Sapaudia - Furvus Spiritus Ancellus
Chronique
Sapaudia Furvus Spiritus Ancellus
Quel est le split le plus regrettable de tous les temps dans le monde du black ? Sans aucun doute celui de WOODS OF INFINITY. Parce que le groupe était encore au top en 2011 au moment de son dernier album. Parce que les deux membres auraient très bien pu poursuivre ensemble. Parce que leur absence est très difficile à gérer, très difficile à avaler. Quel manque ! Et nombreux sont ceux qui partagent mon opinion et rêvent de leur retour. Espérons... on ne sait jamais... D’autant que le vocaliste Ravenlord semble avoir toujours un intérêt dans la musique et a bien accepté en 2003 l’invitation de La Sale Famine de Valfunde pour chanter trois titres sur Peste Noire : « Démonarque », « Niquez vos villes » et « Ode »...
Et bien figurez-vous que ce même Ravenlord remontre le bout de son nez à nouveau en tant qu’invité, mais ce qui est encore plus surprenant cette fois-ci c’est que c’est auprès d’un groupe français – encore – qui sort de nulle part. Qui avait entendu parler de SAPAUDIA avant ce premier album à part les 111 heureux bénéficiaires de la demo K7 sortie en 2013 ? SAPAUDIA est le projet d’un homme seul, d’un très jeune homme même puisqu’il est né en 1994. Mais il mérite louanges et respect encore plus encore que n’importe quel autre artiste pour faire revivre WOODS OF INFINITY à sa sauce. Car cet album est très imprégné du sceau des Suédois. Aussi bien la musique que les textes nous replongent dans leur monde désabusé. L’investissement de Ravenlord est d’ailleurs incroyable puisqu’il est allé jusqu’à écrire les paroles de deux morceaux et de les interpréter ! C’est donc lui qui ouvre l’album avec « Ensamtal » et «Isögd ». Sa voix, aaah, sa voix. Ce sont des souvenirs qui ressurgissent, des sensations qui envahissent tout l’être. Et la musique de notre jeune prodige français lui colle à merveille. Il parvient à reproduire les mêmes détresse, douceur désabusée, blessures profondes, et envies vaines de se débattre...
Les autres titres garderont la même patte, même si Ravenlord cède sa place sur les deux morceaux suivants à un autre phénomène suédois, à une autre pointure : Pessimisten. Peut-être moins connu, ses groupes ont pourtant tourmenté beaucoup d’amateurs de dépression : APATI et OFDRYKKJA (chroniqué l’année dernière avec A Life Worth Losing). Son monde est lui aussi bien sombre, et sa voix toute aussi expressive. Le bonhomme a lui aussi été convaincu par le Duc d’écrire des paroles et de les chanter. Ce qui explique les titres en suédois : « En skogens konung » et « Ett kallt öde, en värme för den döde ». Ce dernier est traumatisant. Il reprend avec une efficacité déstabilisante les thèmes de WOODS OF INFINITY, surtout l’enfance et la perte de l’innocence. « Le monde est laid les amis. Désolé les enfants, mais nous avons menti, dans la vie, vous allez en chier un max, et ça va même commencer maintenant... ». Le titre débute avec un enfant en pleurs tout de suite surmonté du « Petit Papa Noël » de Tino Rossi. Le Père Noël ne viendra pas. La mélancolie s’installe de suite et Pessimisten place sa voix plaintive / fataliste / résignée... Mais le pire vient avec l’insertion d’une communication téléphonique réelle entre un enfant et les secours. Son frère vient de se prendre une balle, apparemment de lui-même. La détresse du petit est terrifiante, impossible à retranscrire à l’écrit... Clic, ta vie a changé, aimes-tu ce sale goût dans la bouche ? Et la mélodie revient, pour au final laisser la place à une chorale d’enfants : « Douce Nuit, Sainte Nuit... ». Ce titre me transperce et me hante, je ne sais même plus si je dois remercier SAPAUDIA ou le haïr pour cette submersion d'émotions...
Les deux titres suivants ont des noms français : « Enivrante petite colombe » est très nostalgique. On y découvre pour la première fois le chant en français. Petit désavantage : il est moins poignant que les deux monstres qui viennent de passer. Petit avantage : ils sont employés avec justesse, pas en avant, mais bien fondus dans la musique. « Nuit de neige » se trouvait déjà sur la K7 citée plus haut. Le chant ressemble plus cette fois-ci à du PESTE NOIRE, crachouillant des textes d’une poésie remarquable. Le thème cette fois-ci est la nature, et la déclaration est belle ! La musique est toujours aussi propice au repli sur soi. Elle navigue entre accélérations et déprimes soudaines. Les changements de rythme sont nombreux et empêchent toute lassitude.
Une outro de 6 minutes vient finalement nous caresser les oreilles, nous faisant redescendre lentement de ce périple éprouvant. La haine n’est pas nécessairement l’arme la plus douloureuse et SAPAUDIA le prouve. Ce genre d’album est providentiel et ce n'est surtout pas une pale copie de ses influences. Le label ne s'y est pas trompé d'ailleurs et il s'agit de Obscure Abhorrence Productions, celui qui s'occupait de WOODS OF INFINITY bien entendu... Certains seront évidemment hermétiques à ce talent. Je les plaindrais presque de ne pas être touchés par cette nouvelle étoile dans le ciel de France !
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