Loin d'être aussi *highly acclaimed* et transcendant que son label veut bien nous faire croire,
"A Healing Place" possédait néanmoins assez de charme pour m'inciter à aller fouiner dans le passé des Finlandais. A défaut d'être original, son minutieux travail de composition visait juste et avait le mérite de délivrer des morceaux particulièrement émouvants. La firme allemande leur offrant enfin une distribution européenne, The Chant compte bien battre le fer tant qu'il est chaud et continue sur son rythme de croisière soutenu de deux ans par sortie. Rien de très surprenant alors de voir arriver en ce milieu d'année 2014 leur quatrième opus ; ce qui l'est plus par contre, c'est la direction artistique que prennent nos sept compères.
Après deux albums entre rock et metal gothique,
"A Healing Place" marquait un tournant radical vers l'atmosphérique, une oeuvre non exempt de défauts qui dévoilait toutefois un nouveau visage séduisant à bien des égards. N'entendez pas par "New Haven", une référence à la ville portuaire du Connecticut. Après une petite cure de guérison, le groupe nous entraîne dans son nouveau refuge, un titre anodin au premier abord qui prend tout son sens dès les premières minutes de "Earthen". Ici, The Chant prend une fois encore l'auditeur à contre-pied et revient à ses premières heures. Terminé les airs naïfs, les ballades oniriques ; le propos se durcit et les ambiances s'alourdissent, synthétisant en 8 titres tout ce qui a été tenté auparavant. "New Haven" se situe à la frontière entre le rock de
"This is the World We Know" en moins lumineux, les expérimentations et errances de
"A Healing Place" et les couleurs de
"Ghostlines" dans ce qu'il avait de plus douloureux. Passé la surprise de ce revirement, on est finalement guère dépaysé. Avec moins de passages aériens et de chant fragile, les guitares reprennent leurs droits, plus incisives et s'essayant aux leads, tandis que la voix de Ilpo revet son timbre grave et poussé originel. Les claviers de Mari se font également plus discrets tout en restant un des principaux vecteurs d'émotion, si ce n'est le principal avec le chant. Volontairement plus brut et direct, l'album n'a pas été pour autant bâclé dans son élaboration et propose une foultitude d'arrangements qui lui confère une richesse à la hauteur du précédent volet.
Le charme et la sensibilité du précédent album laisse donc place à un rock finlandais plus conventionnel, une machine parfaitement huilée qui séduira probablement les amateurs de la première heure ; en ce qui me concerne, la sauce peine à prendre malheureusement. Contrairement à
"A Healing Place" dont la première moitié me retourne à chaque écoute, "New Haven" ne distille rien de spécialement marquant. Cette vision sombre de leur rock m'a laissé de marbre, bien moins inspirée que sur
"This is the World We Know" par exemple et desservie notamment par un chant qui a tendance à irriter sur la durée, à l'instar de
"Ghostlines". Dommage pour un groupe qui semblait avoir trouvé le bon équilibre. Leur musique s'illustre alors principalement sur les pièces les plus calmes que l'on retrouve sur la seconde moitié de l'album ("Drifter", l'inespérée conclusion "Come to Pass") où un univers se dessine enfin. Au final, c'est cette maîtrise de leur son et des ambiances qui sauvent ce quatrième essai du fiasco car malgré tout, la traversée de ces 50 minutes réserve de bons moments et de bonnes surprises. Si l'on ne peut pas vraiment reprocher aux Finlandais cette prise de risque après un troisième album bien accueilli, je n'en reste pas moins déçu par ce résultat qui ne reflète pas l'incroyable potentiel du septette.
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