Hatebreed - For The Lions

Une fois n'est pas coutûme, commençons par la fin en énonçant le verdict sur ce qui restera à mes oreilles comme le lauréat de l'auto-radio award 2009. HATEBREED qui s'attaque au meilleur de la scène thrash, hardcore et crossover ? Comme une évidence, « For The Lions » s'avère être un tribute album de haute volée, aussi inattaquable quant aux préposés au ravalement de façade que dans le choix des morceaux eux mêmes, Jamey Jasta et ses boys ayant ici le mérite de ne pas (toujours) faire dans la facilité. Plus qu'un simple amoncellement de titres sans queue ni tête – défaut récurrent qui plombe la plupart des albums de reprises - « For The Lions », non content de livrer délivrer nombre d'interprétations égales aux originales, est aussi solidement charpenté, la dynamique du tracklisting et l'homogénéité de l'ensemble, très cohérent, facilitant grandement les 48 minutes d'écoute. Entre autres remarques d'ordre général, on notera l'excellente tenue des solis et une interprétation très fidèle des oldies, le registre abrasif de Jasta, un batteur affamé et le gros son de rigueur suffisant à éclairer les versions d'origine sous un jour nouveau. Passage en revue des principales forces métalliques en présence :


Ghosts Of War (SLAYER)

A force de tanner Kerry King et Jeff Hanneman en tournée, les vétérans du thrash ont fini par le sortir du placard (remember Hellfest 2007) ce fameux sixième titre de « South Of Heaven ». Histoire d'entamer les hostilités de la manière la plus radicale qui soit, HATEBREED reprend à son compte le gimmick initial (le riff de « Chemical Warfare » joué en sourdine) avant de délivrer un uppercut sonore à recracher tous ses chicots, un par un, en secouant la partie du crâne encore réactive sur ce classique du thrash US, violenté ici avec la grâce bovine d'une bête de somme.

Refuse/Resist (SEPULTURA)

Encore une reprise de « Refuse/Resist » vous me direz. C'est exactement ce que j'ai pensé en dévorant des yeux le tracklisting et si le rendu est plus que correct – surpassant sans forcer les récentes tentatives de KRISIUN et CATARACT en la matière – j'ai probablement trop usé le standard des brésiliens pour ne pas embrayer illico sur le bien plus frais « Supertouch/Shitfit » des BAD BRAINS. Quitte à se servir à tout prix chez « Chaos A.D. », le choix d'un titre moins évident comme « Clenched Fist » eut été préférable.

Evil Minds (D.R.I.)

Pas étonnant que cette bande d'enragés recueille autant de suffrages de la scène grindcore. 57 secondes montre en main, un riffing dont NAPALM DEATH use et abuse encore à l'heure actuelle pour un rendu brut de chez brut renvoyant dans les cordes aussi bien NAILBOMB que BENEDICTION. La grenade dégoupillée de l'album.

Suicidal Maniac (SUICIDAL TENDENCIES)

Premier extrait skate-rock du « Join The Army » de ST, avec un « Suicidal Maniac » un peu daté qui semblait se prêter parfaitement au petit jeu du remake décolle mâchoires. Bizarrement, malgré tout le soin apporté à l'interprétation et le coup de booster rythmique, difficile de faire oublier les solis héroiques de Rocky George et le flow de l'inimitable Mike Muir. Légèrement décevant donc, mais ça reste efficace.

All I Had I Gave (CROWBAR)

Après la collaboration entre Jamey Jasta et Kird Windstein sur KINGDOM OF SORROW, guère surprenant de retrouver CROWBAR au menu avec son sludge éreintant et reconnaissable entre mille. Comme un alligator dans ces eaux troubles et fétides, Jasta se livre à un beau numéro de mimétisme vocal, à tel point qu'on se demande si le véritable chanteur de CROWBAR n'est pas venu faire un caméo!

Life Is Pain (MERAUDER)

Voilà un groupe que je ne connaissais point mais leur « Life Is Pain », qui sonne ici comme une fusion de BOLT THROWER (le break à 1:19) et OBITUARY (riff ultra pesant et salves de double au moment du refrain) s'impose par K.O. comme la meilleure pioche de « For The Lions » avec l'excellente « Set It Off » de MADBALL. Même le solo ne déparerait pas sur un album des floridiens – période Allen West s'entend, on est loin des délires lead à la Ralph Santolla.

I'm In Pain (OBITUARY)

OBITUARY, puisqu'on en parle, aura donc eu la chance de sortir au moins un bon titre cette année. Non, ne cherchez pas sur « Darkest Days », leur dernier efferalgan en date (je sais, je m'acharne) et remerciez plutôt HATEBREED d'avoir tapé dans leur back catalogue en ressuscitant ce bon vieux « I'm In Pain » de « The End Complete »! Aussi malsaine que l'originale, avec une puissance sonore décuplée et un break de batterie légèrement rallongé, les solis et autres beuglantes actualisées lui rendant entièrement justice.

Escape (METALLICA)

Le meilleur pour la fin avec ce titre obscur de « Ride The Lightning », déjà repris par GOJIRA et dont HATEBREED fait quelque chose de forcément plus percutant. Le jeu de Lars, ne faisant peur à personne, pas même à Rick Allen, les additifs rythmiques de Matt Byrne font plaisir à entendre et Jamey Jasta fait même l'effort d'utiliser son chant clair sur le refrain! Fou rire garanti mais chassez l'ivrogne, il revient au goulot et c'est armé de sa plus belle voix de goret que le frontman prépare l'arrivée d'un solo copie conforme (et toujours aussi jouissif) de celui de Kirk Hammett. Outre le choix, osé mais payant, de se coltiner une vieillerie des Four Horsemen, on saluera le côté pousse au crime d'une reprise idéale pour beugler au feu rouge, la prestation hilarante de Jasta ayant rapidement raison des derniers scrupules.


Life is for my own to liiive my own waaayyy ... Life is for my ooown ... (comment ça ta gueule?)

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