S'il y a bien un qualificatif qui va à Hatebreed en général, et à cet album en particulier, c'est bien hargneux (pour s’en convaincre, il n’y a qu’à écouter "Defeatist"). Et tout comme Slayer fait du Slayer, que Machine Head fait du Machine Head et que De Palmas fait de la merde, Hatebreed fait du Hatebreed. Passent les modes, passent les nouveautés, et Hatebreed reste plus figé que la permanente de Bernadette Chirac. Hatebreed a été le fer de lance d'un style maintenant largement copié par Sworn Enemy ou Born From Pain, à savoir une base hardcore qui s'étale maintenant plus largement sur le métal. Chez Hatebreed, point d'évolution, ce qui ne gêne aucunement le groupe, les fans ou les chroniqueurs fans de Hatebreed. Il ne s'agit pas vraiment de sclérose artistique (les nombreux side-projects de chacun des membres du groupe attesteraient plutôt de l'inverse) mais apparemment de donner au public ce qu'il attend.
Et ce qu'ils attendent de Hatebreed, ce sont des gros riffs qui tâchent et des rythmiques qui pèlent le jonc, des gueulantes à repeindre le fond de son slip et des mosh-parts à s'en faire saigner le fondement, des chœurs qui donnent envie de taper des vieux et des parties rapides pour courir en rond dans les concerts. Et dans "Supremacy", 4ème offrande du groupe, on y trouve tout ça, mais pour être honnête, à peu près comme on trouvait tout ça dans l'album d'avant et celui encore d'avant. Néanmoins si les fans y trouvent leur compte, pourquoi pas, Slayer fait ça depuis 20 et tout le monde trouve ça génial, pourquoi pas aussi pour le hardcore-metal.
On retrouve donc un Jamey Jasta pas calmé par ces side-projects (Icepick, Kingdom of sorrow, La Compagnie Créole…) je crois qu'il a rarement été aussi en forme. Les compositions sont toujours aussi efficaces, voire même plus que sur "Rise of Brutality", l'apport de Frank Novinec (ex-Terror, encore des gentils, ceux-là) se faisant bien ressentir. J'ai retrouvé un petit fumet de
"Perseverance" dans ce "Supremacy" (on remarquera que les titres de Hatebreed sont aussi subtils que Paris Hilton a des gros nichons.) En outre, l'avantage de cet album d'Hatebreed, c'est que Jamey Jasta s'amuse à hurler les titres des chansons à chaque début, comme ça on sait toujours où on en est : je pense que c'est une très bonne idée, c'est très pratique. Pour le prochain, je crois qu'en plus il pourrait donner la durée du titre en plus. La production de Zeuss est toujours aussi efficace, un must pour le genre. Pour ma part, autant j'approuve la présence plus forte de la basse, ce qui donne une puissance et un groove supplémentaire au groupe, autant je trouve le son de la batterie assez synthétique (notamment sur la grosse caisse) pour un genre qui sent la sueur des concerts dans des squats, et pour qui un son plus brut correspondrait peut-être plus au style.
Au final, l'album est salement efficace, mais comme beaucoup du genre, les titres sont toujours un peu ridicules, mais comme beaucoup du genre, et les paroles à l'avenant ("Destroy everything", "Mind over all"…) les compositions simples, mais comme beaucoup du genre. Reste qu'il y a toujours une petite partie de nous-mêmes qui se réjouit d'écouter très fort Hatebreed, ne serais-ce que parce Jasta enfonce pas mal de gueuleurs ; et en plus ça me donne envie de démarrer des concours de Capoeira dans mon F6-duplex dans le 7ème pour faire chier mes voisins (en l'occurrence Mathieu Kassovitz et Jamel, bravo les rebelles…)
Très certainement l'album à passer si vous voulez lancer un circle-pit à la boum de votre petit cousin. En plus c'est rigolo, on peut taper les plus petits que soi.
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