Savez-vous que vous êtes entouré de rageux ? Mais si Madame, mais si Monsieur, en-tou-ré. Tenez, un exemple. Un groupe sort un best-of, qu’est-ce que vous allez entendre dire ? « Tiens, ils ont besoin d’argent », « Et un album pour les pigeons », « Ils feraient mieux de s’atteler à de nouvelles compositions plutôt que de nous gaver de ces titres archi connus »… Mais soyons bons, soyons zen, soyons conciliants ! Les best-of sont parfaits pour faire découvrir un groupe à un petit nouveau fan perdu, qui ne sait pas par quel album commencer. « A notre époque où Internet permet de tout écouter tout de suite, et où les forums de metal pullulent ? Mon cul ! » dit à nouveau le rageux. Calme-toi, prends un Chocapic.
Deuxième exemple, un groupe sort une version remasterisée, retravaillée d’un de ses vieux albums.
GORGOROTH,
DIMMU BORGIR ou
GRAVELAND, au choix. Vous allez croiser un rageux : « Tiens, ils ont besoin d’argent. », « Et un album pour les neuneus. », « Outrage, péché, peine de mort, décapitation ! ». Mais voyons, si vous possédez la version d’origine, qu’est-ce qui vous défrise tant que cela à découvrir un nouveau point de vue. Ce n’est pas un remplacement, c’est une version parallèle, c’est la quatrième dimension à portée de main. Alors le rageux, repose-toi, prends un verre de lait.
Troisième exemple, même si je sens que vous êtes déjà lassé : les albums live. Et là je sais bien ce que dira le rageux puisque je suis moi-même rageux face à ces sorties : « Tiens, ils ont besoin d’argent. », « Quel est l’intérêt de jouer des morceaux parfaits enregistrés en studio dans les conditions du direct ? Cela ne peut qu’être d’un niveau inférieur. », « L’aspect humain passe avant la musique, comme si je ne me contentais pas de déguster un plat mais que je me sentais le besoin d’aller voir le cuisinier dans sa cuisine en train de préparer le plat en question. ». Le rageux ne veut pas comprendre ce que signifient ambiance particulière ou communion avec un public. Il ne pense pas comme vous, il est rageux, il a besoin d’un Tic Tac.
Alors imaginez le rageux face à
Live at the Opera ! Celui-ci est à la fois un best-of de
SATYRICON, une version revisitée de ses tubes, mais aussi un live ! Le 8 septembre 2013, le groupe a fait un spectacle unique à Oslo, en compagnie de l’Opéra National de Norvège, devant un public venu du monde entier, Satyr remerciant en préambule les Japonais, les Canadiens, les Taïwanais et tous ces Européens venus les applaudir. Et la soirée a été belle, un succès autour du concept simple à imaginer mais difficile à mettre en place : la musique de
SATYRICON sans sacrifice, sans ralentissement, sans passer à des versions acoustiques pommade avec par-dessus des voix d’opéra, des tas de « AAAAAAHH AH AH AAAAAAH » de « OUH OUH, OUHOUH, OUHOUHOUH » ou encore de « LALALA LALA LALA » que la plupart d’entre nous, Parisiens de souche, aimons aller entendre dans notre deuxième jardin qu’est l’Opéra Garnier. C’est cela ouiiiiii.
En ce qui concerne les 14 titres joués, voici un petit topo, tout en considérant les albums « oubliés » :
Dark Medieval Times : aucun titre
The Shadowthrone : aucun titre
Nemesis Divina : 1 titre, « Mother North ».
Rebel Extravaganza : aucun titre
Volcano : 1 titre, « Rapined Bastard Nation »
Now, Diabolical : 4 titres, « Now Diabolical », « King », « The Pentagram Burns » et « To the Mountains ».
The Age of Nero : 2 titres, « Die by my Hand » et « Den siste ».
Satyricon : 6 titres, « Voice of Shadows », « Tro og kraft », « Our World, it Rumbles Tonight », « Nocturnal Flare », « Phoenix » et « The Infinity of Time and Space ».
Deux titres seulement tirés de leurs 5 premiers albums ! Les rageux diront qu’ils renient leur passé, les sages qu’ils ont estimé que les anciens titres ne colleraient pas à ce mariage musical original. Mais il faut aussi se rappeler du contexte. Il fallait aussi présenter le nouvel album qui sortait le lendemain du concert, le 9 septembre 2013, ce qui justifie que près de la moitié des titres choisis en proviennent. Comme je le disais plus haut, les morceaux sont joués avec une relative fidélité à l’original par les musiciens : Satyr et Frost accompagnés de Gildas le Pape aux guitares (Cocorico !), Steinar Gundersen (
ICS VORTEX) aux guitares aussi, Anders Odden (
CADAVER) à la basse et Anders Hunstad (SARKE) aux claviers. Les titres ne sont donc pas dénaturés, mais presque constamment épaulés par nos ténors et ténorettes (« Ouuuh, le gros nul qui invente du vocabulaire opérastique »). Ils sont parfois chargés d’entonner le refrain, chantent parfois les parties mélodiques à la place des guitares, ou s’ajoutent tout simplement au titre comme un élément supplémentaire. On remarque en tout cas qu’il y a eu une réflexion pour que ces ajouts ne soient pas répétitifs. Ils ne jouent pas toujours le même rôle. On aurait juste apprécié un peu plus d’interventions par un seul choriste. Ici, la trentaine d’invités chantent presque toujours ensemble - les rageux me diront « eh ducon, c’est le principe d’une chorale ! » - mais l’on sent qu’un « solo » aurait aussi pu faire frissonner. Il y a d’ailleurs un duo qui fonctionne bien sur « Phoenix », entre un homme et une MILF aux voix totalement dans le ton du titre, envoûtantes. On est deplus heureux de retrouver Sivert Høyem, le chanteur de la version studio, qui a fait le déplacement rien que pour pour ces 8 minutes de bonheur.
Si les mariages sont heureux (« Tro og kraft » est terrifiant dans cette version !) et que certains morceaux tel que « Die by my Hand » se redécouvrent ou atteignent une nouvelle dimension, dramatique, on ne dira tout de même pas qu’il faudrait que
SATYRICON répète la formule sur ses albums studios. C’est appréciable parce que c’est unique, parce que c’est différent. C'est d'ailleurs l'intérêt de ce live. Je suis généralement assez sévère avec l’exercice proposé en CD ou DVD, parce que si je peux comprendre le plaisir d’aller assister à un concert et partager un moment musical, j’ai plus de mal à apprécier le résultat dans mes écouteurs. Là, on trouve un plus, du neuf avec du vieux, qui justifie l'achat et donnera envie de réécouter le résultat. Qu’il nous plaise ou non d’ailleurs. C’est le concept qui est intéressant. Il est proposé dans ce coffret sous deux supports : un DVD et deux CD. Les versions CD s’écouteront plusieurs fois, sans véritablement lasser. On ne se demande jamais pourquoi on est en train d’écouter ce live au lieu des versions studio parce qu’on comprend bien qu’on est devant un autre « produit », sur laquelle la magie opère. Par contre, le DVD ne devrait pas être mis en boucle. Ou alors c’est que vous possédez un bar metal et que vous aviez besoin de mettre des images sur la télé de la salle. Visuellement il présente bien, très fashion et original. Les clients seront contents. On peut cependant lui reprocher que l’image ne soit pas au top, que le son aurait pu être plus puissant, surtout les voix de nos choristes qui sont finalement un peu trop en arrière...
Après
DIMMU BORGIR qui fait appel au Norvegian Radio Orchestra & Schola Cantorum Choir et
SATYRICON qui engage donc l’Opéra National de Norvège, on attend maintenant qu’un autre groupe tente la surenchère. Pourquoi pas
WATAIN en concert avec à la place des instruments les aboiements des chiens savants du Bangladesh ? Ou alors
CRADLE OF FILTH en tournée accompagné de Whoopi Goldberg et ses copines du gospel ? Ça viendra, et ça pourrait bien fonctionner aussi !
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