J'ai beaucoup de sympathie pour Adversarial. Parmi tous ces groupes de black/death metal ultra dark, occulte et chaotique qui pullulent ces derniers temps (Antediluvian, Mitochondrion, Portal, Impetuous Ritual, Malthusian...), notamment dans son Canada natal, le trio arrive à se démarquer de la masse, notamment grâce à un riffing personnel et une vraie identité musicale. Malgré des qualités certaines néanmoins, j'ai toujours trouvé qu'il manquait encore quelque chose au combo de Toronto. Son premier full-length
All Idols Fall Before The Hammer (2010) se faisait ainsi trop brouillon et était handicapé par sa production, en particulier la caisse claire casserole sur-mixée. Ce gros défaut avait en partie été gommé sur l'EP suivant,
Prophetic Plain Of Abyssal Revelation qui montrait des progrès tant en termes de son que de musique. Adversarial se trouvait sur le bon chemin pour exploiter son potentiel à fond. La suite de la discographie de la formation n'a ensuite fait l'objet que de deux splits avec Antediluvian (2012) puis Paroxsihzem (2014) avec lequel le groupe partage deux membres (dont un pour le live) et le même label Dark Descent Records, friand de ce type de death metal. Des splits que je n'ai pas écoutés. Je ne savais donc pas où en étaient les progrès d'Adversarial. C'est donc ce nouvel album sorti fin août chez la maison de disque américaine en plein boom qui allait me permettre de jauger la formation qui devait enfin franchir un cap pour prétendre compter sur la scène. Avec un titre aussi bad-ass que
Death, Endless Nothing And The Black Knife Of Nihilism et une pochette aussi réussie, ça commençait plutôt bien.
Malheureusement, le résultat n'est pas à la hauteur de mes espérances. Si le nom de l'album ne ment pas sur l'ambiance des plus sombres et chaotiques dégagée et si rien que certains titres de morceaux me collent le barreau ("Cursed Blades Cast Upon The Slavescum Of Christ", "Old Ruins Slumber In A Crushing Hatred Of Man", "Lone Wresting Hymns to the Warmoon Of Chaos"), la musique en elle-même pêche en de trop nombreux points pour que la déception s'éloigne. Pourtant, les Canadiens ont fait de gros efforts sur l'aspect sonore. On est loin des productions cliniques de certains (et heureusement d'ailleurs) mais le tout sonne de façon bien plus claire qu'avant, sans que cela ne nuise au propos chaotique d'Adversarial. Par contre la batterie, cette fois sous-mixée, reste le parent pauvre avec une caisse claire désormais en bois. En résulte un manque d'impact dommageable. Le jeu typé brutal death US du batteur entre semi-blasts lourds et blast-beats pas vraiment fulgurants n'aide pas à faire oublier le son perfectible de l'instrument.
Des soucis pas nouveaux pour le groupe et qui donc ne s'arrangent pas alors que l'on avait pu constater une petite amélioration sur
Prophetic Plain Of Abyssal Revelation. D'habitude, le trio de l'Ontario compense par un riffing intéressant ainsi qu'une ambiance prenante. Pour ce dernier, l'atmosphère ténébreuse, pessimiste, bestiale et tourmentée reste d'actualité, un des points forts de ce
Death, Endless Nothing And The Black Knife Of Nihilism qui porte décidément on ne peut mieux son titre. Pour le premier par contre, voilà ce qui fait le plus défaut à ce nouvel album. C'était pourtant la qualité première du combo ici beaucoup moins inspiré. Où est donc passé ce riffing particulier qui faisait sa force? On reconnait toujours la patte Adversarial qui évolue toujours dans une sorte de blackened death metal fondé sur du Immolation en plus tordu et extrémiste mais le groupe a fait un choix qui le rend bien moins intéressant à mes oreilles. Il n'y a en fait plus vraiment de riff. Terminé aussi cette légère touche mélancolique dans certaines mélodies. La formation a décidé d'utiliser à fond les dissonances et de tout donner pour l'aura de son œuvre au détriment des bases du death metal centrées sur les riffs. Comme beaucoup de nouveaux groupes du genre en fait, ce qui évidemment me déplaît. Si j'écoute du metal, c'est d'abord pour les riffs. Adversarial en fait à la fois trop et pas assez. Du coup on ne retient pas grand chose des neuf titres (dont une intro et un interlude inutiles comme d'habitude) qui composent
Death, Endless Nothing And The Black Knife Of Nihilism. Normal, il n'y a rien à retenir, c'est fait exprès. On retrouve bien un peu de groove ("Dissenting The Waking Shell" à 3'10), deux-trois riffs acceptables ("Immersion Void Paragon" à 1'40 bien dark, "Eonik Spiritual Warfare" vers 3'30 un peu à la Dead Congregation mais bien trop furtif, "Lone Wresting Hymns to the Warmoon Of Chaos"), quelques tremolos qui ressemblent à quelque chose (l'intro très Immolation de "Immersion Void Paragon", "Death, Endless Nothing And The Black Knife Of Nihilism" à 1'00 mais noyé dans le chaos ambiant) et même quelques leads brèves mais ça ne suffit pas pour me redonner le sourire. Il faut dire aussi que le disque, gros pavé monolithique ultra répétitif, souffre d'un manque de variation notable. Le seul aspect où le groupe s'est amélioré en fait, ce sont les vocaux plus variés et bestiaux.
Moi qui croyais en Adversarial malgré ses handicaps de départ, je dois bien admettre que le groupe peine à passer au niveau supérieur. Pire, il décline sur ce
Death, Endless Nothing And The Black Knife Of Nihilism en dépit d'une production plus facile à appréhender. L'absence de vrais bons riffs (de riffs tout court d'ailleurs!), la surabondance pénible de dissonances, le manque d'accroche, la répétitivité et la batterie en bois au jeu constipé, entre autres, en font une déception. Alors oui ça bourre, c'est bestial, obscur, radical, ça dissone à tout va, ça branle du vibrato, ça sort les harmoniques sifflées, bref c'est l'illustration musicale du chaos et du nihilisme comme nous le promettait le titre de l'album. Mais musicalement, je reste sur ma faim. Reste l'ambiance sinistre bien retranscrite et cette impression de chaos, de mort et de néant qui engloutit tout sans scrupule et sans espoir d'en sortir vivant. Adversarial propose toujours son jeu particulier et reconnaissable, qualité rare qu'il ne faudrait pas sous-estimer.
Death, Endless Nothing And The Black Knife Of Nihilism n'est ainsi pas un mauvais album dénué de qualité. On croise même de bons passages voire de bons morceaux entiers ("Immersion Void Paragon" et "Old Ruins Slumber In A Crushing Hatred Of Man" pour le duo gagnant). Il y a aussi et surtout ce quelque chose d'hypnotique qui, malgré de nombreuses faiblesses, obsède de façon inexplicable et qui m'empêche de dire trop de mal d'Adversarial. Comme si on regardait les abysses droit dans les yeux et que l'on s'y sentait irrésistiblement attiré, tout en sachant que ce ne serait pas une bonne idée de sauter. Il pourrait donc plaire à ceux pour qui ce que dégage une œuvre se place au-dessus de ce dont elle est faite. Le fond oui, la forme non, quoi!
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