Anion - Without Solace
Chronique
Anion Without Solace
Un anion (terme grec) est un ion qui, ayant gagné un ou plusieurs électron(s), porte une ou plusieurs charge(s) électrique(s) négative(s), nous apprend Wikipedia - et, par extension, n'importe quel dictionnaire. Les salves qui constituent ce "Without Solace" le sont d'ailleurs assurément, électriques comme négatives. Mais avant de nous concentrer sur l'album en lui-même, petit rappel historique. Anion est un groupe canadien relativement jeune puisque né au début de cette décennie, déjà responsable de plusieurs EPs et démos, dont les très bons "Manolete" et "Carrion King", qui dévoilaient déjà tout le potentiel du combo, entre agression sonore primaire et relents pachydermiques écrasants. Et ce malgré un son parfois un peu trop approximatif.
"Without Solace", premier véritable full-length du groupe, vient corriger ce léger défaut en confiant son enregistrement et son mixage à Matt Bayles, responsable notamment de la puissance de feu de "Remission" des Mastodon où encore du fameux "Oceanic" d'Isis. Pas la moitié d'un flan, donc, qui aura donné à ce disque une production exemplaire pour le genre : les guitares forment une masse épaisse, permettant malgré tout de laisser apercevoir des riffs d'un groove irrésistible qui feraient tortiller du fondement n'importe quel individu sain d'esprit. Voix saturée d'effet, batterie légèrement en retrait et cymbales à fort pouvoir couvrant, les huit brûlots qui composent ce "Without Solace" sont prêts à vous péter à la tronche.
Anion se nourrit de bon nombre d'influences qui sont toujours assez flagrantes, KEN Mode, Converge et Mastodon en tête, certes. Mais Anion possède une définition propre de ce que ce doit d'être la brutalité couchée sur un disque. Ainsi, "Without Solace" alterne entre lourdeur à peine supportable (le dernier titre, "Rotting Bloom", est une lente punition de huit minutes) et accélérations complètement hystériques et presque bruitistes ("Close Talker", ou comment commencer et finir un lynchage en une minute trente), passant par des morceaux "entre-deux" mais flirtant à chaque instant avec la folie ("Parathion Cocktail" alternant charges et passages plus massifs). Et ce sans oublier un certain sens du groove ("Snake Oil", même si le riff d'ouverture me rappelle un peu "Blood and Thunder" de Mastodon) qui fait se détacher ce "Without Solace" de bon nombre de formations Sludge bas-du-front sur lesquelles on peut tomber actuellement. Un morceau comme "Mycosis", planqué derrière un titre que n'aurait pas renié une palanquée de groupes de Pornogrind, possède un riff d'ouverture assez mélancolique, prenant, avant de poursuivre par des petites excursions vers des riffs plus bruitistes et atmosphériques. Ajoutez au tout une basse qui martèle ses lignes avec une précision d'orfèvre et vous tenez l'un des meilleurs titres de "Without Solace" qui, globalement, n'accorde aucun temps mort ) l'auditeur. Ni aucun réconfort, comme son nom l'indique.
Anion nous livre au travers des huits assauts en règle qui composent ce dernier opus une véritable leçon. De genre, pour commencer, sachant faire la balance entre boucherie primaire et passages un peu plus "aérés", mais toujours efficaces. De discipline, ensuite, en ne cessant jamais de nous botter le cul. "Without Solace" est un très bon album qui résiste sans mal aux écoutes successives, un disque que j'ai découvert bien trop tard et qui n'a pu, par conséquent, trouver sa place dans mon classement 2013. Le cas contraire, l'inverse se serait produit, et il aurait trôné dans le haut du panier.
(Et, en guise de bonus, l'objet comme l'artwork sont superbes.)
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