S’il y a quatre ans je ne cachais pas mon enthousiasme à l’idée de découvrir
The Dead Of The World, deuxième album des Allemands d’Ascension, on ne peut pas dire que j’ai été saisi d’une excitation débordante à l’annonce de ce troisième essai longue durée. Le soufflé serait-il quelque peu retombé ? Il y a probablement un peu de ça. Il faut dire qu’entre la quantité de sorties et de découvertes faites entre temps, le nombre de groupes à s’être engouffrés dans la brèche d’un Black Metal dit orthodoxe et ce concert parisien début 2015 plutôt décevant, Ascension a fini par se faire oublier, doucement mais sûrement. Oui, je sais, c’est triste. Mais c’est comme ça, c’est la vie...
Sorti chez World Terror Committee, illustré par David Glomba de Teitan Arts et produit par ces messieurs Michael Zech (Secrets Of The Moon) et Victor Bullok (Dark Fortress, Triptykon),
Under Ether renoue avec l’ensemble des protagonistes déjà responsables de son prédécesseur. Certains y verront alors probablement un manque d’audace voire le choix de la facilité alors que d’autres y verront l’assurance d’une production soignée (au grain ici marqué) dont le point fort est de permettre aux compositions des Allemands de respirer et surtout d’irradier de cette ferveur religieuse qui marque à nouveau de son sceau ce troisième album. Quoi qu’il en soit, rien de très excitant pour quelqu’un qui suit Ascension depuis le début. Sauf que…
Sauf qu’
Under Ether se révèle en fait être une très bonne surprise ou en tout cas un bon rappel à l’ordre de la supériorité des Allemands en matière de Black Metal orthodoxe. En soit, la formule n’a pas spécialement changé, elle est même restée plutôt identique. C’est juste qu’ici le groupe a choisi de revenir à des choses plus simples et plus immédiates. Là où son prédécesseur s’étirait en longueur du haut de ses cinquante-cinq minutes,
Under Ether descend quant à lui sous la barre des trois quarts d’heure gagnant ainsi en efficacité et en lisibilité sans pour autant s’essouffler après seulement quelques écoutes. Aussi, même si j’apprécie encore beaucoup
The Dead Of The World, je trouve cette décision non pas salutaire mais en tout cas bienvenue de la part d’Ascension. Beaucoup plus facile à assimiler, passant à une vitesse folle sans même que l’on s’en rende compte,
Under Ether a pour lui une certaine "légèreté" que son grand frère, plus torturé, n’avait pas. Prenant moins de détours, les titres sont construits sur la base soit de séquences menées tambour battant (du blast nordique comme la scène norvégienne en pondait par paquet de cent au début des années 90) et de moments plus introspectifs amenant davantage de profondeur à l'ensemble.
Néanmoins, ce nouvel album n’en est pas moins bon ni fondamentalement différent pour autant. En effet, on retrouve sans grande surprise sur ce disque ce qui faisait déjà le charme d’Ascension depuis la sortie de
Consolamentum à commencer par cette atmosphère religieuse éclatante. Une ferveur transmise tout d’abord à travers le chant souvent déclamé de cet "inconnu" mal fagoté. Habité par le Divin (celui d’en bas, pas celui d’en haut hein), il va dispenser ses prêches avec la conviction d’un homme ébloui par une vérité qu’il sait irréfutable. Si tout au long de l’album la voix ne change pas particulièrement de registre (sombre et écorché), les intentions - entre hurlements, déclamations et susurrements - ne sont quant à elles pas toujours les mêmes et viennent ainsi nourrir ce sentiment de profonde et sincère exaltation qui émane de ces huit nouvelles compositions. Mais le mérite de ces ambiances ne revient pas uniquement qu’au chant. Les riffs menaçants et pourtant lumineux (et cela dès la très chouette introduction "Garmonbozia") dans ce qu’ils évoquent et laissent transparaître ainsi que ces superbes solos ("Ever Staring Eyes" à 1:46 et son feeling prog évident, "Ecclesia" à 2:03, "Pulsating Nought" à 2:30, "Thalassophobia" à 2:46 ainsi que cet élan Pink Floydien des plus sympathiques entamé subtilement à partir de 3:32 ou bien encore "Vela Dare" à 4:52 et surtout cette conclusion frénétique débutée à 6:53) dispensés par la paire de guitaristes y sont également pour beaucoup. Si je n'ai jamais voulu m'y risquer avant, la comparaison avec Secrets Of The Moon semble aujourd'hui assez pertinente, notamment pour cette ambivalence entre Rock (notamment la production) et Black Metal (beaucoup moins évidente dans le cas présent néanmoins). Bien entendu, il n’y a là rien de nouveau pour quiconque n’est pas étranger au Black Metal des Allemands mais le caractère plus immédiat de ces quelques titres rend le constat aujourd’hui plus évident. Oui, Ascension est bel et bien l’un des meilleurs groupes de Black Metal orthodoxe (désolé pour les fans de Batushka).
Album une fois de plus très riche et extrêmement varié sur le plan rythmique (beaucoup d’accélérations menées tête baissée mais aussi de nombreux moments plus en retenus toujours très bien amenés),
Under Ether constitue en ce qui me concerne une excellente surprise. Car si je n’ai jamais douté du talent des Allemands, son côté plus immédiat lui confère d’emblée un petit quelque chose d’évidemment plus accrocheur. S’affichant sous les quarante-cinq minutes, il est également aussi plus facile d’y revenir. Quelque part entre
Consolamentum pour cette efficacité constante et
With Burning Tongues pour la nature un poil plus abrasive de la production, il y a fort à parier que ceux ayant été quelque peu déçus par le torturé et tortueux
The Dead Of The World y voient là l’album de la réconciliation.
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