Mare - Ebony Tower
Chronique
Mare Ebony Tower
S’il y a bien une scène black metal traditionnel qui retient l’attention de votre serviteur depuis un moment déjà, c’est bien le très occulte temple du Nidrosian Black Sorcerous Art. Trondheim est le sanctuaire d’une entité protéiforme bien particulière du black metal norvégien, dont les multiples têtes s’appellent Darvaza, One Tail one Head, Dark Sonority, Black Majesty, sans bien sûr oublier la plus infernale d’entre elles, Mare.
Depuis quinze ans que le groupe est actif, il s’était pour l’instant contenté de sortir des démos et EPs tous remarquables, mais sans jamais amener publiquement sur la table l’idée du full-length. Et c’était bien dommage, tant ce black metal mystique et occulte se faisait puissant, profond et spirituel. La situation semblait partie pour durer, jusqu’à l’annonce inattendue il y a quelques mois d’un album en bonne et due forme.
Cinq titres, trois quarts d’heure. Fidèle à ses habitudes, Mare incante des pistes longues et très ambiancées, assez peu axées sur la violence. Leur musique est en soi assez proche de celle de leurs confrères de Darvaza. Des riffs monolithiques en trémolo, des arpèges dissonants, un chant religieux, des cœurs et une ambiance ésotérique au possible à base de cloches, d’ajouts dark ambient et d’incantations. Des outils de composition très classiques pour du black metal, mais qui portent à chaque note la patte de cette scène de Trondheim. Cette atmosphère dévouée, profondément ritualiste, cette tension religieuse omniprésente … Tout ici évoque le sacré. On aurait presque envie de rapprocher Mare des groupes finlandais comme Behexen (la furie en moins) ou même Horna par moment. Les deux dernières minutes extraordinaires de « Flaming Black Zenith » auraient d’ailleurs presque pu se glisser sur un disque signé Shatraug.
Mare a sorti le grand jeu. Les cinq pistes offertes cumulent tous les éléments qui font leur talent et leur particularité pour cristalliser l’essence de ce Nidrosian Black Metal. Moins agressif et moins emphatique que celui de leurs compatriotes historiques de Bergen ou d’Oslo, le black metal de Mare serpente et sinue avec une superbe majesté. On a vraiment l’impression de se retrouver surplombé par cette tour d’ébène malveillante. C’est d’ailleurs la malveillance qui définit le mieux Mare, le sentiment constant d’être face à quelque chose qui nous dépasse complétement, venue d’ailleurs pour imposer le mal.
Comme tout groupe de black metal traditionnel qui se respecte, Mare use beaucoup de la répétition. « Blood Across the Firmament » en particulier n’hésite pas à répéter son riff moult et moult fois à partir de la moitié de la piste. Si la répétition est devenue un gimmick du black metal, force est d’admettre qu’ici, ça marche. L’effet hypnotique évidemment recherché n’a aucun mal à agir. La musique de Mare s'impose avec force, et on est vite parti faire un tour dans une obscure transe dont il est difficile d’émerger au fil des accords et des arpèges. L’album est absolument et évidemment à écouter seul dans le noir sans rien faire d’autre !
Une autre grande force de Mare est son talent pour ne pas lasser et apporter des variations bienvenues entre ses titres. « These Fountains of Darkness », qui avait déjà été mise en ligne il y a quelques temps, arrive parfaitement à remettre un élan occulte et ésotérique puissant après une piste très ritualiste et moins directe. Les mélodies en trémolo possédées s’inscrivent directement en tête et portent toute la piste avec une sombre énergie. Et puisqu’on parle de possession, il faut évoquer le chanteur. Ses apparitions ne sont somme toute pas si fréquentes que ça … Le chant est presque toujours incantatoire, comme des mélopées, qui viennent survoler les pistes pour leur donner une aura encore plus occulte, si la chose est possible. On n’aurait pas pu imaginer une autre prestation, tellement le style apporté colle à la musique.
A force de parcourir l’objet, votre serviteur en est arrivé à lire que l’album a été enregistré en 2015. Difficile de comprendre pourquoi le groupe a tant attendu avant de le sortir, mais enfin, maintenant que l’album est en main, on ne va pas râler … D’autant plus que l’ont tient là un chef d’œuvre, ni plus ni moins. Avec les dizaines de courants de black metal qui existent de nos jours, on en viendrait presque à oublier de quoi il est vraiment fait, le bougre. La réponse, c’est Mare qui l’a. Mare, avec ses accords sinistres, ses trémolos macabres, ses arpèges malsains et ses rituels de mort. On n’a pas besoin de tellement plus pour composer du black metal qui vient taper exactement là où il a fait mal la première fois. The Ebony Tower est un album auquel il serait difficile de reprocher quoi que ce soit. Du black metal noir, dévoué, authentique, qui fait froid dans le dos et se retourner dans les endroit sombre.
Ergotage terminé. Votre serviteur n’a pas fini de vous faire les louanges de cette scène de Trondheim, mais là tout de suite, il faut aller commander et écouter l’album. Incontournable de cette année sans aucun doute, et futur classique très probable en ce qui me concerne. The Ebony Tower devrait plaire à tout amateur de black metal, pourvu qu’il ne se soit pas trop éloigné de sa conception originelle.
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