Unmerciful n'est pas le seul groupe estampillé Unique Leader à avoir fait son grand retour en 2016 après une absence de dix ans. Il y a aussi, et surtout, Internal Suffering. On se rappelle tous du monumental
Awakening Of The Rebel qui avait ravagé la scène brutal death à grands coups de gravity blasts supersoniques en 2006 et on se demandait si le combo allait un jour lui donné un successeur. C'est que les Colombiens d'origine, maintenant résidant en Espagne, ont splité entre 2007 et 2011. Et ce n'est finalement que l'été dernier qu'Internal Suffering a sorti son cinquième album,
Cyclonic Void Of Power. En voyant ce nom, cette pochette over-the-top aux couleurs kitsch improbables ainsi que les titres de morceaux mystico-galactiques à rallonge, on se dit qu'en dix ans, rien n'a vraiment changé. Côté line-up, pas beaucoup de changements non plus à part tout de même le guitariste Michel Tarazona en lieu et place de Makoto Mizoguchi qui avait déjà quitté le groupe avant même la sortie de
Awakening Of The Rebel (il y a eu d'autres guitaristes entre-temps). Bizarrement, c'est depuis l'enregistrement de
Cyclonic Void Of Power qu'Internal Suffering a le plus renouvelé ses membres avec l'arrivée de trois nouveaux, Wilson "Brigadier" Henao (Carnivore Diprosopus) à la batterie en remplacement du batteur historique Fabio Ramirez ainsi que Diego Alonso (Vermis Antecessor) et Alexander Del Rey (ex-Krypticy) aux guitares, Michel Tarazona ayant lui aussi quitté la formation avant la sortie du nouveau disque. Ne restent donc que le chanteur Fabio Marin et le bassiste Andrés Garcia de la bonne vieille époque à Pereira.
Mais évidemment, ce qui nous intéresse le plus c'est de savoir s'il y a du nouveau niveau musique. Eh bien là non plus, pas vraiment. Les dix ans qui séparent ce
Cyclonic Void Of Power de
Awakening Of The Rebel ne se font pas sentir. C'est comme si Internal Suffering ne s'était jamais séparé. Vous voyez la pochette? Elle n'aurait pas pu mieux illustrer le contenu. Un ouragan de brutalité cataclysmique qui dévaste tout sur son passage. On retrouve donc ce brutal death aussi radical que chaotique que nous balancent à la tronche les Hispano-Colombiens depuis le fameux
Choronzonic Force Domination qui marquait une rupture avec le début de carrière plus lourdaud du combo formé il y a vingt ans. Une version sud-américaine de Hate Eternal, en somme. Comprendre sous cocaïne et pas toujours carrée. Du blast-beat mitraillette éreintant typique de la scène brutal death sud-américaine, du semi-blast nerveux, du gravity-blast foudroyant (beaucoup moins que sur le précédent toutefois), du riffing rapide, tarabiscoté et bouillonnant en tremolo et le growl monstrueux de Fabio Marin par-dessus, encore plus puissant quand différentes couches se superposent. Voilà en gros ce qui vous attend sur ce nouveau Internal Suffering qui, comme d'habitude, ne fait pas dans la dentelle. Un programme des plus barbares qui vous laissera K.O à coup sûr. Alors préparez-vous à souffrir, ça bourre de partout sans presque jamais s'arrêter, levant juste un peu le pied sur quelques séquences moins frénétiques et plus groovy comme ces mid-tempos à 1'43 sur "Unleash The Antarctic Colossus" et 1'40 sur "Cyclonic Void Of Power", la fin de "Omnipotent Triumvirate" avant de reprendre le bourrinage intensif, les légères saccades sur "Vanished From Cosmos" à 2'20, "Abominable Highlands" vers 2' et" Protectors Of the Slumber Empire" à 1'32, le début de "Dimension Of The Wicked" ou encore "Upon Mystical Gateways" à 1'47, presque "tranquille". Quasiment tous les morceaux y ont le droit mais ça ne dure jamais longtemps. Écoutez un titre comme l'ultra brutal "Monumental Crusade", vous aurez l'impression de vous être fait rouler dessus par des ondes gravitationnelles. Encore heureux que le morceau ne dure que trois minutes et l'album quarante-et-une! Quoiqu'on peut noter un allongement de quasiment une minute de la durée moyenne des morceaux par rapport à l'opus précédent.
Ce n'est en fait pas la seule différence avec
Awakening Of The Rebel. Si le style d'Internal Suffering reste inchangé, c'est bien au niveau de la qualité que ce n'est plus pareil. Vous avez sans doute déjà remarqué la note à droite et avez dû comprendre que j'ai été quelque peu déçu par ce
Cyclonic Void Of Power. Même si ça bourre à tout va et qu'il y a un côté jouissif à un tel déferlement, l'ensemble a moins d'impact que
Awakening Of The Rebel à l'écoute duquel on restait bouchée bée. Se serait-on à tel point habitué à l'extrémisme musical que l'on en deviendrait blasé? Je pense surtout que
Cyclonic Void Of Power est tout simplement moins bon et jusqu'au-boutiste (beaucoup moins de gravity-blasts alors qu'il y en avait dans tous les coins) que
Awakening Of The Rebel. Les riffs se font moins inspirés (ne parlons pas du seul solo, risible, de la galette sur "Dimension Of The Wicked", même si cela a toujours été le cas), la batterie a un son naturel mais en bois et finalement pas si puissant que ça (on n'est pas loin du Tefal sur la caisse claire!), il y a trop d'harmoniques sifflées, les morceaux se ressemblent beaucoup, on ne retient pas grand chose et le tout sonne assez répétitif. Bref, j'ai trouvé qu'Internal Suffering tapait souvent dans le vide ici alors que les musiciens maîtrisent pourtant plus leurs instruments que sur leur précédente réalisation parfois un peu trop ambitieuse pour eux. Il finit même par en devenir fatiguant. D'où ma déception alors qu'
Awakening Of The Rebel reste parmi les albums de brutes qui m'ont le plus impressionné. La formation n'est pas redescendu non plus au niveau de ses débuts (de
Supreme Knowledge Domain à
Chaotic Matrix) que je n'apprécie que très moyennement mais
Cyclonic Void Of Power se place néanmoins à la dernière place des trois disques de sa deuxième partie de carrière, depuis qu'il s'est transformé en Hate Eternal sud-américain. En termes de style et d'escalade dans la furie par contre, j'aurais plus vu ce nouvel album sortir entre
Choronzonic Force Domination et
Awakening Of The Rebel. Replaçons toutefois l'opus dans son contexte général, celui-ci n'est pas du tout mauvais par rapport à ce qui se fait actuellement, restant au-dessus de bien des sorties anecdotiques dans un genre brutal death où la grande majorité des productions n'a aucun intérêt. Internal Suffering en a encore. Mais moins que d'habitude.
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