Depuis quelques temps, la communauté hardcore est en émoi. C’est la panique, l’euphorie totale. Un bordel sans nom, et sans précédent depuis le concert – comprendre émeute – de
Bad Luck 13 Riot Extravaganza au Hellfest 2004 – la version américaine, pas celle de Clisson. Alors que l’année 2013 venait tout juste de toucher à sa fin, en ayant apporté son lot d’albums de qualité top-level, voilà que dès le mois de janvier 2014 un nouveau nom est apparu sur le label nantais Straight And Alert pour retourner la scène actuelle. D’ailleurs, c’est non sans fierté qu’en tant que Français nous pouvons nous vanter de la provenance de ce phénomène, qui n’est autre que la capitale de notre chère patrie, Paris. Mais alors, de qui s’agit-il ? Le suspense est insoutenable n’est-ce pas ? Je ne vous ferai donc pas attendre plus longtemps : ce groupe qui provoque l’ébullition se nomme Jack Move, et vous feriez bien de retenir ce nom si vous ne voulez pas passer pour un has-been à votre prochaine réunion des hardliners anonymes.
Il faut dire que les parisiens ont tout ce qu’il faut pour briller et créer le buzz au niveau international, que dis-je, intersidéral ! Prenez comme base le hardcore estampillé Boston années 2000 avec des influences telles que The Rival Mob, No Tolerance ou Mental (ce qui n’est pas rien niveau street cred car nombre de fans considèrent que les projets de Brendan Radigan et Justin DeTore sont de ceux qui maintiennent l’esprit hardcore « real and alive »), puis rajouter à ça des touches de NYHC bien old school à la Outburst ou Breakdown – ah cette fameuse
’87 Demo ! Vous l’aurez compris si vous êtes un minimum sensibles à ce qui se faisait au siècle dernier, Jack Move puise son inspiration dans le hardcore pur et dur, c’est-à-dire plus punk que metal.
A l’image de ses influences, le groupe nous gratifie de titres plutôt rapides, bourrés d’énergie et d’accélérations qui viennent relancer la machine après des breaks ou two-steps qui n’ont rien à envier à « You Gotta Fight », le morceau phare de la démo de Breakdown précitée. Pas un titre dépassant les deux minutes, on expédie l’affaire de façon courte et efficace en somme, porté par un chant hargneux mais pas dénué de flow. « The Union & I » qui fait office d’ouverture donne directement le ton : une fois passée l’intro saturée à gogo, tout s’enchaîne sans que rien ne semble pouvoir arrêter Jack Move et ses riffs groovy. De même, le dernier morceau « Breathe » est particulièrement réussi grâce à la batterie qui se montre plus agressive pour accompagner le featuring du chanteur de xDIGx, qui lui possède un timbre plus rauque, ce qui amène une touche « tough » qui fait toujours mouche chez moi. Pour parfaire le tout, le côté old school et brut de décoffrage est reflété par une production très crue et abrasive qui laisse les riffs dégueuler à droite à gauche sans pour autant gâcher leur qualité.
Maintenant que tout a été dit ou presque concernant la musique de Jack Move, vous devez vous demander pourquoi j’en ai fait des tonnes en introduction. C’est vrai quoi, encore des incapables qui singent toute la clique des groupes à la mode de Boston, aucune originalité, pff c’est pas comme ça qu’on va apporter du renouveau au hardcore. Mais sachez que si cette démo a déjà atteint le statut de « culte » en à peine trois mois, c’est à cause des affrontements terribles qu’a provoqué la découverte de « One More Year » quand les hardcore kids ont enfilé la cassette dans la fente adaptée. On a signalé dès lors de véritables batailles rangées, une guérilla urbaine moderne qui s’est étendue aux quatre points cardinaux sans qu’aucune force d’intervention ne parvienne à contenir le moshing intempestif de ces jeunes fougueux. Cette rivalité ayant scindé la scène en deux clans ennemis prêts à s'entretuer est pourtant tout bêtement due à un désaccord pour savoir quelle partie est la meilleure sur ce deuxième morceau (qui est sans conteste celui qui se distingue le plus) : d’un côté nous avons le riff dit « du joggeur fou » à 2:14 sur la cassette, et de l’autre à 2:32 le breakdown plébiscité par les hooligans – couramment qualifiés de « décérébrés » par la partie adverse. Vous pouvez jeter un œil au magnifique clip réalisé par l'un des trilliards de fans de Jack Move pour comprendre de quoi il en retourne. Peu importe votre choix, il faudra en faire un car vous ne pourrez pas échapper à la question qui tue quand vous vous ferez coincer dans une ruelle… « Alors coquine, t’es plutôt 2:14 ou 2:32 ? »
Voilà donc un très bon premier jet de la part de ces nouveaux venus dans la scène hardcore française (même si les bonshommes ont déjà du vécu dans d’autres formations), une recette pas forcément originale mais très bien exécutée, c’est déjà l’essentiel qui est assuré. Ils viennent rejoindre Raw Justice, ainsi que les autres groupes récemment signés chez Straight And Alert comme Cut Loose ou Clean Break en tant que gardiens de la flamme du hardcore old school, et il y a fort à parier que cette cassette n’est que le début des hostilités. Jack Move n’a plus qu’à faire sa promo en live en s’appuyant sur la qualité de ces quatre titres, vous aurez ainsi l’occasion de matraquer la bande de glandus – pour rester poli – supporters du 2:14 qui ne comprennent rien à la musique de toute façon !
PS : Je voulais rester neutre pour ne pas influencer le jugement des lecteurs, mais bon, premièrement personne ne lit mes chroniques d’habitude, et deuxièmement « fuck them all » comme l'a si bien dit monsieur Bessac. Shout out to 2:32 Crew bitch, on ne va pas se laisser emmerder par des rigolos trop faibles pour apprécier un vrai breakdown !
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