Beaucoup l'auront attendu longtemps. Juste une petite vingtaine d'années séparent « Planet Satan » de son prédécesseur
« In The Streams Of Inferno ». Vingt-ans ou presque, c'est beaucoup, le monde a tourné et le Black Metal aussi... Pour vous dire Aphex Twin a été plus vite, c'est dire si Mysticum a été lent... On connaît le style propre aux norvégiens et il y avait deux hypothèses en cours pour ce retour sous les projecteurs. La première étant que Mysticum allait se contenter de sortir un « Streams » version 2014, chose qui ne m'enthousiasmait que peu, tant le pari de passer au-dessus de leur premier disque culte semblait impossible. La deuxième, complètement folle si l'on y réfléchit deux minutes, aurait été une remise en question profonde du trio, le poussant à innover et à renouveler le genre une seconde fois. Ouais, je vous l'accorde, il fallait être idéaliste pour y croire.
Au final, la premier hypothèse est confirmée directement à l'écoute de « Planet Satan » et son artwork décidément plus proche du discount et par conséquent de Planet Saturn. Cela dit, c'est très Mysticum et c'est finalement ce qu'on attendait d'eux en terme de visuel. « L.S.D. » avait été lâché en pâture aux fans, histoire de signifier que le retour de Dr. Evil et ses petit copains n'était définitivement plus une esbroufe. En résultait un titre somme tout correct sans pour autant bouleverser le fan laissant traîner son oreille par là... Cependant, on était déjà sûr que Mysticum resterait sur les acquis qui ont fait leur succès, comme si un mec les avait congelés en 1997 et réanimés en Août dernier. Rien de surprenant finalement, quand on sait qu'une partie des titres présents sur cet opus ont été composés à la suite des sessions de
« In The Streams Of Inferno ».
Aux premières écoutes, on est plutôt enthousiastes de retrouver un Mysticum classique façon madeleine de Proust mais bien vite apparaît le sentiment d'un travail bâclé et d'un manque crucial de renouvellement. Finalement, retrouver Mysticum, était-ce bien nécessaire ? Pas sûr, tant leur première livraison était un hit-album indépassable et tant l'aspect de rébarbatif et répétitif de ce dernier disque se fait sentir. Bon, les quatre premiers titres – surtout le quatrième d'ailleurs, « The Ether » et ses kicks apportant définitivement la seule touche de modernité des compositions – sont plutôt efficaces et arrivent à maintenir la barque à flot. Du riff classique, de la boîte à rythme carton-pâte et une production assez proche de la ré-édition de leur album précédent. Globalement, ça fait le boulot mais bon, on ne peut pas dire que c'est l'éclate absolue, qu'on saute partout, qu'on a envie de mettre ses poings dans le mur et de jeter des psilocybes dans la foule en folie. Malheureusement, on sent déjà arriver le fait que Cerastes et ses potes sont passés des Black Magic Mushrooms à l'omelette de bolets Satan servie chez mamie, avec ces riffs qui sont usés et ré-usés jusqu'à l'épuisement. En plus d'être du réchauffé, on a carrément laissé cramer la casserole jusqu'au roussi.
Faire du neuf avec du vieux c'est déjà un peu chiant mais alors faire du neuf avec du vieux qui tourne en boucle, c'est carrément la déchéance. La fin de l'album signe la mort définitive de Mysticum : un « All Must End » soporifique au possible qui singe de version pathétique un pseudo-délire cuivres-et-années-cinquantes triturés à coup de plug-ins Fruity Loops en téléchargement gratuit. La rythmique est certes catchy mais ce ne suffit clairement pas, le pire étant tout de même que ça dure sept minutes. Mais le meilleur est à venir, à savoir la dernière piste « Dissolve Into Impiety », piètre réplique ridicule de « In The Last Of The Ruins, We Search For A New Planet » et ses huit minutes et quelque d'ambiances tout juste digne d'un groupe de Dark Ambient formé quelque part en Picardie par deux ados fans d'Abruptum. La grosse catastrophe, en somme. C'est également amusant de voir à quel point le trio s'est auto-plagié, « Planet Satan » étant calibré exactement comme leur premier disque. Huit titres, un final ambiant, une durée presque similaire et un « All Must End » sensé représenter et reprendre le concept plus expérimental et « progressif » d'un « Crypt Of Fear ». Sans déconner les gars, vous pensiez qu'on allait pas le voir ?
Dans un format EP, cette livraison aurait pu laisser un souvenir correct seulement Peaceville a acheté les droits d'un album, ce qui pousse sûrement le groupe à rallonger certains titres comme le déjà-cité « The Ether » qui écope de six-minutes-quarante-neuf, alors qu'il s'en serait nettement mieux sorti sans ce remplissage flagrant. Tout les titres pâtissent indubitablement de ce manque de mélodies, de puissance et de ces longs passages où l'usine Mysticum tourne dans le vide telle une chaîne de montage Peugeot dans sa version Black Metal. C'est désespérant de subir la crise financière d'une manière musicale. On dirait les friches de Moselle ou du Nord-Pas-De-Calais... Bon, vous me direz, c'est le seul point où Mysticum a su être dans l'air du temps.
Indigeste, bourré à ras-bord de moments fadasses, complètement rétrograde sans avoir la saveur qui permettrait de faire la pilule sous la coupe du « vintage » et jouant sur l'unique aspect nostalgique, « Planet Satan » est un échec et un retour finalement bien triste pour les papas du Black Industriel. Pour faire simple, on est content vingt minutes avant de se faire chier et de regretter le retour d'un Mysticum qui n'a plus rien à faire là, à part signer de sa propre plume la caricature de sa trogne des mauvais jours.
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