Ephel Duath a-t-il été un jour un véritable groupe ? Rien n'est moins sûr, chaque nouvel sortie étant affublée d'un nouveau line-up. Jusqu'à maintenant, Davide Tiso était parvenu à conserver son vieux pote Luciano George Lorusso derrière le micro mais cette ère touche à sa fin. Trois ans après le décevant
"Through My Dog's Eyes", c'est donc une nouvelle période dans la carrière de ce projet italien qui commence. Terminé les sempiternelles promenades matinales et les ennuyeux parcs à chiens, le propos prend de la hauteur, la musique se remet sur les rails et le casting (sans doute provisoire) a de quoi faire rêver : Steve DiGiorgio à la basse, Marco Minnemann à la batterie et Karyn Crisis au chant. Oui rien que ça.
Autant être clair d'entrée de jeu : si "On Death And Cosmos" relève le niveau, il n'en demeure pas moins décevant pour un groupe qui a sorti coup sur coup
"The Painter's Palette" (2003) et
"Pain Necessary to Know" (2005). Trois titres de plus de six minutes pour une durée totale d'une vingtaine de minutes, Davide ne s'est pas accordé plus tenter de nous convaincre. Pas de temps à perdre donc, l'EP démarre en trombe sur un "Black Prism" qui ne fait aucun doute quant à l'identité du père (contrairement à l'enfant de Rachida Dati) dont on ressent la griffe, cette manière unique de construire la déconstruction, froide et mathématique. Les larbins DiGiorgio et Minnemann n'ont alors qu'à suivre le mouvement, pendant que la démoniaque Karyn s'évertue à cracher ses poumons là où elle peut. Même si je regretterai toujours les hurlements hardcore de Luciano (un de mes chanteurs favoris), le choix de cette demoiselle se révèle plutôt judicieux : sa voix colle finalement mieux à l'esprit *death* de ces compositions et donne un nouveau visage à leur musique.
Musicalement, le projet repart sur des atmosphères plus sombres et torturées proches de celles de
"Pain Necessary to Know" dans lesquelles l'univers d'Ephel Duath trouve une véritable justesse. Peu à l'aise dans la réalité "terre-à-terre" du précédent volet, ce labyrinthe musical retrouve enfin une certaine densité avec cette variation sur le thème chaos. Même s'il demeure absolument indigeste au premier abord, le style de notre Italien est descendu d'un cran en terme de complexité. Certains n'apprécieront peut-être pas ; personnellement, je trouve cette direction plus humaine assez bien sentie dans la mesure où elle permet d'inscrire des superbes passages sur la longueur, chose impensable il y a encore quelques années ("Black Prism" à partir de 1'18", la seconde moitié de "Stardust Rain"). Il faudra néanmoins vous accrocher pour vous approprier ces trois pièces composées presque uniquement de riffs à contretemps, découpés, dissonants, un nouveau délire de surdoué de la gratte qui parlera principalement aux plus tordus d'entre nous, un genre dont je suis très client. Mais à l'instar de
"Through My Dog's Eyes", j'ai une nouvelle fois grincé des dents devant le manque d'inspiration de certains passages (l'imbuvable *refrain* de "Raqia" est un bon exemple), ne laissant aucune chance à l'une de ces compositions de vous retourner pleinement. Le constat est d'autant plus dommage qu'à côté de ces moments de flottement où l'on peine à trouver le chemin, l'homme sait ouvrir des autoroutes sur lesquelles s'expriment un groove et un feeling redoutable.
Après digestion de la bête, on reste un peu sur sa faim. Avec le temps qui s'en écoulé depuis 2009, "On Death And Cosmos" aurait pu être bien meilleur ; il n'est finalement que prometteur, peut-être un avant goût d'un futur album qui pourrait faire remonter le combo italien des profondeurs infinies de l'oubli. C'est tout ce qu'on peut souhaiter au galérien Davide qui n'a jamais fait dans la demi-mesure. Mais quand le moment sera venu, je serai plus fébrile que confiant.
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