Hortlak - Hortlak

Et une bonne surprise de plus en 2016 ! Après les excellents inconnus de Skeleton Wolf, c’est au tour des obscurs Hortlak de nous mettre une petite raclée totalement inattendue avec ce premier opus autoproduit (lui aussi) et venu de la part d’ un jeune groupe (un an d’existence) une fois encore extrêmement prometteur. Car malgré ce peu d’expérience apparent (aucune autre activité musicale notée chez Metal Archives) le trio d’El Paso (pourquoi j’ai envie de taper ‘’old’’ à chaque fois ?) démontre ici une maitrise assez bluffante sur ces six titres d’un death metal extrêmement solide et piochant dans plusieurs scènes pour un résultat on ne peut plus convaincant.

Ce qui séduit en premier chez Hortlak c’est cette approche fondamentalement frontale. Même si le groupe s’accorde quelques accalmies (nous y reviendrons) la base reste un death metal aussi sévèrement burné qu’accrocheur et mené bille en tête par un frontman au growl absolument énorme. Cela faisait bien longtemps que je n’avais autant apprécié un vocaliste death, le growl caverneux et gras de Kyle dégage une puissance incroyable qui appuie d’emblée le côté brutal de la formation et fait une bonne partie du charme de cet album bien aidé en cela par une section rythmique à toute épreuve conduite par une boite à rythme extrêmement bien programmée (autre point commun avec Skeleton Wolf). Rien ne sera laissé de côté pour assouvir vos penchants extrêmes (à part des gravity blasts mais qui n’auraient pas été d’une grande utilité ici) : hammer blasts, tchouka tchouka, cavalcades effrénées sur fond de rasades de double pédale et gros ralentissements bien lourds. Ce dernier point est d’ailleurs l’une des facettes intéressantes d’un trio n’hésitant pas à ralentir franchement le tempo sur des séquences poisseuses, bien plombées et au rendu sacrément heavy lorsque vous y ajoutez ce growl on ne peut plus viril. Et même si le trio ne joue pas la carte de la brutalité à outrance force est de reconnaitre que ça envoie quand même le pâté par kilos et que le brutal death n’est parfois pas très loin. La liste des réjouissances se poursuit du côté de la six cordes avec un gratteux qui nous a concocté un riffing lui aussi bien épais mais varié alliant du gras qui tâche, du lourd qui assomme (le début excellent de « Lower Birth ») mais tout en gardant judicieusement un brin de mélodie parfois (« Seductive Knife » et surtout « Afet ») amenées notamment par des tremolos biens sentis épaississant une ambiance qui mériterait toutefois d’être encore plus étoffée. En effet nos Texans ont judicieusement compris que brutalité et mélodies n’étaient pas incompatibles, leur mariage donnant ici encore plus de densité et de profondeur à un death qui pourrait sinon s’avérer bien plus redondant. Point de bâillement à l’horizon ici (avouons qu’avec vingt-deux minutes au compteur on se situe un peu à cheval entre l’EP et le full length) Hortlak possédant ce savoir-faire qui lui permet de suffisamment varier les plaisirs entre assauts directs (« Carcharias », Seductive Knife »), passages plus alambiqués, rampants (« Vipers Of Faith » à 2’12, « Lower Birth » à 36’’, la fin mélodique de « Afet ») et une bonne dose de groove m’évoquant bien souvent les excellents Infestdead quand le reste lorgnera plutôt du côté de toute cette scène inspirée des grands Incantation.

Finalement, hormis une personnalité qui demande encore à s’affirmer, Hortlak réalise ici un quasi sans faute. Tout au plus pourra-t-on regretter la fin parfois un peu abrupte de certains titres (« Seductive Knife », « Lower Birth ») et l’on ne pourra qu’encourager les Américains à creuser encore cette ambiance qui pointe çà et là le bout de son nez sans suffisamment s’affirmer tout en conservant cette dualité mélodie/brutalité. Saluons enfin (à nouveau comme chez Skeleton Wolf) un son vraiment exemplaire pour une autoproduction, organique avec des guitares bien épaisses et une BAR dont on ne devinera l’existence que sur les cymbales en tendant bien l’oreille.

Pouvant se targuer de plaire aussi bien aux fans de brutal death qu’aux amateurs d’un death plus ambiancé, Hortlak signe donc ici un début en grande pompe qui me laisse plus qu’impatient pour la suite. A ne rater sous aucun prétexte !

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