D'habitude je ne suis pas du genre à me vanter, mais si vous êtes français et que vous avez connu Unreal Overflows en 2006, il y a de fortes chances que ce soit grâce à moi, qui n'ai pas pu m'empêcher de faire de la publicité pour les Espagnols après la découverte fortuite de
Architecture Of Incomprehension dans une commande à feu No Compromise. Il faut dire qu'à l'heure où le death technique revenait en force outre-Atlantique, j'avais été subjugué par un album qui effectuait une synthèse parfaite entre Death, Anata et les débuts d'Arsis, avec une qualité tellement prononcée, notamment dans ses riffs de guitare extrêmement riches, que j'aurais bien volontiers accordé la note maximale à ce premier sans un chant perfectible et surtout quelques rares passages saccadés relevant du Meshuggah-like. Malheureusement, les deux guitaristes d'origine, qui ont fait la force du premier Unreal Overflows, ont quitté le groupe en 2009, obligeant Zoilo Santiago Loira à passer de la basse à la guitare, et le groupe à recruter un nouveau bassiste puis un guitariste à peine majeur, logiquement pas au niveau de ses prédécesseurs, et sans doute, si j'en crois ce
False Warfare, qui aime modern death, ce qui exclut d'office son âme du paradis des gens de talent et de goût.
Il faut croire que c'étaient également ces deux anciens guitaristes qui avaient les clés de la composition au sein du groupe, car l'on peine à reconnaître le style des Espagnols sur ce deuxième opus, hormis dans le final d'un premier morceau qui s'essaye à une transition malhabile entre deux époques qui n'ont plus grand chose en commun. Fini le death technique éthéré et classieux du magnifique
Architecture Of Incomprehension, ce second album joue très clairement dans la cour du modern death, certes technique, mais infiniment plus proche des influences Meshuggah désormais devenue omniprésentes que du spectre de Death. Tout n'est que lourdeur et contretemps, les mélodies sont spartiates, l'intérêt quasi-inexistant. De quoi logiquement s'aliéner la grande partie des amateurs des débuts de Unreal Overflows, surtout lorsque l'on constate avec dépit que les quelques réminiscences de death technique sont soit mal amenées et mal pas pensées, soit citent éhontément des titres du premier album. Rendant sans peine l'auditeur nostalgique d'un premier album bien plus ambitieux, la répétition du motif de « Paths To The Human Involution » sur un « Without Secrets » par ailleurs assez mauvais en dehors de sa très sympathique ligne de tapping, assez grave (c'est original), à 3:20, illustre sans peine tout ce qui va de travers sur ce deuxième album qui, à cause d'un changement de style malvenu, devient trop facile et bas du front pour pouvoir plaire. Un changement qui s'exprime donc non seulement dans des compositions qui ne se reposent pratiquement que sur la rythmique, mais également dans des choix de production douteux, avec un mixage moderne qui laisse la part belle aux basses – même si l'on appréciera une bonne spacialisation des instruments et une grosse caisse au son agréablement naturel – et qui, surtout, met bien trop en avant un chant dont les faiblesses au niveau de la technique et de la puissance étaient auparavant masquées dans un sous-mixage de bon aloi et une tonne d'écho salvatrice.
Malheureusement,
False Warfare fait partie de ces suites qui ne comportent aucun point fort si on les compare à leurs prédécesseurs, et les bons moments qu'il délivre sont vite évoqués : un « Rotten Mentality » dont les trois quarts des lignes de guitare ressemblent à des chutes de studio de
Architecture Of Incomprehension, avec un final plutôt bon qui est de loin le meilleur moment de l'album, et le début assez intéressant de « A Few Eager Men », qui atteindrait presque un sans faute sans son riff complètement nul à 1:00. Voilà, c'est tout, circulez, il n'y a rien d'autre à voir. Non, même pas les solos, faut pas déconner. Ni les intros , qui étaient excellentes auparavant, mais désormais le groupe ne sait plus débuter ses titres qu'avec des riffs de modern death, exagérément graves, dépourvus de toute mélodie, qui existaient déjà sur
Architecture Of Incomprehension et constituaient sa principale faute de goût, mais étaient également bien mieux incorporés aux compositions que sur ce second album. Ce sont des titres entiers qui ne sont maintenant plus faits que de riffs saccadés sans mélodie, à l'instar du très mauvais « When Time Is Up » ou d'un « We're Going Towards Nothing » qui porte parfaitement son nom devant la vacuité totale de ses trois premières minutes et son essai timide de proposer une toute petite progression sur sa deuxième partie.
False Warfare ne propose pas de mélodie un tant soit peu complexe, donc pas d'évolution intéressante, ou alors le groupe s'autoparodie comme sur un « Out Of The Sphere » qui reprend exactement la même progression harmonique que quelques minutes auparavant. Avec un riffing simpliste comme au début de « Instinct » pour propos essentiel, Unreal Overflows foire complètement son retour et passe logiquement inaperçu depuis des mois, alors que le premier album avait fait parler de lui par un bouche à oreille mérité. Ce second opus rejoindra la fosse commune des espoirs morts-nés, faute de l'ambition suffisante pour persévérer dans un style complexe et exigeant, et ce sera mérité car un tel sabordage ne mérite que le dédain.
Même si vous aimez Meshuggah, la clique du modern-death sans éclat façon Centaurus-A ou le riffing banal du deathcore technique, il y a peu de chances d'accrocher à un album dont les faiblesses stylistiques n'ont d'égale qu'un manque de volonté flagrant de composer quelque chose de correct. Il y a bien mieux dans le même registre, du djent plus inventif de Animals As Leaders jusqu'aux compositions bien plus élaborées de Textures ou Meshuggah, et il est difficile d'imaginer que Unreal Overflows retrouve son précédent public ou n'en conquière un nouveau. En essayant maladroitement de se rappeler au bon souvenir d'un
Architecture Of Incomprehension qui l'atomise sur tous les plans, ce
False Warfare va même rater sa cible de jeunes mécheux qui pourraient apprécier son riffing simpliste et son manque criant de talent. Pourquoi une telle régression, si ce n'est que les deux anciens guitaristes du groupe en étaient définitivement les maîtres à penser ? Unreal Overflows est une nouvelle preuve que le death technique vit bien une nouvelle crise en s'essayant à un maladroit mélange avec des influences du modern-death dont il est pourtant un parfait opposé philosophique, et ce alors même qu'il avait retrouvé son éclat il y a cinq ou six ans. Et personne ne s'étonnera qu'une crise n'épargne pas l'Espagne une fois de plus.
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