Ephel Duath - Hemmed by Light, Shaped by Darkness
Chronique
Ephel Duath Hemmed by Light, Shaped by Darkness
Bah alors les amis ? 2013 marquait le grand retour d'Ephel Duath dans nos crèmeries et rien dans votre bilan ? Peut-être est-il sorti un peu trop tard dans l'année pour vous laisser le temps de sa digestion ? Ou avez-vous abandonné ? Ou probablement en avez-vous rien à foutre ? Je ne serais pas étonné de cette dernière option. Bref, faisant suite au mitigé
"On Death and Cosmos" sorti un an plus tôt, ce septième album nous revient avec un line-up quasi inchangé, chose sans importance finalement puisqu'ici, c'est Davide Tiso qui mène la barque. Comme on pouvait s'en douter, "Hemmed by Light, Shaped by Darkness" est avant tout un délire personnel, à croire que notre italien cultive une armée de petits farfadets dans sa tête pour produire de telles choses.
Sans exagération, ce nouvel album d'Ephel Duath est l'oeuvre la plus complexe à assimiler qu'il m'ait été donné d'écouter. Ma capacité d'ingestion est peut-être moins grande qu'avant mais le fait est là. Après de nombreuses écoutes, souvent morcelées pour ne pas surcharger mes neurones, impossible de porter un jugement constructif sur ce travail. Je n'étais même pas en mesure de déterminer si je trouvais ça bon ou mauvais à tel point que j'ai failli jeter l'éponge. Quand je parle de complexité, rien à voir avec la technique. Aussi bon guitariste soit-il, Davide Tiso n'a jamais déployé des plans à coucher dehors ; non ici, à l'instar des précédentes productions, ce sont les structures des compositions qui déroutent. Même si d'une manière générale l'homme a fait quelques concessions en répétant ses riffs plus d'une fois, quels riffs putain ! Comment peut-on accoucher de telles créations et surtout se dire que cet enchevètrement de notes a priori totalement déconstruit sonne bien ? Ca me dépasse. Attendez-vous donc à en baver comme c'est pas permi pour vous farcir la bête.
Lorsque que le brouillard autour du monstre commencera à s'estomper et que ses contours se dessineront, vous aurez accompli le plus difficile et chaque nouvelle écoute vous rapprochera de la récompense. Car contrairement aux déceptions que furent
"Through My Dog's Eyes" et
"On Death and Cosmos", "Hemmed by Light, Shaped by Darkness" est étonnement bon. N'ayant aujourd'hui de *jazz* que cette liberté d'écriture, c'est plutôt autour du death que s'articule les compositons, renforcées par le chant écorché de Karyn et l'ambiance résolument sombre qui règne tout au long de ces 50 minutes. L'ours Erik Rutan viendra même poser sa voix sur l'ouverture et surtout sa guitare pour un solo épique sur "Within This Soil". Dans cette nouvelle orientation, Davide s'en sort à merveille. L'équilibre entre le chaos de ces passages à vous retourner la tête et la puissance des moments plus conventionnels est parfait. Ajouté au parti pris de rester sur des morceaux mid-tempo, il permet à l'album d'asseoir une atmosphère pesante et tenace qui faisait cruellement défaut au précédent album. Bien évidemment, tout ici repose sur les guitares dont le travail sur les harmonies laisse pantois, l'extase étant atteinte sur la seconde moitié de "Through Flames I Shield" (à 3'22") avec ce riff qui me hante à chaque fois et qui se termine vers 5'48" sur un hurlement de mort de Karyn. Davide a également accordé une grande place à sa femme qui réalise une excellente prestation : moins expressive et barrée que celle du fantastique Luciano, sa voix death colle finalement mieux à la lourdeur de cet ensemble. Dommage que le grand Marco Minnemann ne fasse que suivre le mouvement derrière ses fûts sans sortir des clous, probablement par manque de temps car on imagine volontiers le calvaire qu'à du être cet enregistrement.
Difficile de cerner l'essence d'Ephel Duath. On voudrait croire à une volonté de son géniteur mais c'est à se demander si après toutes ces années, l'entité italienne n'est pas toujours en recherche d'identité. A l'instar de ses prédécesseurs, "Hemmed by Light, Shaped by Darkness" est donc foncièrement différent et propose un visage qui déroutera probablement les amateurs du combo. Ces derniers pourraient être déçus notamment par cette orientation plus death, moins folle. En ce qui me concerne, c'est surtout le manque de feeling qui fait défaut ici. On a parfois l'impression que Davide s'est enfermé dans un concept de recherche absolue de complexité sans prendre le temps de ressentir sa musique. Un peu plus de spontanéité aurait pu donner plus d'impact aux passages les plus torturés. Malgré tout, l'album mérite qu'on lui laisse sa chance et vous réserve de petites pépites telles que "Feathers Under My Skin", "Within This Soil", "Through Flames I Shield" ou la fantastique conclusion "Shaped by Darkness". Un petit message pour finir aux téméraires qui se lanceraient dans l'aventure : aller courage, je compatis avec votre douleur.
| Dead 9 Mars 2014 - 1309 lectures |
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