Stormwitch - Season Of The Witch
Chronique
Stormwitch Season Of The Witch
Stormwitch n'est certainement pas le groupe allemand de heavy metal le plus connu mais il fait partie de cette tripotée de formations plus ou moins cultes et plus ou moins underground qui ont fait l'histoire de la prolifique scène heavy/power/speed germanique des glorieuses années 1980. J'avoue cependant mal connaître la discographie de la bande d'Andy Mück alias Andy Aldrian, formée en 1981, séparée en 1994 et reformée en 2002. Tout du moins la période qui va de The Beauty and the Beast (1987) à Witchcraft (2004), le dernier album de Stormwitch, ce qui inclut tout de même six opus jamais écoutés. Pas la meilleure partie de carrière de la formation d'après les dires de beaucoup de toute façon. Car comme nombres d'artistes, Stormwitch vaut surtout pour ses premiers méfaits, sa trilogie magique plus proche de la NWOBHM que du son Teuton avec Walpurgis Night (1984), Tales Of Terror (1985) et Stronger Than Heaven (1986) qu'elle, je possède. Des titres tels "Cave Of Steenfoll", "Priest Of Evil", "Walpurgis Night", "Point Of No Return", "Night Stalker", "Rats In The Attic", "Slave To Moonlight", "Stronger Than Heaven" ou encore "Ravenlord" appartiennent à la postérité. La sortie de ce Season Of The Witch (bizarrement le même titre qu'un des morceaux de l'album de 2014 de Grave Digger, autre ancienne gloire germanique), plus de dix ans après sa dernière production, tout comme sa participation au Metal Assault fin janvier, était donc l'occasion de voir si le "black romantic heavy metal" de Stormwitch valait encore le coup ou s'il végétait comme nombres de vétérans qui feraient mieux d'arrêter. À voir cette pochette gothico-kitsch minable, j'aurais tendance à répondre par la négative avant même d'avoir écouté. Mais après tout, Stormwitch et les artworks ridicules, c'est une longue histoire d'amour!
La réponse, comme le laisse suggérer la note mitigée, tombe en fait entre les deux options. D'un côté, certains morceaux sortent du lot comme "Evil Spirit", "Taliesin", "Season Of The Witch", "At The End Of The World" (mon préféré, super refrain à chanter en chœur!) ou encore la ballade "Runescape" au charme désuet. Et de l'autre des pistes anecdotiques, en particulier sur la fin du disque ("Trail Of Tears" et "Harper In The Wind"). La version digipack comporte en plus deux bonus pas folichons, l'interminable "The Singer's Curse" et "Different Eyes", ballade clichée niaise au possible avec piano et guitare acoustique (et pourtant je suis très bon public pour les ballades hard/heavy!), rendant le dernier tiers du disque bien longuet. Dans l'ensemble, si l'album s'écoute sans déplaisir, il faut avouer que l'on reste loin des classiques de Stormwitch. La faute à deux choses principalement. D'abord la production faiblarde, notamment ce son de batterie ultra cheap, donne une sensation de mollesse énervante à des compositions déjà peu pourvues en rythme frénétique. Stormwitch n'a jamais été le groupe le plus rapide du monde mais il y avait de la puissance, du dynamisme et de la rugosité dans ses premiers albums. Là, c'est vraiment mou du gland, trop lisse, trop gentillet, et même les quelques riffs plus énergiques ("Last Warrior", "At The End Of The World") n'ont aucun impact à cause du son en carton. L'autre souci, c'est le manque d'inspiration des titres. Les guitaristes se contentent clairement du minimum syndical, livrant des riffs ultra classiques sans grande conviction mais suffisamment corrects pour ne pas s'avérer mauvais (l'expérience?!). Ils pondent aussi au moins un solo par titre, pas dégueux non plus. Mais en gros, ils ne se font pas trop chier! On pourrait aussi pointer du doigt une œuvre très kitschouille (beurk ces chœurs symphoniques sur le refrain de "Last Warrior"!) qui colle bien au look power metal rhapsodien du frontman. Par chance, le groupe évite d'en rajouter une couche avec des claviers, absents ici.
Pourquoi pas une note moins élevée alors? Parce que je le répète, malgré ce côté mollasson des compositions et de la production, le manque d'inspiration voire un aspect limite bâclé ou inachevé, Season Of The Witch s'écoute plutôt bien. L'album n'est pas trop long (35 minutes pour la version normale, bien suffisant) et les titres de 3-4 minutes s'enchaînent bien. S'il passe finalement pas mal malgré tout un tas de tares flagrantes, c'est le chanteur Andy Mück qu'il faut surtout féliciter. C'est lui qui se montre le plus à son avantage quand les autres membres font juste le taf. Le bonhomme a de beaux restes, réussissant encore à trouver de bonnes mélodies et rythmiques vocales dans un style heavy metal classique sans en faire trop (pas de montée aiguës théâtrale). Conscient de ses capacités forcément moindres que par le passé, il se limite à ce qu'il sait encore faire et il le fait bien.
Pas vraiment un retour en grande pompe, Season Of The Witch marque d'abord par la mollesse et le minimalisme d'un groupe qui nous avait habitué à plus de fantaisie et de pêche dans ses parties de guitares, du moins en début de carrière, ne connaissant pas le reste de la discographie des Allemands. Mais ce nouveau Stormwitch, certes très aseptisé, s'en sort au final pas si mal grâce à d'autres qualités, notamment un Andy Mück qui reste un très bon chanteur. Et puis ça fait plaisir de voir ce genre de groupe culte encore en activité, même si sa meilleure forme est très loin derrière lui. Pas du tout indispensable donc, encore moins mémorable! Un album néanmoins pépère sans prise de tête qui s'écoute facilement mais qui ne devrait satisfaire que ceux qui n'en attendent pas grand chose.
| Keyser 22 Février 2015 - 835 lectures |
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