellentes et une dizaine proche de l’inutile, la sensation de naviguer au sein d’un essai mélangeant réussite et échec sur des terrains similaires ne permet pas de conseiller l’achat à d’autres personnes que celles ayant envie de suivre de près les créateurs d’
Atavist Of Mann. Décidément frustrant, mais clairement à posséder pour les amateurs des Bretons.
| lkea 10 Mai 2013 - 1701 lectures |
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