Cela faisait 5 ans que j’attendais, curieux, des nouvelles de
MOURNING DAWN. Le groupe français m’avait fortement marqué en 2007 avec un album éponyme de black désespéré puis il avait confirmé son talent en 2009 avec un
For The Fallen certes un peu moins inspiré mais toujours efficace, capable de nous plonger dans une obscurité malsaine. 5 ans ont donc passé, mais sans qu’il n’y ait de défection dans le lineup. Le quatuor est toujours identique, avec des membres actuels ou anciens de
BRAN BARR,
AD VITAM AETERNAM ou encore
FUNERALIUM mais ils ont surtout mis l’accent sur leurs côtés doom, comme mes confrères l’ont remarqué sur leurs webzines respectifs :
« Les initiés du genre Doom Metal au sens large connaissent déjà MOURNING DAWN, c’est un acteur principal de la scène affiliée Black/Doom française. Les références à FUNERALIUM sont nombreuses bien entendu mais c’est également vers DEINONYCHUS ou BETHLEHEM, les patrons du genre, qu’il faut voir l’influence principale ou vers ATARAXIE et MOURNFUL CONGREGATION et son Funeral Doom Death Metal de premier ordre, les breaks très down tempo qui émaillent cet album sont excellemment bien gérés et s’ils ne révolutionnent pas le genre, nous ne nous retrouvons pas non plus face à des phases déjà maintes fois entendues. (...) Ce troisième album amène nos Français à un niveau bien supérieur même si on pourra reprocher une certaine longueur avec plus d’une heure de musique dans un style aussi dense. »
Aymerick Painless (Heavy Sound Webzine)
« Ce troisième album est comme on dit dans le milieu des journaleux « celui de la maturité ». Pendant sept titres, le quatuor t’explique que le soleil ne brille plus.
Ben oui, le domaine de MOURNING DAWN, c’est la Première Guerre Mondiale, la Grande Guerre. (...) Le groupe maniait avec brio le doom/black sur son précédent album. Il franchit une étape encore en mêlant les influences et les genres pour construire une œuvre monstrueuse. La frontière entre les genres a disparu et Les Sacrifiés est l’œuvre chaînon-manquant entre BETHLEHEM, SHINING et MOURNFUL CONGREGATION. »
Skay (VS WEBZINE)
« On a donc là un album qui peut dérouter par son aspect assez violent, il faut savoir que le but du groupe est de proposer une musique violente et sombre tout en évitant les stéréotype du Metal, mais a mon sens il est difficile de ne pas caricaturer l'album dû aux éléments qui le composent. Je n'accroche pas spécialement à cause du manque de registre, une nouvelle fois l'album est, d'après moi, trop linéaire au niveau des compositions ou du chant, néanmoins le groupe apporte sa touche au style Black Metal. »
Kévin (Metal Cut)
Et là, lecteur, tu te dis « Le Sakrifiss il ne se fait pas chier à citer les autres ! Il n’arrive pas à trouver lui-même les mots pour décrire ce qu’il ressent ? ». Eh bien non, je voulais d’une part féliciter mes collègues virtuels qui ont déjà décrit l’album, comparer leurs opinions et surtout... surtout vous faire comprendre ce que l’on peut ressentir à l’écoute des « Sacrifiés ». En faisant un assemblage de citations, ma « chronique » est devenue une « revue de presse », un « pillage » pour les plus sévères d’entre vous. Mais ce n’est sûrement pas une révolution littéraire. Et en ce qui concerne
MOURNING DAWN, c’est la même chose. C’est à dire que le groupe a effectivement très bien bossé et est parvenu à mettre bout à bout efficacement des éléments empruntés à ses influences de gauche et de droite. Et c’est indéniable, l’album est bon. Mais je voudrais me concentrer sur le « mais ». Il reste le sentiment de ne pas avoir quelque chose de personnel, et donc celui d’écouter des « titres revue de presse ». Ce n’est pas une tragédie, ce n’est pas un scandale, mais c’est un fait qui m’empêche de trouver cet album aussi génial que certains l’on annoncé. Il faut rester logique avec soi-même et si je lui mettais 8/10, cela signifierait que je devrais mettre 15/10 à
DEINONYCHUS et 11/10 à
BETHLEHEM par exemple... Non, il faut respecter un certain échelonnement et avouer qu’aussi « mature » que soit
MOURNING DAWN sur cet album il n’a pas l’étoffe d’un groupe culte ou indispensable.
Ce qu’il manque aux
Sacrifiés ? Seulement de l’originalité ou de la personnalité ? Pas nécessairement. Le principal reproche vient au contraire de ce que la formation a « gagné » avec le temps : cette « maturité » ! Car ce n’est pas toujours une qualité, la maturité ! Cela sous-entend que le groupe est devenu plus professionnel et donc moins amateur, comme si « l’amateurisme » était une tare. Alors qu’en fait, dans la musique en général et le metal en particulier, la maturité fait souvent perdre de la spontanéité et de la folie. Justement j’aurais aimé que les compositions de ce nouvel album se libèrent plus, comme c’était le cas sur le premier opus, à la fragilité et à la sensibilité plus tangibles, plus marquantes. Ici, c’est vrai qu’on frissonne, mais moins qu’avant.
Cet album incontestablement réfléchi et bien joué, avec un doom teinté de black exemplaire, touche moins. Sauf effectivement si vous êtes en condition pour l’apprécier. C’est aussi ce qui le différencie des chefs d’œuvre du genre qui viennent vous attraper par le fond du slip et vous bouleverser alors que vous ne vous y attendez pas. Ceux-là sont capables de convaincre les sceptiques et de convertir un individu lambda à ce style de musique.
Les Sacrifiés, non. Il ne parlera qu’à ceux qui le voudront bien. C’est pour cela que les meilleures écoutes que j’ai eu de l’album étaient celles du soir, celles de l’obscurité, celles où je me préparais à le recevoir. Il fallait que je sois prêt pour l’apprécier. C’est vrai que c’est déjà ça, déjà mieux que beaucoup d’autres groupes insipides. Je suis d’accord, on ne peut pas réclamer à toute sortie d’entrainer des vocations et c’est déjà une belle réussite que de parvenir à contenter un public. Ne voyez donc dans mes critiques que la volonté d’expliquer pourquoi cet album est bon sans être génial.
Par contre, la galette bonus m’a beaucoup déçu et a été de trop. Je vais éviter de m’étendre dessus mais entre des morceaux faibles, parfois même pénibles, et une reprise laborieuse de
PARADISE LOST (Rotting Misery), j’ai été obligé de me forcer pour l’écouter plus de trois fois. Finalement, je l’ai rangée après dix écoutes dans son boitier, et elle n’en sortira sûrement plus jamais... Je ne la prendrais pas en compte dans ma note, parce que c’est un « bonus », mais j’ai vraiment hésité parce que même si le gâteau Bonux est gratuit, je ne suis pas sûr qu’on soit ravi s’il s’agit d’une brosse à dent usagée... On ne se dira pas « Oh c’est un bonus, alors c’est pas grave ! », mais l’on fera une belle grimace de dégoût, à moins d’être fétichiste... à moins d’être plus doomeux que blackeux. Je sais que certains des chroniqueurs cités plus haut sont parvenus à l'apprécier...
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