« Sakrifiss, on aimerait que tu sois un peu plus compréhensible dans tes chros. Ça fait quelques messages qu’on reçoit de lecteurs qui se plaignent de ton vocabulaire faussement élitiste. N’oublie pas que les fans de metal sont plutôt bourrins et particulièrement ceux qui aiment
1349. Alors comme tu vas chroniquer leur nouvel album, ce serait bien que tu écrives une bafouille plus directe et plus percutante, dans le ton de la musique. »
Ah ouais ? Bon bah alors c’est l’occasion de sortir l’ami Gégé, non ? Gégé, c’est le metalleux de base français, celui qui a toujours prononcé
1349 dans sa langue et se retrouve tout seul dans un fest à l’étranger à gueuler « Mille trois cent quarante neuf ! » en attendant que le groupe monte sur scène. Se rendant compte de sa bourde, il se reprend alors en hurlant encore plus fort : « Meuh non ouais, allez Un Trois Quatre Neuf ! ». Bref, Gégé quoi. Il ressemble à ça en situation normale.
Il est fier, il sait qu’il écoute de la musique de mâle. Mais voilà, en écoutant
1349 il a des réactions différentes. Il va nous aider à nous souvenir des anciennes sorties du groupe. Alors d’abord voilà ce qu’il s’est passé avec le premier album de 1349,
Liberation :
Réaction qui a été la même pour tous, grosse claque imprévue. Les cheveux se sont enfuis, la bouche semble vouloir susurrer : « Oh la vache », et la vache justement s’est planquée. C’est que
Liberation poutrait fort. C’était un gros coup de pied dans le fion qui en a surpris plus d’un à l’époque. Extrêmement bourrin tout en étant accessible, il a été une petite révolution dans le monde du black. Près d’un an plus tard sortait
Beyond the Apocalypse et Gégé, qui s’attendait à reprendre une grosse baffe, a eu cette réaction-là :
L’effet de surprise en moins, il retrouve ses cheveux, mais le vent souffle toujours aussi fort. Une suite logique qui faisait encore du bien, et c’est d’ailleurs la même photo qui illustrera
Hellfire, sorti lui aussi dans la foulée. Celui-ci bénéficiait cependant d’une production plus chaude, un bon point pour l’effet mandale, un mauvais dans le sens où l’aspect organique était amoindri. Mais l'extase de Gégé était encore bien là. Il a ensuite fallu patienter 4 ans pour que le quatuor toujours formé de Seidemann, Ravn, Archaon et surtout Frost (
SATYRICON,
GORGOROTH...) revienne avec de nouveaux titres.
Revelations of the Black Flame aura été aussi attendu que critiqué. Gégé ? Bah il avait moins la pêche :
Ah oui, c’était une douche, un coup de froid. Il a été rhabillé direct face à des incursions de titres lents, d’intermèdes chiants, d’ambiant facile... Toutes sortes de rumeurs circulaient alors, l’une affirmant que le groupe avait voulu faire chier son label (Candlelight) à qui il devait un dernier album avant de pouvoir en intégrer un autre (Indie Recordings)... Presque pour le confirmer,
Demonoir sortait vite après, l’année suivante, et reprenait un style plus familier, mais avec moins d’impact. Réaction de Gégé :
Eh bah Gégé ! Un petit coup de jeune hein ! Oui, parce qu’on retrouvait bien la patte 1349, mais elle ne griffait plus dans le même sens. On sentait que les Norvégiens voulaient nous faire mal, mais pas trop non plus. Des titres comme « Atomic Chapel » nous abattaient lourdement mais des intermèdes étaient placés entre chaque piste, histoire qu’on se remette... Bref,
1349 semblait prendre soin de nous, haine et gentilles attentions mêlées... Pas mauvais, pas convaincant... Nous étions alors en 2010, et il allait falloir attendre 4 ans pour avoir 8 nouveaux titres, pour savourer 38 nouvelles minutes, pour écouter
Massive Cauldron of Chaos. Alors ? Alors ? ALORS ? Quelle réaction mon Gégé ?
Ah bah merde alors. C’est la même que lorsqu’il ne connaissait pas
1349, le con. Mais qu’est-ce que ça veut dire ? Eh bien on va essayer d’expliquer ça. D’abord la bonne nouvelle, c’est que cet album est un véritable retour à la façon de faire des trois premières sorties, tout du moins dans ses lignes principales, celles qui consistent à détruire l’auditeur. Et cette fois-ci pas de chichis. Dès la première piste 1349 prouve qu’il est venu mordre. « Cauldron » ne fait pas dans la dentelle et représente bien la suite de l’album, principalement brut. Il fonce donc tête baissée et roule à 200 à l’heure. La pédale de frein devait être en option, elle n'a pas été ajoutée ! N’écoutez pas l’album devant une fenêtre, vous allez vous retrouver au rez de chaussée sans passer par l’escalier.
Mais l’on retrouve aussi des éléments accessibles qui ont fait la légende du groupe. Cela va être des refrains ou des mélodies élancées. Ces refrains sont par contre un peu trop téléphonés, comme sur « Slaves » et sa phrase récurrente qui donne envie de se taper la tête contre un mur dès la deuxième écoute : « The slaves shall serve ». Je salue quand même la performance parce que ce n’est pas évident à répéter sans zozoter. Euh, oui, c’est le seul éloge qui me vienne à l’esprit... C’est dommage parce que les riffs de ce morceau groovent à mort. Et justement c’est l’une des autres particularités de l’album : il n’hésite pas à groover. Les guitares ne sont pas avares et font un travail énorme. Elles sont d’ailleurs devenues plus importantes que la batterie, primordiale aux débuts du groupe. Cette dernière se démène encore, mais sans obtenir le premier rôle. En témoigne « Exorcism » sur lequel les guitares sont complètement folles, emportées par les variations. L’ami Frost martèle mais plus en retrait.
Et ces guitares ratissent plus larges que sur les albums précédents, avec de nombreux écarts vers le thrash. C’est l’évidence même sur « Mengele’s », l’un des meilleurs titres de l’album, ainsi que sur « Golem », morceau rentre-dedans d’une minute quarante aussi destructeur que le grand méchant loup soufflant sur la maison du premier petit cochon. Comparaison osée ? Débile ? Bon, bah comparez avec un groupe de thrash alors...
Les titres tabassent, les mélodies assassines sont de retour, les temps morts bidons se sont fait la malle, et pourtant Gégé n’a pas l’air particulièrement déstabilisé. Bah alors Gégé, qu’est-ce qui se passe ? Après plus de 10 ans de
1349, c’est difficile de te retourner la tête comme avant ? Tu t’es habitué à leur style et finalement tu ne retrouves pas les émotions d’antan sur
Massive Cauldron of Chaos ? Mais alors Gégé, là c’est toi qui est un peu fautif non ? Admets que le groupe fait des efforts pour te donner la musique que tu attendais d’eux. Bon allez, je te le concède, c’est moins percutant qu’il y a dix ans, mais c’est un peu rude de faire trop le difficile. Disons que ça te remplira les batteries quand t’auras un petit coup de mou !
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