Né des prémices de Sigtyr et de l’héritage Windir au côté de Cor Scorpii, Mistur prolonge légitimement la flamme de Valfar par la présence de son ancien lead guitariste prodige Stian "Strom" Bakketeig (arrivé sur
1184 de Windir). Une attente parfois insoutenable pour les adeptes de « Sogna Metal » après un prometteur premier album
Attende sorti en 2009, un Cor Scorpii toujours en phase d’enregistrement (huit ans déjà après
Monument) et un Vreid sombrant dans un vil black’n’roll amateur. Pour ce grand retour de Mistur au sein de Dark Essence Records, le socle de 2016 n’est malheureusement plus tout à fait le même puisque il perd un de ses principaux atouts, son frontman fondateur Odne remplacé par un dénommé Oliver Øien. Quant à la rythmique, un batteur permanent (Tomas Myklebust) fait désormais son arrivée. Direction Sogndal, enfin.
Inutile de vous faire languir plus longtemps, adorateurs ou simples amateurs de Windir, réjouissez-vous,
In Memoriam est un véritable retour aux sources et hommage à Terje Bakken. Vagues de mélodies épiques en tremolo et chant clair guerrier pour un viking/black aux infusions folk dorénavant moindres (paroles en anglais et instrumentation légèrement plus épurée). Strom ne faisant plus partie de Cor Scorpii, plus question de redite cette fois-ci, le gaillard peut enfin exposer son talent (complètement gâché dans Vreid) et ses leads majestueux dont quelques virées heavy fortes agréables (« The Sight »). Les onze minutes du ravageur (quel morceau) « Tears of Remembrance » comme vitrine parfaite de ses nouvelles prouesses. Merci. Outre ses innombrables mélodies (principale artère), Mistur aura pris son temps pour affiner ses compositions et le rendu final en atteste. Entre passages furieux et planants, des titres d’une durée moyenne de dix minutes pour vous plonger dans la mythologie nordique et la résistance viking face au joug chrétien. Carré et fluide au possible, finies les transitions bancales sorties du chapeau ou les « grosses » rallonges dispensables. Impressionnant de maîtrise.
Le claviériste (frangin de Strom) souvent fautif sur
Attende est à mon sens le gros atout de ce deuxième album. Des nappes évidemment à la limite du kitsch « homemade » (branchées sur Pentium II) mais nettement mieux dosées ici et accompagnant remarquablement bien les autres musiciens. L’introduction si délectable de « Matriarch's Lament » tout droit sortie de
Arntor (un des albums de chevet) ou le break de « The Sight » (aux faux airs d’un Summoning) sauront vous capter. Mais pas que, ses lignes vocales claires enchanteresses (le final de « Matriarch's Lament ») demeurent au premier plan, masquant même souvent les hurlements. Le résultat est saisissant. Tout cela dans un cadre dorénavant plus frontal à la production imposante quasi sans faute. Les nouvelles recrues y sont pour beaucoup. Que ce soient les hurlements puissants (et d’avantage dans les graves qu’Odne) d’Oliver ou le batteur au jeu soutenu et robuste (la mandale « Distant Peaks »). Trop direct peut-être ?
Car finalement tout ou presque sur le papier apparaît comme idyllique. Mais après plusieurs écoutes des plus enthousiasmantes et
Attende ressorti quelque chose semble manquer. Odne ? Très certainement. Ses cris déchirants manquent cruellement (rappelez-vous de « Armod » ou du hit
« Attende ») et auraient pu sur certains passages « bruts » décupler leurs efficience. Mistur perd en intensité émotionnelle, un aspect qui gagnait à être exploité sur l’album précédent. L’effet de surprise joue aussi, certains passages étant assez prévisibles et manquant d’aura ou de personnalité (« Downfall » ou un « Firstborn Son » plutôt quelconque par exemple). Le nombre de réels moments touchants ou d’expérimentations osées empêcheront
In Memoriam de surpasser son prédécesseur et de marquer plus profondément nos esprits.
Le titre de l’album ne pouvait être plus explicite, Mistur garde sa recette redoutable de viking/black mélodique enfantée par feu Valfar, les disciples seront ravis. Porté par un claviériste/chanteur impressionnant,
In Memoriam gomme les défauts de son aîné en proposant des compositions plus cohérentes et excellemment bien ficelées. Indubitablement imparables mais malheureusement moins marquantes que sur
Attende. Le départ de son frontman porte un gros coup à l’ambiance poignante, quant aux leads de Strom ils paraissent eux aussi moins frissonnants qu’à l’accoutumé. La galette n’en demeure pas moins très bonne et regorge de ces quelques moments fantastiques à la fibre nostalgique. Espérons ne pas attendre de nouveau sept ans pour savourer la suite… Mais avant cela, retour de Cor Scorpii dans quelques mois.
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