Dying Out Flame - Shiva Rudrastakam
Chronique
Dying Out Flame Shiva Rudrastakam
Alors ceux-là, il a été nous les chercher très loin le Dave Rotten! Au Népal, à Katmandou pour être précis! Allez, citez-moi un groupe de metal népalais, là, tout de suite. Ah on fait moins les malins hein?! Bon, j'avoue, je n'en connais pas des masses non plus. Juste un à vrai dire d'ailleurs, Binaash, qui fait du brutal death/grind. Comment le patron de Xtreem Music a-t-il eu connaissance de ce combo exotique qui n'avait jusqu'alors rien sorti, même pas une malheureuse démo? Aucune idée! Quoiqu'il en soit, il a eu le nez creux car Shiva Rudrastakam, premier full-length des Népalais de Dying Out Flame, s'avère l'une des très bonnes surprises de 2014 en matière de death metal qu'il aurait été dommage de ne pas faire figurer au bilan de fin d'année.
Car, si la formation attise déjà la curiosité de par son origine peu commune, c'est surtout grâce à son talent qu'elle convainc. Je n'attendais au départ pas grand chose d'un groupe de death népalais, même signé sur Xtreem Music. Mais dès ma première écoute, j'ai été soufflé par Dying Out Flame. Rien qu'au niveau de la production, d'une clarté exemplaire et d'une puissance de feu qui n'a rien à envier aux ténors du style. On est loin du cliché "pays du tiers-monde, son de merde". J'ai aussi été bluffé par le niveau technique très au-dessus de la moyenne de ce jeune quintette. La production et le niveau technique, deux choses primordiales dont on pouvait légitimement s'inquiéter au départ et qui se révèlent ici souvent supérieures à des groupes occidentaux plus connus et expérimentés. Avec ces bonnes bases, ne manquait plus qu'à Dying Out Flame de composer de bons morceaux. Non seulement les Asiatiques y parviennent sans peine pendant 35 minutes et six pistes, mais en plus, ils se montrent carrément originaux!
Pour se faire, ils utilisent à bon escient leur origine népalaise et la culture religieuse hindoue et védique qui va avec pour incorporer le tout à du death metal radical, résultant en un mélange savoureux et original de spiritualité et de brutalité. On connaissait déjà Rudra qui mixe metal extrême et folklore hindou. Impossible non plus de ne pas penser dans l'esprit à Nile et son brutal death des pyramides. Ou plus récemment au dernier Cult Of Fire qui baigne dans la même religion, à la différence que si les Tchèques y vouent un culte noir à la méchante Kali, Dying Out Flame se place du côté de la lumière et de Shiva le Bienfaisant. Pas tout à fait nouveau donc mais il n'empêche que ce Shiva Rudrastakam insuffle une vraie bouffée d'air frais dans une scène death metal qui manque souvent d'originalité et de personnalité.
Concrètement, comment ça se passe? Dying Out Flame joue du death metal avec un feeling plutôt old-school et un rendu moderne. Assez technique, non dénué de groove (bonne basse!) et de mélodie, le death metal du combo se fait souvent brutal et véloce. Il n'est ainsi par rare de croiser des blast-beats. Quelques gravity blasts du plus bel effet se font même entendre sur "Vayuputra" et "Maisasura Maridini", le titre le plus bourrin de l'œuvre! Et si le message du groupe est positif et religieux, il n'hésite pas non plus à noircir le tableau ("Shiva Rudrastakam" à 1'26 et 4'15, "Eternal Mother Of Great Time" et son tremolo dark à 2'47, idem pour "Vayuputra" en encore plus sombre à 3'41, "Trinetra Dhari (Three Eyed One)" à 0'41...). En gros, ça ne rigole pas, entre Morbid Angel et Hate Eternal. Les Népalais démontrent aussi un talent certain dans leur riffing, assez classique de prime abord mais qui dégage en fait quelque chose de suffisamment particulier pour intéresser. Qu'on se le dise, Dying Out Flame a de la personnalité, même sur les passages purement death! Les musiciens possèdent également un bon sens de la mélodie, dans les riffs dont ils sont rarement dénués, ou les leads. Niveau solo pur par contre, le groupe n'en offre qu'un, sur "Vayuputra". Un solo mélodique de très bonne facture qui en appellerait d'autres. Concernant le sens de la composition, le combo de Katmandou fait preuve là aussi d'intelligence en variant bien le rythme et les ambiances, sur des morceaux en général assez longs, peut-être un peu trop d'ailleurs parfois, avec plus de six minutes de moyenne. C'est que Dying Out Flame a beaucoup de choses à dire et qu'il vit sur un contraste méditation/violence qu'il est difficile d'établir sur des titres courts. Seul l'introduction de trois minutes "Praise Of The Omnipresent One" n'aborde que l'aspect spirituel en nous plongeant tout de suite dans l'univers particulier de la formation, à base de sonorités hindoues (flûte ici entre autres) et de chant féminin doux mais au débit très rapide et à l'intonation peu commune louant Shiva. Il faudra s'habituer à ces sonorités inhabituelles dans le death metal car Dying Out Flame incorpore fréquemment des breaks de la sorte dans son "Vedic Death Metal" comme il le nomme. Le chant féminin n'est pas rare, Nakchu Gurung faisant partie intégrante du groupe. Et le sitar, symbole le plus classique de la musique hindoustanie, est souvent de sortie. Sur tous les morceaux quasiment. Si elle apparaît la plupart du temps lors de breaks non death, elle peut aussi pointer le bout de son long manche sur des parties metal. À la fin de "Maisasura Maridini", elle sauve même ce passage au riff saccadé médiocre, rare faut de goût d'un groupe sinon plein de promesses.
D'habitude pas fan de religion dans le metal (qui plus est dans le death) qui a plutôt pour moi le rôle de la rejeter, je suis tombé sous le charme de Dying Out Flame. Il faut dire que je me montre plus tolérant envers l'Hindouisme ou le Bouddhisme, qui semble prôner une philosophie plus sympathique car moins restrictive et communautariste, qu'envers le Christianisme ou l'Islam qui continuent de nous emmerder aujourd'hui. Mais j'ai surtout une grande tolérance envers la bonne musique, exactement la raison pour laquelle on doit retenir le nom du groupe. Ce premier full-length présage ainsi du meilleur pour la suite. Les Népalais offrent sur ce Shiva Rudrastakam surprenamment bien produit un death metal à la qualité rare. Brutal, varié, efficace, plein de bons riffs et de mélodies, d'un niveau technique remarquable et à l'exécution exemplaire qui semble venir d'un groupe occidental expérimenté, Shiva Rudrastakam a aussi le bon goût de se montrer original en faisant cohabiter son death metal à la Morbid Angel avec des sonorités hindoues à base d'instruments traditionnels (sitar, tabala, flûte), de chant clair féminin et/ou religieux en népali, prières et hommages au dieu Shiva auquel l'album est dédié. On reprochera juste au Cult Of Fire du death des morceaux un peu trop longs, le manque de solos ou une pochette bof. Bref, on a vu pire comme critiques pour un premier album!
| Keyser 2 Janvier 2015 - 1001 lectures |
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