3 ans... C'est le temps qu'il aura fallu à Peccatum pour accoucher de son troisième bébé qui porte le doux nom de "Lost In Reverie". Réduit à sa plus simple expression avec le départ de Lord PZ (un des membres fondateurs du combo norvégien), c'est en simple couple qu'Ihsahn et Ihriel se sont lancés dans l'élaboration de ce nouvel opus. Et que de changements par rapport à
"Amor Fati" à tel point que je ne sais par quel bout le prendre pour entamer cette chronique. Peccatum tourne ici une page de son histoire, délaissant la hargne d'antan, pour nous mener hors du temps, quelque part au milieu de nulle part.
Partie I : De la production et de l'objet
Pour m'aider un peu (car je me rends bien compte que je ne peux compter que sur moi dans ces moments là), je vais commencer par vous parler de la production de "Lost In Reverie". Je ne puis contenir ma joie quant au plaisir que procure un album à l'artwork aussi soigné que celui-ci, aussi profond, froid et triste que la sombre musique qui s'en échappe (j'y reviendrai plus en détail ensuite). Tout le travail graphique respire le bon goût et la simplicité (positive), chose qui tranche déjà radicalement avec leurs précédentes productions. Toujours enregistré maison (au fameux Symphonique Studio), jamais un album produit par Ihsahn n'a atteint cette pureté sonore, qui vous plonge instantanément dans l'album sans même que vous posiez de question. Tous les instruments sont parfaitement mixé, clairement audibles et magnifiquement enregistrés, qu'il s'agisse de la voix, des grattes (sèches et saturées), du piano, ... Par contre, certains passages de batterie ne font pas très naturels, mais on avait déjà bien l'habitude avec les albums du groupe.
Partie II : Du talent des musiciens
Si vous doutiez encore du talent technique du couple Ihsahn/Ihriel, "Lost In Reverie" mettra clairement les choses au point et je suis le premier à constater et à me réjouire de la progression technique des 2 principaux belligérant de cette histoire, notamment en ce qui concerne les voix. Après avoir moultement écouté et réécouté
"Strangling From Within" et
"Amor Fati", je n'aurai jamais cru qu'Ihsahn puisse avoir une voix aussi touchante et qu'Ihriel puisse chanter juste (je suis médisant ? bon, je le reconnais). Hé bien si, Ihriel arrive à chanter juste et sa voix se révèle vraiment plaisante et chargée d'émotions. C'est d'ailleurs elle que l'on retrouve sur la majeure partie de l'album, alors que c'était contrairement l'inverse auparavant. De même Ihsahn ne s'est jamais montré aussi audacieux quant à ses prestations vocales et le résultat est tout simplement parfait, forçant l'admiration devant tant de maîtrise et de feeling.
Partie III : Du talent de composition
Peccatum a épuré son style, c'est indéniable et il ne fait nul doute que cela sera une bouffé d'air pour beaucoup d'auditeurs précédemment frustrés par la complexité des anciens morceaux, et à fortiori des albums. Sans pour autant sombrer dans la facilité, le groupe a bien réduit la densité de ses compositions, tout en rallongeant leur durée qui ne descend pas en dessous des 6 minutes, mélangeant toujours aussi habilement parties douces et violentes. Par contre, ne croyez tout de même pas que vous allez pouvoir le gober en une giclée : un album de Peccatum ne s'apprécie qu'avec le temps et un bon nombre d'écoutes et ça, ça n'a pas changé et j'espère que ça ne changera pas.
Partie IV : De la musique
Globalement moins violent que ses prédécesseurs, le groupe a surtout insisté sur la profondeur émotionnelle des morceaux. En gros, on a le droit a beaucoup de chant clair, beaucoup de passages acoustiques, de piano (sûrement l'instrument n°1 de cet album), de parties très lentes voir lancinantes, toujours menées par les voix d'anges d'Ihriel et Ihsahn. Ce dernier est d'ailleurs impressionnant de puissance et de facilité, sur certains passages aussi poignants que les parties de chant clair de "In The Bodiless Heart", "Veils Of Blue" ou encore "Black Star". Le groupe n'en a pas pour autant oublié les passages violents (vraiment bien trouvés je dois dire) avec encore du hurlement impérial, de la grosse guitare bien grasse et du blast-beat en veux tu en voilà. Mais sachez que tout ceci est très anecdotique comparé aux précédents albums, l'ensemble se basant essentiellement sur une ambiance volontairement posée. La musique de Peccatum a rarement été aussi expérimentale en ce qui concerne les influences qui dépassent largement les limites du metal (jazz, rock, musique contemporaine et classique, ...), mais aussi en ce qui concerne les arrangements, aussi divers que variés, parfois même étranges (???). Le groupe a su toutefois les doser et simplifier à l'extrême certains passages pour en faire ressortir toute la beauté (comme les passages piano/chant de "The Banks Of This River Is Night").
Personnellement, je trouve que le groupe se perd parfois dans ses expérimentations, engendrant une perte d'intérêt de certains passages et c'est vraiment le seul défaut de ce magnifique album. Par exemple, l'intro très jazzy de "Veils Of Blue" sonne très moyen, m'évoquant même de la musique d'ascenseur (je sais, je suis dur) ou encore le morceau "Stillness" aussi ennuyeux que dénué d'intérêt. Dommage...
Tout d'abord un peu dérouté par cette nouvelle formule, je me suis finalement laissé bercer par ce somptueux voyage que nous offre les norvégiens. En tranchant fortement avec leur ancien style, Peccatum a su parfaitement renouveler sa musique en l'axant principalement sur les émotions dégagées et le résultat est on ne peut plus réussi. Ceux qui apprécient les expérimentations et le metal dans son côté le plus sombre et triste ne seront sûrement pas déçus. Rarement un album n'a été aussi précis, l'artwork et le titre de l'album reflétant parfaitement l'ambiance qui s'en dégage et l'état dans lequel vous serez en l'écoutant.
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