Mare - Spheres Like Death / Throne Of The Thirteenth Witch
Chronique
Mare Spheres Like Death / Throne Of The Thirteenth Witch (Compil.)
Originaire de Norvège, Mare fait partie de ces groupes issus de la prolifique scène de Trondheim mise à l’honneur ces derniers mois grâce à la toute dernière édition du Nidrosian Black Mass festival tenue début décembre à Bruxelles. Formé en 2003, on y retrouve quelques têtes connues à commencer par Luctus (Behexen, One Tail, One Head, Dark Sonority...) et HBM Azazil (aka Kvitrim) (Black Majesty, Dark Sonority, Vemod...). Ils sont accompagnés par ⷚ (Aptorian Demon, Black Majesty, One Tail, One Head...) et Nosophoros (Black Majesty, ex-Saligia...). Bref, encore une histoire de famille construite autour du label Terratur Possessions.
Car après trois démos autoproduites et un EP sorti chez Nordkult Rituals (Kaosritual, Selvhat, The True Werwolf, Vemod...), le groupe signe en 2010 sur le label d’Ole A. Svendsen Aune pour la sortie de Spheres Like Death. Trois ans plus tard, les bras vraisemblablement toujours vide, le groupe propose une compilation intitulée Spheres Like Death / Throne Of The Thirteenth Witch réunissant, comme son nom l’indique, les deux derniers EP de Mare.
En dehors d’un nouvel artwork basé sur une photographie prise lors d’une prestation live de Mare, le groupe offre ici une version remasterisée de ces deux EP. Ne connaissant pas les versions originales, j’imagine que ce travail a permis de redonner un peu de tonus et de vigueur à des titres marqués par une production probablement (trop) obscure.
Proposant de revenir sur ces deux enregistrements de manière antéchronologique, on retrouve ainsi en premier lieux les quatre titres du EP Spheres Like Death suivi logiquement par les trois de Throne Of The Thirteenth Witch. Un total de sept titres dont trois ("Spheres Like Death, "Offerlam" et "Lunar Dance") font davantage office d’interludes (relativement longs pour les deux premiers) tant leurs caractères cérémonials, peu rythmés et finalement assez répétitifs se détachent du schéma de composition dont fait preuve Mare sur ses quatre autres morceaux. De fait, cette atmosphère de messe noire, déjà largement suggérée à travers l’artwork sobre mais évocateur de cette compilation, n’en est qu’amplifiée par ces trois titres hypnotiques et ritualistes où la voix religieuse de HBM Azazil (aka Kvitrim) n’a jamais été aussi à propos. Bon, pour être tout à fait honnête, je reste convaincu que ce genre de titres auraient mérités d’être raccourcis tant je suis rarement transporté par ce genre d’interludes lorsqu’ils dépassent plus de deux minutes et viennent ainsi trancher avec un certain degré d’efficacité. D’autant plus que cette atmosphère bien particulière évoquée un peu plus haut se ressent déjà très largement à l’écoute des quatre autres morceaux.
Et si je ne l’ai pas encore précisé, j’imagine que vous l’avez probablement déjà deviné. Mare propose en effet un Black Metal ancré dans une certaine tradition héritée de la scène dont il est originaire, celle de Trondheim. Un Black Metal ambiancé et dépouillé fait de séquences relativement rapides et de passages soient plus mélodiques et lumineux soient plus modérés et entêtants. Rien de bien nouveau, notamment pour ceux qui suivent de près les sorties du label Terratur Possessions et plus généralement ce qui se fait dans cette petite ville de Norvège. Malgré tout, les compositions de Mare valent la peine que l’on s’y intéresse à commencer par les plus récentes que je trouve plus abouties et intéressantes. Il y a d’abord le riff complètement fou et hypnotique de "Nidrosian Moon Sabbat" appuyé par ces nappes de clavier simples mais envoutantes, cette construction tout en nuances alternant ainsi séquences rapides et passages plus calmes et enfin ce break incantatoire à 04:01 amenant à ce riff en trémolo servant de conclusion. "Nachtmahrwalzer - Invocation Of The Succubus" vient jouer quant à lui sur une atmosphère complètement hallucinée, notamment grâce à la voix posée et aérienne de HBM Azazil (aka Kvitrim), rappelant au passage ce que l’on peut retrouver cher les Chiliens d’Hetroertzen. Mare nous offre ainsi, malgré quelques accélérations discrètes, un titre plus en retenu mais néanmoins tout aussi remarquable par ce qu’il dégage (ces riffs, cette voix, l’usage discret mais efficace de ce clavier...). Une ambiance froide, humide et sous-terraine dénuée de toute lumière.
Les deux titres du EP Throne Of The Thirteenth Witch attestent déjà d’un mode de composition identique sans pour autant parvenir tout à fait au même niveau de qualité. En dehors de la production plus rudimentaire qui, personnellement, ne me gêne pas ce sont surtout les riffs qui n’arrivent pas autant à convaincre. Celui de "Black Magick Funeral" demeure par exemple extrêmement simple et répétitif. Il est d’ailleurs sublimé par ces nappes synthétiques encore une fois très simples elles-aussi mais néanmoins immersives. La deuxième moitié du titre, à partir de 04:12, voit les choses s’accélérer et ainsi se développer sur un thème moins aliénant et plus rythmé venant rompre avec le côté funéraire de cette première moitié. "Throne Of The Thirteenth Witch" se montre plus intéressant grâce à une construction plus personnelle et proche de ce que propose aujourd’hui Mare. L’atmosphère développée reste identique, notamment grâce à ce clavier aux sonorités morbides et fantomatiques, mais ce sont ces successions de passages rapides à base de blasts et de séquences plus mesurées ainsi que cette voix toujours aussi perchée qui viennent garder l’auditeur en éveil. Et si les riffs sont bons, ils n’ont pas encore tout à fait la saveur d’un "Nidrosian Moon Sabbat".
Mare n’ayant rien sorti de neuf depuis cette compilation en 2013, celle-ci constitue donc le meilleur moyen d’appréhender le Black Metal ritualiste, halluciné et en même temps dépouillé de la formation norvégienne. Si la qualité est bel et bien au rendez-vous, je regretterai simplement la durée trop conséquente de ces quelques titres faisant office d’interludes. Pas qu’ils soient déplaisant mais je trouve qu’ils viennent malheureusement casser un peu le rythme de l’ensemble sans pour autant apporter davantage à cette atmosphère déjà bien établie. Quoi qu’il en soit, après leur excellente prestation durant la dernière édition du Nidrosian Black Mass Festival, j’ai hâte d’écouter la suite. A suivre donc.
| AxGxB 28 Décembre 2015 - 1238 lectures |
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