S'il y a bien un groupe qui n'a pas volé sa signature chez Elitist Records, c'est bien Ephel Duath. Déjà que
"The Painter's Palette", leur précédent album, était dur à digérer mais celui-ci enterre tout ce que j'ai pu entendre en matière de complexité. Il m'aura fallu des dizaines et des dizaines d'écoutes pour en venir à bout tellement les italiens se sont lâchés sur ce troisième album... Mais revenons un peu sur ce groupe à la carrière plutôt atypique. Après un album typé black metal "Phormula" dans un registre assez complexe (et une réédition de ce premier album
"Rephormula"), le groupe sort en 2002, l'album qui a fait toute sa renommée : le fameux
"The Painter's Palette". Changement radical de direction musicale qui ne conserva que le côté déstructuré de leur ancien style : les italiens délaissent l'art noir pour s'inventer un nouveau visage, sorte de jazz/metal assez extrême au line-up hétéroclite, comprenant notamment un trompettiste et un batteur dans la quarantaine au feeling extraordinaire.
Avec le départ de leur batteur et de leur chanteur clair, c'est à 3 que le combo enregistre ce troisième album, avec en plus un batteur de session. Ephel Duath aura mis un peu de temps pour nous sortir un successeur à
"The Painter's Palette" et il suffit d'écouter en entier ce "Pain Necessary To Know" pour comprendre pourquoi. On se demande comment l'ami Tiso a pu composer une telle chose (surtout la musique mais aussi les paroles...) et on imagine par contre aisément la galère qu'à pu représenter l'enregistrement. Comme je le disais en introduction, avant de comprendre cet album, il faut se l'envoyer un bon nombre de fois. Au début, je ne vous cache pas qu'on a sans cesse le sentiment que le groupe fait absolument n'importe quoi mais c'est d'autant plus énervant qu'on se rend vite compte qu'ils arrivent à faire n'importe quoi tous en rythme (c'est fort, non ?). Enfin bref, tout ça pour vous dire que l'artwork sombre et peu raffiné de l'album illustre bien ce qu'il contient et ce qu'il faudra endurer pour y pénétrer (un peu comme le prince charmant qui doit passer les ronces pour atteindre la chateau de la belle au bois dormant quoi... euh je crois que je m'égare là). Mais venons-en à la musique.
Pour ceux qui connaîtraient leur précédente production, sachez que les italiens sont revenus à des sons plus conventionnels. Exit la trompette et le chant clair, ce sont les hurlements, guitares, basse et batterie qui occupent désormais l'espace. Seules quelques incrustations électroniques viendront varier le paysage sonore de l'album mais rien de très significatif. On retrouve avec plaisir les cris "putain mon pied" de Luciano toujours aussi extrêmes, le feeling jazzy désormais ancré dans l'âme de leur musique et ce style si complexe qui vous retourne toujours autant la tête. Mais ce qui change vraiment, c'est l'ambiance. Le groupe en a terminé avec les petites touches émo et nous offre ici, 38 minutes de pure torture musicale. En plus d'être d'une extrême noirceur et d'une extrême violence parfois, "Pain Necessary To Know" dégage une atmosphère de malaise profond que les hurlements et les compositions aux structures chaotiques retranscrivent à merveille. Sur le chemin, Ephel Duath ne laisse que peu d'éléments auxquels se raccrocher et vous obligera à supporter ce délire sonique jusqu'à la limite de la folie, ou à abandonner. Les passages s'enchaînent de manière totalement anarchique où tout se mélange, sans réelle volonté de créer des structures transcriptible mais dont le rendu reste néanmoins plaisant.
Certains diront sûrement que c'est vraiment du n'importe quoi et d'un côté ça n'est pas faux. La seule chose que je reprocherai aux italiens, c'est d'avoir poussé le concept de la complexité un peu trop loin. On a parfois franchement l'impression que le groupe cherche volontairement à jouer sur cet aspect, délaissant l'efficacité et le plaisir d'écoute. Mais quoique l'on puisse dire, Ephel Duath nous surprend une nouvelle fois et nous offre un album à la profondeur et à la richesse infinie qui assure une redécouverte à chaque écoute. De plus, la prestation des musiciens y est impressionnante de justesse et de feeling comme on serait en droit de s'entendre pour un groupe de cette envergure. Il manque peut être encore un petit quelque chose à ce "Pain Necessary To Know" pour en faire un excellent album mais je serais le dernier à me plaindre d'un très bon album. Réservé avant tout à ceux qui aiment se faire mal !
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