Inattaquable. C’est un peu ce que j’ai pensé à l’écoute de ce nouvel – et dernier, le groupe ayant décidé de se séparer après
Lux Initiatrix Terrae – album de Huata. Comment voulez-vous trouver à redire au sujet de ce projet, que
Atavist of Mann m’avait immédiatement rendu sympathique ? Comment protester, devant ce doom metal qui se fait protestant, quittant le pot-pourri lustré de son précédent longue-durée pour faire route seul ? Dans une scène qui compte énormément de clones et peu de formations avec une identité marquée, dans ce genre qui prend à son compte les images d’ouverture vers l’ailleurs, l’ésotérisme, l’occultisme et autres entraperçus d’un univers sans limites, comment oser critiquer une vision personnelle telle que celle-ci, où la prise de risque est énorme, terminant la discographie des Bretons par un majeur qu’on a envie de coller en adjectif à cet opus ?
Et pourtant, ça me fait mal de le dire :
Lux Initiatrix Terrae ne me transmet rien, ou presque. A peine quelques picotements, quelques caresses… Bien peu à l’échelle de sa grosse heure. C’est à n’y rien comprendre : avec son doom metal s’élevant, fervent, dans des ambiances d’orgues, vers des architectures de lumières m’évoquant les grandes heures de Year of No Light et son
Ausserwelt, il a tout pour me séduire ! Passée la surprise, il est même une évolution naturelle de Huata, une espèce d’aboutissement où ce qu’on devinait d’éclatant sur
Atavist of Mann ne s’arrête plus au plafond des caves obscures et vise le ciel. Tout, de la production granuleuse et aérienne aux voix peignant une transe austère faisant de la lumière un bain, va dans cet embrassement du haut par des doomsters convertis, un traditionalisme se mariant à un autre, proche, en terme d’ambiance, de ce que j’imagine être le plus religieux concert de Magma.
Mais voilà, j’ai beau analyser, écouter, chercher à me convaincre : ça ne prend pas chez moi, pour de mystérieuses raisons. Peut-être que cette ascension droite vers le très-haut est trop rectiligne à mon goût ? Que l’exercice, pour tout original qu’il est dans ses intentions, se révèle extrêmement classique dans son exécution, faisant que je suis moins tendre envers ce groove typique s’habillant de vêtements qui ne lui vont pas si bien que ça ? Ou alors Huata, ce groupe qui avait le charme des petits, a fait comme la grenouille contre le bœuf, se voulant plus gros qu’il est par endroit (ces passages fats au possible mais incongrus ici) – trop gros ? Ou qu’il y a bêtement incompatibilité d’humeur ? J’avoue ne pas avoir de réponses définitives à ces questions, l’album louvoyant constamment entre une certaine beauté difficile à contester et une envie de bailler irrépressible.
C’est comme ça. Parfois, un disque qui a tout pour nous plaire ne nous plaît simplement pas.
Lux Initiatrix Terrae est définitivement un rendez-vous manqué chez moi, déroulant ses cantiques agréables uniquement en musique de fond, là où j’aimerais le voir prendre tout l’espace. Mais – et c’est bien une qualité qu’il a – il ne donne pourtant pas envie d’être mesquin en dépit de ses atmosphères naïves, conservant en cela une part du charme que ses auteurs avaient sur
Atavist of Mann. Paradoxe pour paradoxe, je ne peux donc que vous conseiller de tenter l’expérience, l’œuvre possédant clairement une générosité à même de combler le doomster en quête d’authenticité et d’audace à la fois. Pour ma part, je vais continuer à pester contre moi-même dans mon coin.
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