Je n'ai jamais été un grand amateur de Draconian et au risque de me faire agresser par une armée de fans déchaînés, mon avis sur des albums tels que "Turning Season Within" ou "Arcane Rain Fell" (un jour chroniqués dans ces pages) demeure particulièrement mitigé. Toutefois, je dois bien avouer que
"A Rose for the Apocalypse" m'avait agréablement surpris : les Suédois avaient franchi un cap en terme d'émotion et d'intensité, aboutissant à de magnifiques hymnes doom/gothique et un album globalement bien équilibré entre violence et douceur. Puis patatra, le drame : un boulot exigeant, un gamin à élever et voilà que Lisa Johansson décide de quitter le navire. Coup dur pour le combo qui perd une partie de son identité et surtout une voix d'une rare beauté ; qu'à cela ne tienne, nos cinq rescapés décident de continuer l'aventure et projettent une nouvelle ère pour leur bébé à eux. De l'extérieur, on frémit et on se dit que musicalement ça devrait suivre mais qu'il manquera cette présence, ce charme incomparable. Enfin quand je dis *on*, je parlais de moi en fait. Et j'avais tout faux. Absolument tout.
Pas la peine de faire durer le suspense plus longtemps, parlons du remplacement de notre chère Lisa. Pour le job, les Suédois ont choisi une chanteuse en la personne de Heike Langhans, Sud-Africaine de naissance et résidant en Suède, une personne que je ne connaissais ni d'Eve ni d'Adam. Et puisque vous vous demandez ce que ça donne, je peux vous dire que ça donne plutôt bien. A vrai dire, dès sa première apparition sur l'ouverture "Heavy Lies the Crown", elle nous fait oublier Lisa et dissipe toutes les craintes liées au départ de sa prédécesseure. Son chant à la fois puissant et sensuel correspond exactement à ce dont avait besoin leur musique, portant à merveille toutes les émotions véhiculées par les mélodies tout en possédant assez de charisme pour tenir tête à la bête Anders Jacobsson. Chapeau donc pour ce recrutement, Tristania aurait dû passer par la même agence.
Avec une telle voix, il ne restait alors plus qu'à dérouler des compositions à la hauteur du précédent album et le tour était joué. Malheureusement, c'est là où j'avais le moins de doutes que nos compères dérapent. Alors que
"A Rose for the Apocalypse" faisait un peu plus pencher la balance vers sa facette gothique avec des hymnes marquants et une utilisation moins conventionnelle du chant féminin, "Sovran" fait marche arrière et retomber le groupe dans des travers qui éveillaient ma perplexité sur leurs précédentes productions. Retour donc à un doom plus linéaire et léthargique, très inspiré par Saturnus et son cota de leads et de narration, les refrains avec Heike en plus, le talent en moins. Ni bonnes, ni mauvaises, les compositions s'écoutent sans pour autant accrocher, trop plates, trop homogènes et surtout sans âme. Aussi volontaire soit-il, j'ai senti un sextette en peine, cherchant éperdument à sortir un air prenant de ces guitares aériennes, un refrain poignant de l'association entre Anders et la petite nouvelle... mais l'album ne décollera pas pour moi ; évidemment la brève apparition du chant clair de Daniel Änghede (Crippled Black Phoenix) sur "Rivers Between Us" n'y changera rien. Le constat est d'autant plus frustrant que le combo témoigne par moments d'un réel talent d'écriture, notamment en seconde partie d'album et plus particulièrement sur un "Dishearten" qui semble bien isolé. Alors soit je ne suis décidément pas fait pour Draconian (ce n'est pas impossible du tout), soit les Suédois se sont réellement plantés. En ce qui me concerne en tous cas, je resterai sur la bonne impression de 2011.
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