Donner une suite au monumental
Consolamentum ne s’annonçait pas chose aisée. Afin de réussir dans son entreprise périlleuse, Ascension a choisi d’amadouer au préalable l’auditeur grâce à la sortie fin octobre d’un EP intitulé
Deathless Light sur lequel on pouvait trouver deux titres inédits dont un en préambule de l’album
The Dead Of The World. Pour illustrer cet EP, Les Allemands ont fait appel aux services de David Glomba de Teitan Arts. Exercice réitéré à l’occasion de la sortie de ce nouvel album sur lequel on retrouve d’ailleurs la même thématique de la chrysalide et du papillon. De là à y voir un quelconque symbole de la renaissance, il n’y a qu’un pas que je ne franchirai pas, vous laissant ainsi seul juge de cette possible affirmation.
Comme
Consolamentum quatre ans auparavant, c’est donc un 24 décembre, veille de Noël, que sort ce nouvel album. Un choix évidemment délibéré, une forme de provocation face à ce christianisme exacerbé en cette période de fêtes de fin d’année. Pour l’accompagner dans cette tâche, Ascension a une fois encore fait appel à quelques invités venus lui prêter voix fortes, à commencer par George Zacharopoulos aka The Magnus (Necromentia, Thou Art Lord, Principality Of Hell, ex-Rotting Christ) sur "Unlocking Tiamat" et Mors Dalos Ra (Necros Christos) sur "Mortui Mundi". De quoi rendre fiévreux d’impatience tous ceux qui comme moi attendaient fébrilement une suite à
Consolamentum.
Après un
Deathless Light fidèle à ce que l’on pouvait en attendre, Ascension reprend naturellement le chemin de ce Black Metal Orthodoxe qu’il a lui-même aidé à rendre "populaire" il y a quelques années (non, je n’oublie pas l’importance de Funeral Mist). Une absence totale de remise en question qui en dit long sur l’assurance et la confiance que porte en lui-même le groupe allemand. De quoi rassurer tout ceux d’entre vous qui n‘auraient pas encore posé leurs oreilles sur cette courte mise en bouche sortie il y a maintenant quelques semaines. Car si dorénavant l’effet de surprise ressenti à l’écoute de
Consolamentum tend bien entendu à s’estomper, il ne faut pas pour autant se laisser prendre au piège de ces basses émotions consistant à reprocher au groupe de se reposer sur ses acquis.
Que les choses soient claires,
The Dead Of The World est assurément l’un des meilleurs albums dans son genre. Un disque important qui marquera à n’en point douter cette fin d’année 2014 et cela pour les mêmes raisons que son prédécesseur. La seule véritable évolution en comparaison de
Consolamentum vient selon moi du format des compositions qui tend ici à s’allonger sensiblement. En effet, à l’exception de "Black Ember" (5:02) et "Unlocking Tiamat" (5:33), tous les titres font ici plus de sept minutes. Il semblerait donc qu’Ascension se soit laissé davantage de place pour la construction de ses atmosphères, mettant au passage encore un peu plus en lumière l’ambivalence de sa musique. Une ambivalence qui se traduit par une place plus importante accordée ici à ces séquences mid-tempo religieuses, presque ésotériques (les premières minutes de "The Silence Of Abel" et "Death’s Golden Temple", "Unlocking Tiamat" et cette déclamation faite par George Zacharopoulos, "Mortui Mundi" etc...) et cela en grande partie grâce à une qualité d’écriture toujours aussi incroyable, que ce soit dans la construction globale ou dans la mise en place de mélodies éblouissantes (les leads et soli sont à ce titre absolument remarquables). C’est ce contraste qui frappe le plus à la découverte de
The Dead Of The World, donnant ainsi presque l’impression d’une certaine baisse de régime. Or, il n’en est rien, puisque loin de nuire à la cohérence ou à la force du propos d’Ascension, cela vient renforcer toute la religiosité qui émane de ce disque de dévots. Une atmosphère lumineuse et religieuse sublimée par ces nombreux passages incroyablement saisissants desquels semble alors s’élever la toute-puissance du Malin.
Ceci étant dit, n’ayez aucune crainte quant à la capacité d’Ascension à créer du chaos. Ces séquences mid-tempo s’opposent ainsi en intelligence à ces passages beaucoup plus soutenus durant lesquels le groupe va instaurer une certaine forme de pression. Un rythme implacable et parfaitement maîtrisé, servi par une section rythmique infaillible (une qualité de blast irréprochable) et des riffs froids et insidieux dans la plus pure tradition suédoise et/ou allemande ("The Silence Of Abel" à partir de 3:20, "Death’s Golden Temple" à 3:47, les plus directs "Black Ember
", "Deathless Light", le début de "The Dark Tomb Shines" puis à partir de 3:00, "Mortui Mundi" à 3:10). Du Black Metal grand cru, beau et terrible à la fois, attirant et pourtant si menaçant. Ascension ne déçoit pas même s’il interpelle et fait s’interroger. Car de mes premières écoutes j’en arrivais à ressentir un soupçon de "déception" face à ce nouvel album probablement moins immédiat que son prédécesseur. Sentiment que je suis loin de partager aujourd’hui tant je reste subjugué par la qualité de ces nouvelles compositions capables de mêler à la puissance et à l’intransigeance du Black Metal, la beauté de mélodies et de séquences lumineuses débordant de cette dévotion à l’égard de Satan.
Peut-être un peu moins facile à appréhender que
Consolamentum,
The Dead Of The World se révèle être néanmoins un digne successeur à ce premier album qui, déjà à l’époque, avait beaucoup fait parler de lui. Nul doute qu’Ascension est donc attendu aujourd’hui au tournant avec ce deuxième essai longue durée qui méritera probablement quelques écoutes supplémentaires pour être apprécié à sa juste valeur. Quoi qu’il en soit, les Allemands viennent de prouver qu’ils restaient à ce jour les maîtres incontestés en matière de Black Metal Orthodoxe, se payant également le luxe d’étirer leurs compositions en longueur sans pour autant perdre en efficacité. On saluera au passage cette production plutôt naturelle qui offre lisibilité et grain aux compositions d’Ascension, plaçant les instruments légèrement en retrait en offrant ainsi à la voix le rôle de mener cette belle et grande messe noire. Ainsi, malgré l’absence de surprise,
The Dead Of The World réussi à se hisser au niveau de
Consolamentum sans aucune forme de discussion possible. Ascension est beau, Ascension est Grand, Ascension est Roi! All Hail Ascension!
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