Mourning Dawn - The Foam of Despair
Chronique
Mourning Dawn The Foam of Despair
On poursuit cette fin d’année très, très doom dans l’esprit avec The Foam of Despair, le dernier né de Mourning Dawn, groupe francilien que, de nouveau, je ne te ferai pas l’injure de te présenter par le menu. Adepte d’un doom très sombre, quasi black par endroits, le combo parisien accouche là de son déjà 6ème album longue durée, fruit d’une discographie qui avait démarré, selon mes goûts, sur les chapeaux de roue avec un Mourning Dawn de toute beauté et surtout Les Sacrifiés, album référence pour ma part dans le créneau. La suite m’a moins touché ou m’a paru plus anecdotique dans ce champ musical.
Du coup, qu’attendre de ce nouveau venu ? Il y a d’abord cette pochette énigmatique d’un homme perdu au milieu d’un jour blanc, percé de flèches mais toujours debout. Puis la durée interpelle aussi, bien plus ramassée qu’à l’habitude avec ses petites 46 minutes pour 6 titres. Enfin, la présence de Laurent « Pokemonslaughter », toujours leader, toujours fidèle au poste, que j’ai souvent croisé avec plaisir dans les colonnes de Guts of Darkness, webzine ami et aimé, mais aussi de Fred Patte-Brasseur des grands Ataraxie, Funeralium ou Despond.
D’emblée, disons-le clairement, l’album vaut le détour. Globalement opaque et nocturne, en dépit d’une pochette d’un blanc immaculé, The Foam of Despair est, comme le Shining de Kubrick en est le pendant visuel, la démonstration sonore que la terreur peut provenir non du Noir mais du Blanc. L’ambiance globale est très sombre, pesante, le sludge qui coule littéralement des guitares appuyant davantage encore la sensation de lourdeur monolithique du tout. Tomber du Temps ouvre ainsi l’album sur des accords menaçants et rampants, sorte de basse égrenée de manière désinvolte, juste appuyée par la voix réverbérée de Laurent. Les mélodies sont présentes, fondues dans la masse, qui permettent à ce premier titre d’ondoyer lentement. La voix qui tapisse l’arrière-plan sonore, parlée, renvoie directement à Cthulhu, à la découverte des Montagnes Hallucinées, à la progression dans le blizzard opaque d’un homme à la rencontre des Grands Anciens. Borrowed Skin, le troisième morceau, s’inscrit dans cette ligne directe, dans ce voyage halluciné dans des mondes parallèles. Le riffing appuie sur ces aspects, souvent chaotique, souvent en accompagnement de la folie qui se dégage de la voix. Blue Pain tranche pourtant d’un coup avec ces ambiances, notamment son départ rythmé, avant que très rapidement un faux calme ne s’installe de nouveau, mélange de voix désespérée et ouatée, sur un rythme étrange, mi dynamique, mi rampant. La folie demeure pourtant le fil rouge de ce titre, qui semble éclater dans plusieurs directions, parfois difficiles à suivre, la basse « grattant » la structure comme une sorte de grumeau mal digéré.
Le son, très propre, très puissant et relativement naturel, donne beaucoup d’amplitude à cette première partie de l’album, de la profondeur aussi.
La seconde partie de l’album, qui débute avec Apex, traduit des expérimentations plus nombreuses, des arrangements plus audacieux. Les titres qui clôturent l’album – Suzerain et The Color of Waves – n’hésitent pas à aller puiser dans l’electro. Les loop electro tournoient ainsi au-dessus de la structure comme des vautours autour d’un cadavre ; elles appuient des guitares mélodiques et tranchantes à la fois, pour une progression très naturelle, dopée par un son qui rend une impression de profondeur très appréciable. Le relief apporté par la voix parlée sur une structure dynamique est saisissant ; il rappelle par instants, proximité intellectuelle oblige, The Great Old Ones dans cette manière d’alterner passages calmes et déclamés et tempête sonore. The Color of Wave en est une illustration parfaite, synthèse de pesanteur doom écrasante et de ponts lumineux et aériens qui coupent la dynamique pour mieux la relancer dans une atmosphère de folie maitrisée. Apex, lui, renvoie des ambiances plus difficiles à lire, chaotiques, réverbérées, hypnotiques, un peu à la façon – en moins prenant tout de même, en moins talentueux aussi, il faut le dire – d’un Silencer ou d’un Bethlehem, d’un dark metal trempé dans l’insanité d’esprit. C’est lourd, clinique et immersif.
Je le répète, 2024 est une belle année pour le doom. Mourning Dawn s’inscrit aux côtés d’autres grands noms et pose sa pierre à l’édifice. The Foam of Despair est beau, magnifique dans ses mélodies et dans la folie pure qu’il dégage comme dans la variété des ambiances qu’il propose.
| Raziel 1 Décembre 2024 - 523 lectures |
|
DONNEZ VOTRE AVIS
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
AJOUTER UN COMMENTAIRE
Par gulo gulo
Par AxGxB
Par Jean-Clint
Par Raziel
Par Sosthène
Par Keyser
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo