Necrotic Disgorgement - Documentaries Of Dementia
Chronique
Necrotic Disgorgement Documentaries Of Dementia
En conclusion de ma chronique du Clitoraldectomy de Regurgitation il y a deux ans, j'indiquais que le groupe s'était reformé et qu'il devait sortir un nouvel album d'inédits mais qu'il ne savait pas encore s'il allait continuer sous le nom de Regurgitation ou Necrotic Disgorgement (l'appellation post-Regurgitation). La décision se fera suite au départ de Brian Baxter pour Embalmer. Ce sera donc Necrotic Disgorgement. J'aurais préféré Regurgitation, les titres de Clitoraldectomy sonnant de mon point de vue bien mieux que les mêmes sur Suffocated in Shrinkwrap. Le groupe passera alors d'un trio à un quintette avec Phil Good (Created To Kill, Heinous Killings, Solidification) à la basse en remplacement de Baxter et Jimmy Javins (Forensic Dissection) au chant qui viendront épauler le cœur du combo composée de Ben Deskins (guitare/chant), Tony Tipton (guitare) et Jason Trecazzi (batterie). Puis, enfin, Documentaries Of Dementia débarque l'été dernier sur Comatose Music.
Malheureusement, la première chose qui saute aux yeux, c'est la pochette immonde, stéréotype des artworks digitaux bien trop nombreux dans le brutal death moderne. Non seulement celui-ci est irréaliste et d'une laideur sans nom mais il est en plus mal fait. Encore une fois, Phlegeton démontre que, dès lors qu'il sort du cadre de Wormed, c'est un dessinateur abominable et maladroit avec Photoshop. La pochette va en plus de paire avec une production plastique. Le son de batterie est une horreur artificielle triggée jusqu'à la moelle qui n'a plus rien d'un instrument joué par un humain et qui a en plus le culot d'être mixée très en avant. Quant aux guitares, elles puent la computérisation en enlevant toute notion d'ambiance à la musique.
En voilà une chronique qui démarre mal. Et pourtant! Malgré ces tares de toute façon symptomatiques et incurables d'une scène connue pour son mauvais goût à tout point de vue (on rajoutera l'intro samplée "Intronitiation" trop longue), Documentaries Of Dementia s'avère un album aussi surprenant que réjouissant. C'est que Necrotic Disgorgement propose ici une évolution intéressante. Tout en restant ancré dans le brutal death US typique, le groupe a insufflé une dose importante de technicité et surtout de mélodie. Oui, vous avez bien lu, mélodie! Alors certes on est encore très loin de Spawn Of Possession, Odious Mortem ou Necrophagist mais Necrotic Disgorgement a clairement voulu faire un peu plus que du "simple" brutal death à l'américaine. Dans l'esprit, on pense au dernier Gortuary qui avait su mêler gras et mélodie avec un certain succès. Deeds Of Flesh vient aussi en tête.
Tony Tipton nous sort ainsi bon nombre de solos et autres leads mélodiques inspirées. J'apprécie particulièrement la lead superbe de "Pincushion Pussy" à 1'42 (un riff death mélodique suivra!), les petits sweeps dès l'ouverture de "Postmortem Fluid Evacuation", le solo à 2'18 sur "Crack Whore Compost", la mélodie du riff à 3'28 de "Icepick Ear Sodomy" (le meilleur morceau du disque) enchaîné par un solo excellent, ou encore le solo vers le début sur "Defecation Delicacy". Ces touches virtuoses viennent enrichir des morceaux déjà très bons. Il n'y a d'ailleurs aucun titre faible et ce nouvel opus de Necrotic Disgorgement brille par son homogénéité sur 40 minutes qui passent du coup presque trop vite. la preuve, ça fait des mois que je possède l'album et l'écoute régulièrement sans lassitude. Rien d'étonnant car, au-delà d'un rare travail mélodique et malgré la production ultra synthétique, le feeling des membres est évident. La qualité des riffs se révèle en effet très supérieure à la majorité des groupes de brutal death souvent peu concernés par le sujet tant que ça sonne "brutal".
En parlant de brutalité, que nos amis bourrins ne s'inquiètent pas. Si Necrotic Disgorgement a opéré quelques changements, il n'a pas abandonné son identité. La patte du groupe reste ainsi reconnaissable et la formation fait toujours du brutal death US. Le côté intense et chaotique des compositions est, à l'image du chant très guttural et au débit souvent rapide, toujours présent, même si davantage maîtrisé. Au menu, de la blastouille, du semi-blast, du tchouka-tchouka et même du gravity (celui de "Defecation Delicacy" dure d'ailleurs 13 secondes, impressionnant même s'il faudra vérifier sa bonne tenue en live sans les retouches studio). Et bien sûr, un album de brutal death US ne serait rien sans les séquences slammy groovies et grassouillettes. Vous en trouverez un paquet sur ce Documentaries Of Dementia avec du riff huileux qui tâche, de la double à fond, des harmoniques sifflées voire quelques bass drops explosifs.
Il en aura mis du temps à sortir (9 ans!) mais l'attente valait le coup! Documentaries Of Dementia se place ainsi dans la courte liste des albums 2013 de brutal death valant le détour. La direction plus mélodique et technique du groupe lui a permis de se démarquer nettement sans sacrifier à la brutalité. Merci donc à Necrotic Disgorgement d'avoir eu les couilles de sortir cet album et de ne pas considérer "mélodie" comme un gros mot. Merci aussi de ne pas non plus avoir tourné le dos à ses racines. C'est ce que j'appelle une évolution intelligente et réussie. Du coup, avec ce Documentaries Of Dementia et le nouveau Mortal Decay, Comatose Music place deux de ses productions parmi les meilleurs albums BDM de cette année. On aurait juste apprécié une pochette moins débile et digitale (même Visual Darkness fait mieux) et surtout une production plus humaine. Des défauts qu'on fera en sorte de mettre de côté tant les albums de brutal death de cette qualité se font rares de nos jours.
| Keyser 8 Décembre 2013 - 1980 lectures |
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