Désolé, ce sera sans moi pour cette fois. Pourtant, ceux ayant lu mes chroniques de
The One et
Psychurgy savent tout le bien que je pense de Crown, ce groupe bien de chez nous au potentiel fort caché derrière une modestie de surface. J'attendais donc avec une certaine impatience
Natron, album que je voulais adorer à tout prix, lui laissant de nombreuses chances de me séduire. On le voit à la note : sans être un désastre, ce n'est pas tout à fait le cas.
Car Crown, ce groupe qui avait fait de sa simplicité sa force sur
The One, devient trop simpliste sur
Natron. En premier lieu à cause d'une boite à rythme aux boum-boum semblant statiques, envahissants à en devenir crispants, ainsi qu'une musique qui, la plupart du temps, fonctionne sur un grand écart moment lourd/moment aérien bien trop marqué. Autrefois, les Alsaciens (aujourd'hui rejoints par Frederyk Rotter de Zatokrev comme membre permanent) parvenaient à insuffler du charisme à leurs compositions, soit par une ligne de chant accrocheuse, soit par des mélodies entêtantes : ces instants sont ici trop rares, pris à l'arrachée et avec beaucoup de patience, à l'image de « Serpents » et son final certes prenant et gazeux, mais arrivant bien tard.
Ainsi, Crown donne l'impression d'avoir du mal à sortir de sa formule, personnelle par le passé mais sonnant un brin clichée pour l'amateur de longue date souhaitant voir le trio exploser sur
Natron. Si les morceaux les plus typiques prennent le parti d'être plus longs que par le passé, ce pari ne s'avère pas toujours gagnant, laissant selon sa sensibilité une impression de verre à moitié plein (la deuxième partie de « Wings Beating Over Heaven », convaincante dans ses explosions suivies d'arpèges touchant au post-rock) ou à moitié vide (« Tension of Duality », composition effectivement duale, mais dénuée de nervosité). Étrangement, c'est quand Crown essaye d'être autre chose que lui-même qu'il est le plus intéressant, notamment durant le titre « Fossils » où les guitares semi-accoustiques, les rythmes plus enlevés et le guest de Kvohst (ex-Beastmilk, actuel Grave Pleasures) donnent un virage pop/post-punk au disque. Au départ inquiété par ces détours plus doux, accessibles (les claviers de « Flames » par exemple), j'ai été au fur et à mesure conquis par eux.
Mais il n'en reste pas moins que ces excursions hors des sentiers déjà battus et rebattus par Crown donnent à
Natron une allure d'album trop fourre-tout, manquant clairement d'un fil conducteur. Si les Français parviennent à maintenir l'attention le long de ces nouvelles quarante-neuf minutes grâce à une ambiance froide, synthétique, et quelques passages marquants, le sentiment final est celui d'une grande maladresse se cachant derrière les riffs autoritaires qu'ils aiment employer. Charmant sur
The One et
Psychurgy, barbant sur
Natron, ce côté « canard boiteux » fait une nouvelle fois attendre le jour où ces ferrailleurs se montreront pleinement à la hauteur de leurs objectifs, en dépit de qualités évidentes comme le chant de Stéphane Azam, toujours aussi fédérateur. Une œuvre d'entre-deux, entre atmosphère glaciale et humanité vénérée, accès de colère et mélancolie... mais aussi échec et réussite. La prochaine fois, peut-être ?
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