Terminé. Terminé de considérer Monarch! comme un groupe culte pour doomster extrémiste, reconnu par tous, suivi assidûment par peu. Terminée l'impression de stagnation à variations légères que donnaient les Bayonnais façon « tu en as un, tu les as tous », ainsi que la surprise de les voir continuer bon gré mal gré leur délire droning Hello Kitty charmant de loin mais relativement gênant ces derniers temps, particulièrement lors d'un
Omens proche de la débâcle (évitée de justesse par la prestation d’Émilie a.k.a. Eurogirl). Monarch! s'est réveillé, et compte bien nous transmettre ce qu'ont contemplé ses yeux péniblement ouverts, lourds, rouges et éblouis comme lors de la plus belle des gueules de bois.
Point de canonisation à l'ordre du jour, Monarch! a encore énormément de choses à dire ! Si l'on retrouve ce qui faisait son attrait sur son fameux split avec Elysiüm (de loin la collaboration la plus improbable et réjouissante qu'il m'ait été donné d'entendre), la formation suit le pas de sa récente signature sur le label Profound Lore – SubRosa, Grayceon, Occultation et autres groupes rappelant que beauté se conjugue au féminin – en tirant son drone/doom « ultra » vers une magie qui, dans sa nudité jusqu’au-boutiste, vise l'émotion la plus pure. À croire qu'ils ont décidé de répondre à leurs siamois de Year of No Light et leur bande originale du film « Vampyr » par des guitares visant l'âpre lumière de « La Passion de Jeanne d'Arc », les Français transcendent leur musique, la mêlent désormais au doom le plus fatal. Majestueux écouté distraitement, terrassant de tristesse affronté de face,
Sabbracadaver navigue entre cauchemar et rêve dans un rituel qui, contrairement à ce que sa pochette satanique laisse penser, ne ressemble à rien de connu bien qu'il soit en tous points solennel.
Avec ses trois compositions aussi méthodiques que poétiques, ses passages élevés et sensuels,
Sabbracadaver paraît répondre aux douces sirènes du metal chargé en phéromones. Ce serait mal connaître les Bayonnais qui, fidèles à leurs habitudes, donnent dans le massacre de cordes et peaux avec un acharnement naïf, la maltraitance comme jeu d'enfant, au point d'attraper ici cette petite chose brute, viscérale et indéniablement hardcore qu'ont pu avoir les Abandon et autres Highgate. Si l'ajout de chœurs féminins enchante, le BDSM n'est pas prêt de se laisser promener au second plan, obligeant à serrer les dents lorsque surgissent ses accords frustrés, poussifs, marchant lentement vers la lueur.
Ascèse, meurtrissure puis ascèse, meurtrissure et, après que la chair soit bien élimée, grâce fébrile précédant l'évanouissement... Aucun besoin de dire vers quelles hauteurs se dirige
Sabbracadaver : les plus spirituelles évidemment, mais partagées depuis des amplis situés dans les catacombes, donnant à leurs élévations une résonance brisant constamment la matière, dans une volonté d'aller droit au but malgré la taille monstrueuse des morceaux. Bien que Monarch! donne au départ le sentiment de construire ses montées et descentes avec une certaine prise de recul, les écoutes répétées finissent par montrer une immédiateté, un premier degré dans cette session entre sacré et supplice, qui laissent figé, émerveillé.
J'ai déjà pu montrer
mon incompétence à écrire sur ces disques prenant des allures de confessionnal, d'une sensibilité si rustre, universelle, qu'elle finit par révéler une partie cachée de notre mémoire. Le succès de
Sabbracadaver, derrière son caractère de grande œuvre maîtrisée et magnifique, est bien là : abandonner la pudeur pour mieux transgresser et finalement, toucher. Après toutes ces années, c'est ce que je continue de chercher en Art, quelque soit sa forme. Et, surprenamment, c'est désormais en priorité vers Monarch! que je tournerai mes recherches.
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