Old Forest - Dagian

OLD FOREST, actif depuis 1998 s’était permis une pause de 7 ans entre 2000 et 2007. Et après s’être contenté de demos et EP, il avait enfin renforcé sa discographie en 2014 avec None More Black, présenté comme un album vieux de 14 ans mais jusqu’alors inédit. Si c’est bien le cas, cela signifie que le Dagian qui nous intéresse aujourd’hui est le véritable retour full-lenght après des années et des années. Ce troisième album, sorti d’abord en digital fin 2015, a été réédité dans la foulée sur CD par Avantgarde Music. Et cette fois-ci les Anglais ont décidé de se lancer dans un album avec un concept. Plus ou moins original puisqu’il s’agit de raconter une journée à travers quatre moments, et donc quatre pistes. C’est ce que LUNAR AURORA avait déjà proposé sur Zyklus mais la différence c’est qu’ici le lieu est une forêt anglo-saxonne encore préservée de la main de l’homme. Eh bien, il doit s’en passer des choses dans leurs forêts pour en faire 48 minutes !?

Les pistes s’appellent « Morwen », « Non », « Tweoneleoth » et « Neaht ». Elles font référence au matin, à la journée, à la soirée et à la nuit. Elles se veulent donc particulièrement narratives et descriptives, avec chacune des particularités liées à son moment. Ce qui est déjà un petit échec en soi car les ambiances ne sont pas suffisamment marquées. Si je n’avais pas eu connaissance du concept, je n’aurais peut-être pas remarquer qu’on nous parlait d’une journée, et encore moins d’une forêt... Bon, on avouera qu’il y a tout de même sur la première piste un petit quelque chose qui peut mettre la puce à l’oreille, surtout sur les premières minutes qui font penser à un éveil, avec musicalement de bons emprunts à NEGURA BUNGET. Mais en moins gigantesque. À côté de la nature magnifique et des décors à couper le souffle qu’imposent les Roumains, la forêt des Anglais semble être un minuscule jardin avec deux, trois plants de tomates gardés par des nains de jardins décolorés. Je suis un peu sévère à cause de la comparaison d’autant que ce « Morwen » est tout de même le meilleur titre de l’album. Il fait voyager et surtout parvient à garder l’attention sur 10 minutes grâce à une réelle progression. Les vocaux y sont aussi réussis, dans un style tragico-résolu qui rappelle une autre forêt anglaise, celle d’A FOREST OF STARS.

La suite a tendance à se dégrader. « Non » et ses 12 minutes ont un moment de gloire, mais qui se perd dans des longueurs lassantes dès la première écoute et qui se confirment aux suivantes. Le rythme y est lent, et l’on décèle une attirance pour le doom naturaliste. Cela aurait pu être efficace, finalement l’auditeur s’endort jusqu’à l’éclaircie de la 4ème minute. Un clavier vient agiter les feuilles, et fait frétiller les oreilles. La mélodie s’étale sur une minute, puis laisse revenir le calme trop ennuyeux. Son retour autour de la 8ème minute à l’identique est agréable, mais là encore c’est un effet qui ne marchera pas sur la longueur.

La passion de OLD FOREST pour le doom réapparaît plus clairement sur la prochaine piste. « Tweoneleoth » est trempé tout du long dans cette nuance, avec un riff que l’on garde en tête mais qu’on haïra au bout de trois écoutes. Simple, certes efficace, mais lourd. Pas dans le sens lourd « doom pachidermique », mais dans le sens « 10 minutes comme ça je tiens plus ». C’est un titre qui n’arrive absolument pas à créer des images, et qui agace. Son seul avantage est d’être tout de même moins chiant que les 15 minutes qui vont clore l’album. « Neaht » : une nuit. Eh bah la nuit dans leur nature, c’est la misère, c’est le vide absolu. Si c’est ce qu’ils voulaient transmettre, c’est réussi. Il ne se passe absolument rien, vous pouvez aller vous coucher. Cette piste est ambiant, mais dans le style ambiant inutile que même STRIBORG refuserait de mettre sur ses albums. Du vide, qui n’est là que pour servir le concept de l’album.

OLD FOREST ne m’a pas convaincu. Alors que la première piste est intéressante, le reste dégringole progressivement pour atteindre le niveau zéro.

DONNEZ VOTRE AVIS