Le Pré Où Je Suis Mort - Le Pré Où Je Suis Mort
Chronique
Le Pré Où Je Suis Mort Le Pré Où Je Suis Mort (EP)
Le Pré Où Je Suis Mort. Non bon d'accord, je vous avoue qu'on peut esquisser un sourire tant le patronyme de cette formation - visiblement prête à assumer sans problèmes tout les poncifs du genre - peut sembler cliché. Mais ceci dit, en grattant un peu on se rend compte que le nom vient d'un épisode d'X-Files : la vérité est ailleurs donc. Enfin, en tout cas, ce sourire va cependant très vite s'effacer à l'écoute des quatre titres proposés par ce groupe décidément très discret. Un E.P., un split et puis plus de nouvelles, ce qui d'un côté permet aux gens qui attendent leur retour, l'hypothèse d'un album surprise. On a le droit de rêver hein... D'ailleurs, les jeunes hommes sont plutôt des débutants en ce qui concerne le screamo et ne proviennent d'aucune autre formation antérieure, tout du moins, c'était le cas à la sortie de ce format court éponyme. Outsider donc, voilà le terme qui définit le mieux Le Pré Où Je Suis Mort au premier coup d’œil. Une pochette plutôt sobre, présentant une ville en noir et blanc qui m'a fait en premier lieu penser à la pochette du « Nothing Left To Fight For » de Malleus Maleficarum. En plus, il faut avouer que ce titre aurait également très bien convaincu aux quatre compositions qui forment ce premier essai.
Ce qui est clair et net dès la première écoute, c'est que si vous cherchiez un disque pour twerker avec votre anaconda, c'est mal barré car la première chose qui saute aux yeux, c'est l'ambiance qui est bien loin d'être à la fête, pour ne pas dire carrément plombante. Non seulement, le screamo n'est pas forcément un genre qui pousse à la grosse fiesta de base mais lorsqu'il est couplé comme dans le cas présent avec des accents post-rock et post-metal tirant proprement sur la corde des dépressions nocturnes, le résultat est tout simplement brut de tristesse. Finalement, cette sortie fait un peu ressortir à l'auditeur un héritage d'Envy, ou de formations comme Aussitôt Mort la faute à ce registre plutôt posé et au format des chansons assez long. Je trouve que d'un côté, on y retrouve aussi un feeling assez froid, voire scandinave. Mais ça, bon, c'est strictement personnel et c'est aussi la faute à cette production puissante, sèche et bien nette. On est un peu abasourdis à la fin d'une écoute de ces quatre titres tant ils sonnent comme de puissantes déferlantes émotionnelles, principalement véhiculée par un bon usage des guitares claires et de très nombreuses et judicieuses variations dans l'intensité du chant.
« One is the loneliest number that you'll ever do » disait en son temps Harry Nilsson. Et il renchérissait dans le second couplet d'un fort bien senti « No is the saddest experience you'll ever know ». Hé bien Le Pré Où Je Suis Mort, c'est à peu près ça : la frustration et la solitude amère étant les deux ressentis surplombant l'opus. Des premières notes d'un « Visions » absolument grandiose dans ses enchaînements et ses changements d'ambiance, fluides et bien construit au lent final hypnotique et semblant décroché de la réalité de « Silence », cet EP ne lâche jamais son auditeur, l'agrippant fermement à coup de montées en puissance et d'accalmies pures, grisâtres et stoïques. Côté texte, c'est plutôt pas mal et forcément, les noms de Daïtro ou Amanda Woodward peuvent venir en tête lorsque l'on entend le chanteur déclamer ou hurler ses paroles... Sans doute à cause de notre langue nationale, bien évidemment...
Jamais la petite troupe franco-suisse ne nous lâche durant cette trop courte et introuvable (en format physique tout du moins) première sortie éponyme. Les plus vaillants et accroc d'entre-vous peuvent toujours se consoler avec leur split en compagnie de Dolcim, Men As Trees et Dying In Motion ou tomber sur la bonne occasion Dicogs cependant, un nouveau pressage CD ou Vinyle ferait je pense plaisir à beaucoup de monde, donc messieurs des labels, si vous m'entendez ! Reste que tout cela est mis à disposition gratuitement par le groupe, notamment sur last.fm il n'y a donc rien à perdre et fort à parier que vous serez surpris par la qualité de cet EP dévastateur. Du beau, du clair, du triste, de la colère, des saturations et des accalmies : ce n'est en réalité pas plus compliqué que cela mais c'est une réussite pure et dure. Un disque chaudement recommandé aux amateurs et qui ne s'usera qu'au bout d'un nombre conséquent - voire carrément infini dans mon cas - d'écoutes...
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