Il y a des choses que l’on aimerait avoir et auxquelles on n’aura jamais droit : un album magistral de bout en bout de la part de Rorcal en fait partie.
Car oui, commençons directement par ce qui frustre dans cette collaboration avec le projet noise Earthflesh – qui n’en est pas vraiment une, Bruno Silvestre Favez ayant longtemps été un membre de Rorcal –, à savoir cette impression de s’arrêter à la surface de l’abîme qu’il dessine, de tourner autour sans jamais la pénétrer pleinement, comme une carte de visite aguicheuse mais ne laissant aucun espoir d’entrer en contact plus longtemps. Sentiment bien connu de la part des Suisses, où la constance et l’intransigeance se parent d’une certaine humilité, sa personnalité intrinsèque ne visant jamais des hauteurs excessives, pour le meilleur et pour le pire.
Et pourtant, une fois cette frustration évacuée – aisément, un disque n’étant que bon n’en restant pas moins… bon –, quel bonheur de retrouver ce style si particulier, de la part de ceux qui sont désormais les seuls à le jouer de si belle manière ! Inutile de refaire l’état des lieux des groupes « blackened » s’étant cassé les dents à aller trop loin, à afficher une imagerie dangereuse ou dérangée pour finalement laisser ennuyer :
Witch Coven, lui, rappelle que Rorcal est bien un des rares à encore réussir à nous emmener avec lui vers ce genre de route pavée jusqu’à l’apathie, donnant ce qu’il faut de nouveauté à son doom abrasif / black terrassant pour nous transmettre ce frisson qui intrigue et emporte, tel que l’expérience
Muladona avait déjà réussi à le faire.
Enième déclinaison de la révélation
Világvége à la table des lois toujours autoritaire grâce à l’ajout de sentencieux amendements :
Witch Coven donne des airs liturgiques (l’entame de « Altars of Nothingness » où participe notamment l’ami de longue date Michael Schindl, leader de Impure Wilhelmina) et industriels à la recette éprouvée et éprouvante des Suisses, l’habillage bruitiste de Earthflesh se mariant parfaitement aux martèlements terrassant d’intensité de la formation. Des pas de côté qui suffisent à se prendre au jeu, tant les deux titres ci-présents sont pensés de bout en bout, la durée expéditive de l’ensemble se rattrapant par une densité de chaque instant.
De légères longueurs sont tout de même à déplorer, notamment durant le dernier tiers de « Happiness Sucks - So Do You », moins dévastateur qu’escompté quand arrive le point final. Mais là n’est pas l’essentiel : Rorcal continue de construire, pas à pas, une discographie plus marquante que les albums la composant, chacune de ses allitérations œuvrant à la construction d’un grand Tout unique – et
Witch Coven en est une nouvelle preuve, tant il fait se sentir chanceux d’avoir encore un projet comme celui-là, capable de mettre de belles roustes au sein d’une scène disparue aussi vite qu’elle est venue. Un groupe précieux malgré son manque de grandeur, dont la dernière manifestation est clairement à écouter !
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